Les cours du pétrole ont de nouveau reculé jeudi, affectés par l'accès de faiblesse à Wall Street alors que la production américaine de brut continue de peser sur l'équilibre du marché. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont c'est la première séance d'utilisation comme contrat de référence, a terminé à 63,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 90 cents par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril a cédé 65 cents pour clôturer à 60,99 dollars. "Aucune nouvelle spécifique n'est à l'origine de ce repli", selon Matt Smith de ClipperData. "Le marché du pétrole s'est juste retrouvé embarqué dans un sentiment plus général de prudence qui domine les marché financiers ce jeudi, en particulier à la Bourse de New York", a-t-il ajouté. Wall Street est tombée nettement dans le rouge après l'annonce par le président Donald Trump de fortes taxes à venir sur les importations d'acier et d'aluminium, une décision de nature à aviver les hostilités commerciales avec la Chine ou d'autres partenaires. "C'est une nouvelle source d'incertitudes pour des investisseurs déjà ébranlés ces dernières semaines par les craintes sur l'accélération de l'inflation et le retour de la volatilité", a noté M. Smith. Dans ce contexte les cours du brut sont aussi restés sous la pression du rapport hebdomadaire des autorités américaines (EIA) diffusé mercredi, qui a fait état d'une hausse marquée des stocks de brut (+3 millions de barils) et d'essence (+2,5 millions de barils) lors de la semaine achevée le 23 février. La production de brut est de son côté repartie à la hausse, les Etats-Unis extrayant en moyenne 10,28 millions de barils par jour (mbj). Selon un autre rapport publié jeudi mais portant sur une période moins récente, la production américaine a atteint son plus haut niveau historique en novembre, à 10,05 millions de barils par jour, avant de reculer en décembre, à 9,95 millions de barils par jour. "Cette baisse en décembre provient principalement d'une baisse de la production dans le golfe du Mexique, et la production de pétrole de schiste continue d'augmenter au Texas", ont noté les analystes de JBC Energy. Les exploitations de pétrole de schiste sont la principale source de croissance de la production américaine. Les investisseurs craignent que leur essor ne réduise à néant les efforts entrepris par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires pour rééquilibrer le marché au moyen d'un accord de limitation de la production, en vigueur jusqu'à fin 2018.
Ordre dispersé en Asie Les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux en Asie, dans un contexte d'inquiétudes après l'annonce d'une hausse des stocks américains. Vers 04H20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, prenait huit cents à 61,72 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mai et dont c'est le premier jour comme contrat de référence, cédait trois cents à 64,70 dollars Les cours ont trébuché après la publication mercredi du rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Celui-ci fait état d'une hausse des stocks de brut, de trois millions de barils, et d'essence, de 2,5 millions de barils, témoignage du recul de la demande chez le plus gros consommateur de brut du monde. "Les investisseurs sont hypersensibles aux données sur les stocks, spécialement quand ils sont plutôt élevés", a déclaré Stephen Innes, analyste chez Oanda. Greg McKenna a jugé pour sa part que la forte hausse des stocks d'essence, alors que les marchés s'attendaient à une baisse, avaient affecté particulièrement les cours. L'EIA a bien fait état d'une baisse de la production de pétrole américain à 9,4 millions de barils, contre 10,1 millions la semaine précédente, mais les marchés sont restés focalisés sur les stocks, soulignent les analystes. "La hausse des niveaux des stocks reste le handicap premier pour les cours alors que les marchés redoutent des turbulences à court terme", a dit Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures. Ces derniers vont regarder avec attention les prochaines données de la société américaine spécialisée Baker Hugues sur les plateformes américaines en activité. Les investisseurs craignent que la hausse de la production aux Etats-Unis ne réduise à néant les efforts entrepris par l'Opep et ses partenaires pour rééquilibrer le marché au moyen d'un accord de limitation de la production, en vigueur jusqu'à fin 2018.
Hausse des stocks de brut et d'essence US Les stocks de pétrole brut et d'essence ont progressé aux Etats-Unis la semaine dernière selon des chiffres officiels publiés mercredi tandis que les réserves diminuent encore au terminal pétrolier de Cushing, centre névralgique pour les prix de l'or noir. Lors de la semaine achevée le 23 février, les réserves commerciales de brut ont augmenté de 3 millions de barils pour s'établir à 423,5 millions, comme la médiane des estimations des analystes interrogés par l'agence Bloomberg. C'est plus que l'augmentation d'un peu moins d'un million de barils estimée mardi soir par la fédération professionnelle du secteur, l'API. A leur niveau actuel, ces réserves sont en baisse de 18,6% par rapport à la même époque en 2017 et restent dans le bas de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont en revanche baissé, de 1,2 million de barils à 28,8 millions. Après avoir diminué d'environ 20 millions de barils depuis le début de l'année, ils sont au plus bas depuis fin 2014. Les réserves d'essence ont de leur côté avancé de 2,5 millions de barils, là où les analystes anticipaient une hausse moins marquée de 600.000 barils. Elles s'inscrivent en repli de 1,6% par rapport à la même période l'an dernier mais restent dans la partie supérieure de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont quant à eux reculé de 1 million de barils, soit à peu près ce à quoi s'attendaient les spécialistes (-950.000 barils). Ils sont en repli de 16,0% par rapport à leur niveau un an auparavant mais se maintiennent au milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Au total, les stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis, hors réserves stratégiques, ont progressé de 3,7 millions de barils. La production de brut est de son côté repartie à la hausse, les Etats-Unis extrayant en moyenne 10,28 millions de barils par jour (mbj). Les exportations se sont repliées, à 1,4 million de barils par jour. En pleine saison de travaux de maintenance, la cadence des raffineries a continué à reculer, ces dernières fonctionnant à 87,8% de leurs capacités contre 88,1% la semaine précédente. Les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 20,4 millions de barils par jour de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, une progression de 2,7% par rapport à la même période l'an dernier. La demande d'essence a progressé de 3,8% et celles des autres produits distillés, de 0,9%.