Brahim Merad installe le nouveau wali d'Adrar    Raccordement de plus de 66.000 exploitations agricoles et 41 zones industrielles au réseau électrique    Ghaza: Borrell se dit "frustré" par la poursuite de l'agression sioniste    27e édition du SILA: plus de 4 millions de visiteurs    Saihi participe au 7e Sommet mondial de l'innovation pour les soins de santé    Ghaza: l'agression sioniste a fait 85 martyrs parmi les membres de la Défense civile depuis le 7 octobre 20    APN: Dahleb présente le nouveau projet de loi relatif à la gestion des déchets    Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU va voter sur un appel à un cessez-le-feu    Le point de départ d'une nouvelle étape    Une opportunité de plaider pour les différentes questions concernant l'Afrique    Ouverture à Alger du Salon « CT Job Fair 2024» de Huawei    Des milliers de personnes manifestent à Madrid pour réclamer l'autodétermination du peuple sahraoui    Le Koweït exige que l'entité sioniste se conforme aux recommandations de la commission d'enquête chargée de la Palestine    L'attaque contre l'Iran n'aura pas lieu    Mike Tyson, 58 ans, battu sur décision des juges par le YouTuber Jake Paul    LG Electronics présente une nouvelle dimension du divertissement à domicile avec son téléviseur OLED Smart TV CS3 de 65 pouces.    Une centaine de ruelles en cours de réfection    « El Aoula » mise à l'honneur à la manifestation « La table aux couleurs de l'automne »    Mise en échec d'une tentative d'émigration clandestine et arrestation de 6 personnes    L'Algérie participe à la 4e Consultation préparatoire à la 7e session de l'Assemblée de l'ONU pour l'environnement    Générale de la pièce théâtrale sur l'épopée du Grand Erg Occidental    Le militant anticolonialiste, Nils Andersson anime une conférence Le front éditorial, une « tribune » pour dénoncer les tortures coloniales en Algérie    Vous voulez avoir le prix Goncourt ? Tapez sur l'islam et l'Algérie !    L'USB piégée à domicile, l'USMA rejoint le MCA en tête    Hamza Doghdogh réélu à la tête de la FALA    Foot/ CAN-2025 (Qualifications/ Gr.E - 6e et dernière journée) : l'Algérie domine le Libéria (5-1)    Ouargla/plan ORSEC : exercice simulant des interventions en cas d'inondations    Judo: le Collège Technique national les 22-23 novembre à Oran    Sommet de la jeunesse africaine en Ethiopie: Hidaoui passe en revue l'expérience de l'Algérie en matière de prise en charge de la jeunesse    APN: séance plénière lundi consacrée à la présentation et au débat du texte relatif à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets    Match Algérie/Liberia : Tizi-Ouzou se pare des couleurs nationales pour un rendez-vous historique    Merad préside la cérémonie l'installation du nouveau wali d'Aïn Témouchent    Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire installe le nouveau wali    Le rôle de l'association des Ouléma dans la préservation de l'identité nationale durant la période coloniale mis en avant à Djanet    70e anniversaire du déclenchement de la Révolution : un parcours révolutionnaire jalonné d'étapes phares    CAN-2025 Algérie-Libéria : les "Verts" décidés à conclure en beauté    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS : L'Afrique ou la malédiction des richesses naturelles et humaines
Publié dans Le Financier le 02 - 01 - 2010

Les économies africaines demeurent encore dépendantes de leurs exportations de matières premières car : «pour l'instant, il n'y a pas de changement de la structure des exportations africaines», selon Philippe Hugon, économiste et directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).
L'Afrique reste essentiellement exportatrice de ma-tières premières du sous-sol, de produits miniers, hydrocarbures et de produits du sol. Donc, on peut considérer que l'on est dans des relations post-coloniales, qui conduisent à une mauvaise spécialisation internationale. C'est tout à fait exact. Ceci étant, le commerce avec la Chine a quand même décuplé depuis le début du XXIème siècle; il atteint aujourd'hui environ cent milliards de dollars. Il y a énormément de projets d'investissement, notamment d'infrastructures».
Aujourd'hui, l'économiste français relève qu' «on voit bien que l'Afrique est très diversifiée, avec ses partenaires asiatiques, avec les pays émergents, avec les pays pétroliers du monde arabe ou de l'Iran, avec ses liens avec le Brésil et donc, on a quand même une très grande différence par rapport au moment des indépendances».
Cette «diversification des partenaires a des inconvénients mais en même temps, donne plus de marge de manœuvre aux Etats. Et l'on peut dire qu'il faut voir ça dans le long terme. Ce qu'il faut voir, c'est si ces relations se diversifient et s'intensifient, il n'y aura pas quand même une remontée en gammes de produits, d'investissements notamment chinois, ou indiens, ou brésiliens, ou de pays du Golfe, qui vont conduire à ce que l'Afrique se spécialise dans des produits à plus haute valeur ajoutée. C'est vrai que pour l'instant, on reste encore dans une spécialisation où l'Afrique exporte des produits primaires, dont les prix sont très instables et dont la valeur ajoutée est faible. Elles importe des produits manufacturés ou des projets de BTP», a-t-il noté.
Selon lui, même avec cette diversification de partenaires, «le décollement espéré des économies africaines n'a pas eu lieu», mais demeure optimiste mais réaliste pour les pays africains qu'il désigne de «mauvais élèves de la classe internationale».
Néanmoins, des exceptions comme le Botswana, qui «a relativement bien géré sa rente de diamants» ou encore l'Ile Maurice, qui «a très bien géré sa rente sucrière», sont à relever pour Hugon, car «la question effectivement, c'est que ces ressources naturelles minières ou pétrolières ne conduisent pas à ce qu'on appelle une malédiction des ressources naturelles, c'est-à-dire, ne favorisent pas simplement des régimes rentiers et que, par contre, ils rapportent des devises, apportent des recettes publiques, qui puissent financer le développement, c'est-à-dire à la fois, l'éducation, la santé, les projets de PME, les projets industriels. Un des enjeux majeurs par exemple, serait que le budget des Etats soit déconnecté des recettes des ressources primaires pour qu'elles ne subissent pas les effets des instabilités de ces ressources naturelles. L'autre enjeu, c'est la transparence. Il y a plein d'enjeux derrière les ressources naturelles».
Il reconnait qu' «il n'y a pas eu suffisamment de croissance économique importante et que le revenu par tête est à peu près le même qu'il était en moyenne lors des indépendances. On sait les maux dont souffre l'Afrique en termes de malnutrition, de conflits, etc… Donc, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'éléments qui conduisent à être pessimiste et à considérer que l'Afrique n'a pas su connaître un démarrage économique. Mais en même temps, il y a énormément d'éléments qui font que l'Afrique aujourd'hui n'a pratiquement rien à voir ou très peu avoir, avec ce qu'elle était au moment des indépendances». Hugon explique les changements en Afrique par «d'une part, évidemment, il y a l'aspect démographique, le fait que les populations étaient majoritairement rurales, alors qu'elles sont maintenant presqu'à moitié urbanisées. Le fait qu'au moment des indépendances, il y avait très peu de scolarisation et encore moins de formations universitaires, et qu'aujourd'hui, l'Afrique produit des élites, qui, hélas parfois, effectivement, quittent le continent. Mais elle a un niveau de scolarisation sans comparaison».
Pour lui, «en Afrique, maintenant, les pays ont quand même leur souveraineté. Ils participent à la construction de l'architecture internationale, ils font parfois entendre leurs voix. Et puis, l'Afrique s'est mondialisée. Au moment des indépendances, par définition, les pays africains étaient encore très dépendants de leurs ex-métropoles et la décolonisation s'est traduite par une mondialisation, c'est-à-dire par une diversification des partenaires. Alors, d'une part, une européanisation évidemment des relations puisque l'Europe a pris en partie le relais des anciennes puissances coloniales».
L'aide chinoise est-elle une menace?
Pour cet expert de l'Iris au sujet des pays africains qui se tournent vers l'aide chinoise plus immédiate : il dira que «le risque existe tout à fait, notamment pour les bailleurs de fonds occidentaux. Cependant, je crois qu'il faut voir d'une part, qu'on peut fortement améliorer la vitesse de déblocage des fonds, notamment de l'Union européenne. D'autre part, il faut aussi être très vigilant sur la nature de l'aide des pays émergents, notamment de la Chine, parce que c'est une aide qui, actuellement, se fait essentiellement sous forme d'accord de troc. Il n'y a pas de conditionnalités, sauf une reconnaissance de Taïwan. Un des grands risques de l'aide chinoise est qu'elle finance des projets d'infrastructures, moyennant accès aux ressources minières ou aux ressources pétrolières, mais que par contre, elles n'assurent pas l'entretien (ce qu'on appelle les charges récurrentes de ces infrastructures), les pays africains se retrouvent fortement endettés. Souvent, ce sont des prêts à taux zéro mais il y aura quand même le capital à rembourser».
«L'aide a été souvent mal utilisée», affirme-t-il car «d'abord, toute une partie de l'aide n'est pas rentrée directement dans les pays, parce qu'il y a, disons, un mode de calcul de l'aide qui fait que l'aide, ce n'est pas uniquement ce qui rentre financièrement dans les pays. Et d'autre part, c'est vrai que l'aide a eu souvent des effets pervers. Elle a plutôt souvent financé des projets à forte intensité «capitalistique», des projets comme des hôpitaux modernes alors que le pays n'a pas de réseau d'électricité ou n'a pas le personnel pour entretenir ces hôpitaux, etc» en soulignant qu' «il y a du gaspillage». Il est «partisan de l'aide avec évidemment des conditionnalités en termes de résultats. Je pense que les bailleurs de fonds, qu'ils soient bilatéraux ou multilatéraux, doivent apporter des fonds dont les pays à très forte croissance démographique ont besoin, pour l'éducation, la santé et dans différents domaines très importants, mais il faut évidemment que ces aides soient accompagnées de conditionnalité de résultats». Toutefois, estime-t-il, «ce n'est pas aux bailleurs de fonds de dire quelles doivent être les bonnes politiques économiques mais par contre, s'ils apportent des fonds sous forme de prêts ou de dons, ils peuvent savoir à quoi ont servi effectivement - lorsque ces fonds sont allés dans des budget - quels sont les résultats en terme d'éducation, de santé ou d'objectifs qui sont définis, comme les objectifs du millénaire du développement. Derrière la critique de l'aide, il faut être très, très lucide. C'est vrai que l'aide a souvent eu des effets très pervers mais l'Afrique a encore besoin d'aide actuellement».
Il a soutenu que «le gros problème, c'est que l'Afrique n'a pas les garanties pour accéder aux conditions de marché pour les flux financiers».
L'élite africaine, un gisement inexploité
Philippe Hugon présage un avenir prometteur pour l'Afrique -car elle «dispose d'un capital humain important -mais on va avoir une population, qui de 1 milliard actuellement, va passer à 2 milliards en 2050. Cette projection change très fortement la donne». De plus, elle «est une réserve absolument stratégique de diversification des ressources naturelles, notamment minières et pétrolières et donc, de ce point de vue là, elle a des atouts très importants. L'Afrique a également un capital, ce que l'on appelle un capital naturel, en termes forestier, en termes de biodiversité, qui peut être tout à fait valorisé», a-t-il assuré.
Par ailleurs, «le continent est maintenant connecté à des réseaux internationaux de téléphone, d'internet, et donc, si ces élites sont véritablement présentes - si elles ne s'expatrient pas pour mettre leurs compétences au profit d'autres pays - si on a des régimes qui sont suffisamment bien gérés et qui permettent d'utiliser au mieux les compétences, je crois qu'il n'y a pas de doute à se faire sur l'avenir de l'Afrique, dans les vingt ans ou trente ans qui viennent. Mais ça suppose un certain nombre de conditions, dont on n'est pas sûr qu'elles se réalisent», a indiqué M. Hugon en tant que spécialiste de l'Afrique.
Pour cet économiste, la scolarisation en quantité et en qualité surtout ainsi que les soins demeurent un frein au développement de certaines économies africaines en dépit des efforts enregistrés entre 2007 et 2008. «Ce sont des priorités absolues. Mais ces priorités supposent des financements qui sont des financements publics», a-t-il précisé.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.