Crise oblige… Un discours de vérité est dit au peuple sur la santé du pays. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal vient de joindre par les chiffres, les arguments et les prévisions déjà avancés par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya à savoir que les réserves de change ont baissé à 97 milliards de dollars à la fin de l'année 2017 alors qu'elle étaient à 114 milliards de dollars en 2016. Ces développement sont intervenus dans un contexte marqué par la fragilité de l'activité mondiale, caractérisée par la faiblesse de la reprise économique, la poursuite du ralentissement de la croissance du commerce extérieur, la chute des prix des matières premières, particulièrement drastique des cours pétroliers et le caractère aigu des mouvements sur les marchés mondiaux des changes, avec principalement, une envolée des cours du dollar américain par rapport à l'euro ; Compte tenu de sa forte dépendance aux recettes issues des exportations des hydrocarbures, l'économie nationale a durement subi l'impact de la chute des prix du pétrole à partir de juin 2014, notamment sur les finances publiques, les compotes extérieures et la liquidité bancaire. Cet impact a été défavorable et a creusé sur son passage des déficits budgétaires et du compte courant, entraînant l'érosion, quasi-totale, des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) et une baisse sensible des réserves de change Cependant, l'activité économique a gardé son rythme soutenu, principalement, par le maintien d'un niveau de dépenses publiques élevé. Bien que l'expansion monétaire ait été très modérée et que la politique monétaire soit restée prudente, l'inflation a repris un trend haussier, indiquant la persistance de dysfonctionnements et distorsions sur certains marchés. La Banque d'Algérie dans son rapport de synthèse sur les développements monétaires et financiers en 2015 et les tendances de l'exercice 2016 en contexte de persistance du choc externe, souligne que dans la sphère monétaire, le choc pétrolier a marqué un tournant dans l'évolution de certains agrégats par rapport à la longue période 2001-2014 caractérisée par l'amenuisement progressif de l'excès de liquidité bancaire et, corrélativement, un recours moindre à son absorption par la Banque d'Algérie . Le financement de l'économie, pour sa part, a continué son expansion à un rythme appréciable, l'activité bancaire est demeurée rentable et le système bancaire est resté stable, solide et résilient. Dans le même registre, la flexibilité du taux de change du dinar, en contexte de choc externe, et de son impact sur les fondamentaux de l'économie et les mouvements aigus sur les marchés internationaux de change, s'est traduite par la dépréciation de la monnaie nationale, notamment vis-à-vis du dollar US et, dans une moindre mesure, vis-à-vis de l'euro. Avec la décision volontariste prise par le Président Abdelaziz Bouteflika en 2006 de rembourser par anticipation la dette extérieure du pays, l'Algérie est aujourd'hui capable de remonter la pente et de ne plus avoir recours à l'endettement extérieur. Mais l'économie nationale reste bridée par des handicaps majeurs qu'il faudra remonter surtout en matière de diversification. L'application de la loi de finances 2018 vient de commencer et avec la baisse des réserves de change, les indicateurs financiers sont au rouge, la vie économique est en veilleuse. Le discours officiel doit de fait finir par prendre chair pour espérer changer la donne avec de nouvelles priorités répondant à la présente conjoncture difficile, des chantiers qui emballent, de grande réformes annonciatrices de "corpulence" économique et sociale surtout que certains secteurs connaissent jusqu'ici une chétive progression. Dans ce cadre, le gouvernement devra s'obliger à augmenter les ressources internes pour diminuer la dépendance de l'économie nationale des hydrocarbures. Mais tout ceci implique des mesures concrètes pour créer un climat incitatif à l'investissement et au bout du compte à la croissance. Cela exige un surcroît d'efforts, davantage de rigueur et de rationalité dans la gestion des ressources publiques, un suivi étroit des réformes et des projets porteurs, une communication efficace à l'endroit de l'opinion nationale, ainsi qu'une complémentarité exemplaire entre tous les membres du gouvernement.