Selon la directrice de recherche auprès du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Nachida Kasbadji Marzouk, l'Algérie est appelée à dépasser la phase expérimentale et s'engager véritablement dans le développement des énergies nouvelles et renouvelables (EnR), tout en impliquant les secteurs de l'industrie, des transports et de l'habitat dans la promotion de ces énergies vertes. Mme Kasbadji Marzouk, qui intervenait lors d'une conférence sur la situation actuelle du marché national et les perspectives d'évolution des énergies renouvelables en Algérie, organisée dans le cadre du Salon de l'électricité et des énergies renouvelables, a indiqué que l'Algérie accuse un énorme retard dans le domaine des EnR, et ce, en dépit du lancement d'un programme dédié à leur développement. L'Algérie est classée aujourd'hui à la 18ème place à l'échelle africaine en matière de capacités installées, a fait savoir la même responsable. Selon la conférencière, le pays a mis en place une panoplie de lois et textes réglementaires devant régir ce secteur, sans pour autant arriver à avancer dans ce domaine. Ainsi, pour rattraper le retard accusé, l'Algérie est appelée à dépasser la phase expérimentale et s'engager véritablement dans le développement des EnR , a-t-elle recommandé. Il est également question, selon elle, d'impliquer les secteurs de l'industrie, des transports et de l'habitat dans la promotion de ces énergies vertes, et ce, en lançant des investissements devant tenir compte de cet aspect. De l'avis de Mme Kasbadji Marzouk, les banques devraient pour leur part encourager l'investissement dans ce domaine, en accordant des prêts et des avantages particuliers. Pour booster le développement des EnR et mettre sur pied une véritable industrie nationale en la matière, il est aussi recommandé d'encourager la création de petites et moyennes entreprises devant accompagner les investissements consistants lancés dans ce domaine. Il faut dès maintenant penser à la maintenance des installations réalisées, d'où l'impératif d'encourager la sous-traitance dans ce domaine, a- t-elle souligné. Pour cette responsable, le respect des échéanciers fixés, au titre des programmes lancés et l'instauration d'une stabilité institutionnelle sont également de mise. Abordant le programme relatif à la promotion de l'efficacité énergétique, Mme Kasbadji Marzouk a tenu à souligner qu'il avance très lentement par rapport à celui dédié au développement des EnR. De ce fait, l'Etat, selon elle, devrait mettre en place des mesures devant obliger les citoyens à installer, à titre d'exemple, un chauffe- eau solaire dans chaque nouvelle construction. Il faut sensibiliser la population à réduire la consommation d'énergie à travers l'introduction des énergies renouvelables dans leur vie quotidienne , a-t-elle, à ce titre, suggéré. Cette responsable, lors de son intervention, a tenu à rappeler que l'Etat a adopté en mai 2015, le Programme national de développement des énergies renouvelables et celui de la promotion de l'efficacité énergétique. Le programme de la promotion de l'efficacité énergétique consiste, principalement, en l'amélioration de l'isolation thermique des bâtiments, le développement du chauffe-eau solaire, la généralisation de l'utilisation des lampes à basse consommation, la substitution de la totalité du parc de lampes à mercure par des lampes à sodium, la promotion du GPL/c et du GN/c, la promotion de la cogénération, la réalisation de projets de climatisation au solaire et le dessalement des eaux saumâtres. Les pouvoirs publics se sont fixés comme objectif de réaliser un gain financier de 42 milliards de dollars à l`horizon 2030 à travers la réduction de 9% de la consommation d`énergie à la faveur de la mise en œuvre d'un programme national de développement de l`efficacité énergétique. La mise en œuvre de ce programme devrait conduire notamment à l`isolation thermique de 100.000 logements par an ainsi qu`à la conversion au GPL de plus d`un (1) million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus, en même temps que seront créés plus de 180.000 emplois. Pour ce qui est du programme de développement des énergies renouvelables, il devra permettre au pays de faire passer la capacité de production électrique à partir des énergies renouvelables à 22.000 MW d'ici 2030, soit 27% du bouquet énergétique, contre une contribution actuellement de l'ordre de 2%.