Les étudiants et les enseignants de l'université Akli Mohand Oulhadj de Bouira ont dénoncé ce week-end un climat "d'insécurité et d'instabilité" à l'intérieur du campus universitaire suite à une série d'actes d'agression et de mouvements de grève répétés enregistrés depuis novembre dernier. Une trentaine d'enseignants affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) ont observé un sit-in devant le siège du rectorat pour "protester contre l'insécurité sévissant depuis des mois dans l'enceinte de l'université", ainsi que pour "réclamer d'autres droits relatifs notamment aux libertés syndicales et à l'amélioration des conditions de travail". Selon le président de la section locale du CNES, Outafat Youcef, l'université Akli Mohand Oulhadj de Bouira est "en proie à une insécurité et instabilité totale, née des exactions commises par des individus extras qui s'infiltrent à l'intérieur du campus pour agresser des étudiants et même des enseignants". Le 8 février dernier, un jeune étudiant à failli mourir après avoir été poignardé au cou par un extra en pleine cour suite à un conflit entre deux personnes et une étudiante. L'étudiant agressé a été évacué à l'hôpital de Bouira puis à l'hôpital de Mustapha Pacha d'Alger. "Ces jours ne sont pas en danger", s'est réjoui M. Outafat. Plus d'un mois avant cet acte de violence, un groupe de jeunes extras s'est infiltré à l'intérieur de l'enceinte universitaire où ils ont agressé des étudiants du département de langue et culture amazighe. Une jeune fille avait été attaquée à l'aide de sabres. Elle a été blessée lors d'incidents ayant suivi les marches de protestation contre "la marginalisation de la langue nationale et officielle Tamazight", a ajouté le président local du CNES. En réaction à ce sujet, le président du bureau local de l'Union générale des étudiants libres (UGEL), Charabi Abderraouf, a rappelé que des évènements avaient secoué l'université de Bouira suite aux agressions survenues lors de marches et sit-in de protestations organisées par des étudiants du département de langue et culture amazighe, accusant des "parties extérieures" d'être derrière tous ces incidents. "Des parties extérieures veulent semer l'anarchie et la violence à l'intérieur de l'Université", a-t-il dénoncé.
Les responsables du secteur interpellés Face au phénomène des agressions que connait l'université de Bouira ces derniers mois, des étudiants ont exprimé leur inquiétude et mécontentement après les derniers actes d'agressions survenus à l'intérieur du campus. "Nous sommes inquiets. Nous faisons face à un phénomène dangereux, les responsables concernés doivent intervenir pour trouver des solutions", a estimé Jugurtha, un étudiant en sciences juridiques. Certains autres étudiants et mêmes des représentants d'organisations estudiantines locales ont pointé du doigt des anciens responsables de l'université, accusés d'être derrière ce qu'ils appellent la politique de marginalisation, et la politique de deux poids, deux mesures entre les départements, ce qui, selon eux, a créé un climat d'instabilité marqué par des grèves et des altercations entre étudiants . Sur ce point, Outafat Youcef a évoqué des comportements de racisme et de régionalisme entre étudiants, qu'il qualifie d'inadmissibles, appelant toute la communauté à mettre la main dans la main pour protéger l'université et préserver son statut d'institution de savoir et non pas de violence. Dans la foulée de ces évènements, le recteur, Zireg Moussa, a été démis de ses fonctions pour être remplacé par le professeur Noreddine Benali Cherif. Dans une déclaration à l'APS, ce dernier s'est dit engagé à oeuvrer pour faire de l'université un "lieu sacré du savoir et de la science, et non pas autre chose", tout en appelant l'ensemble des étudiants et autres responsables de l'université à être "conscients et mobilisés pour développer l'université de Bouira et la hisser au rang des grandes université du pays loin de tous les problèmes". Le même responsable s'est dit "confiant et optimiste" quant à l'amélioration de la situation de l'université de Bouira avec "l'implication de toutes les forces vives de l'université".