Les barils de pétrole cotés à New York et à Londres ont clôturé jeudi au plus haut depuis la mi-décembre 2014, portés par une baisse des stocks américains de brut et des craintes de tensions entre l'Iran et les Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a gagné 23 cents pour finir à 63,80 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le WTI a inscrit jeudi une quatrième séance de hausse de suite, la sixième en huit journées de cotation depuis le début de l'année. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 69,26 dollars, en hausse de 6 cents par rapport à la clôture de mercredi et au plus haut à la clôture depuis décembre 2014. Le prix du Brent a même franchi la barre des 70 dollars en cours de séance, à 70,05 dollars, au plus haut depuis la même période. "Le resserrement du marché du pétrole rend les marchés optimistes", depuis le début de l'année, a indiqué Mike Lynch de SEER, citant la baisse des stocks de brut aux Etats-Unis. Les investisseurs étaient toujours influencés par un rapport du Département américain de l'Energie diffusé mercredi, évoquant une nouvelle baisse des stocks de brut aux Etats-Unis, portant depuis un mois et demi le recul des réserves à 37,5 millions de barils. "Nombreux étaient ceux qui prédisaient une surabondance de pétrole pour longtemps, elle a officiellement disparu", a commenté Phil Flynn de Price Futures Group, expliquant que la demande américaine est actuellement supérieure à la moyenne habituelle et soutient la forte production dans le pays.
Sanctions économiques L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires sont quant à eux tenus par un accord de réduction de la production dans le but de faire remonter les prix. Reste à savoir dans quelle mesure les producteurs américains, qui ne sont pas tenus par l'accord et dont les champs de pétrole de schiste redeviennent rentables avec la hausse des cours, augmenteront encore leur production. "La réaction des producteurs américains est inéluctable, et le nombre de puits actifs va augmenter en février et mars pour répondre aux prix plus élevés atteints en décembre et janvier", ont prévenu les analystes de Natixis. Les marchés ont été également soutenus par l'attente de la décision de Washington quant à la reconduction de l'accord sur le nucléaire iranien. Si le président Donald Trump refuse de renouveler cet accord signé en 2015 et choisit donc de rétablir les sanctions économiques, les exportations d'un des plus grands producteurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) seraient entravées. "Le marché est de plus en plus convaincu que Donald Trump va renouveler l'accord dans la mesure où ses conseillers le lui recommandent, mais juste au cas où, les investisseurs se préparent à une éventuelle baisse de l'offre de pétrole sur le marché mondial", a souligné John Kilduff d'Again Capital.
8ème chute consécutive des stocks US Le département à l'Energie américain a annoncé mercredi une nouvelle baisse des stocks commerciaux de brut, hors réserve stratégique. Les cours du WTI ont progressé Les stocks de pétrole brut ont chuté plus fortement que prévu aux Etats-Unis la semaine dernière, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 5 janvier, les réserves commerciales de brut ont baissé de 4,9 millions de barils pour s'établir à 419,5 millions, quand les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de 3,75 millions de barils. A ce niveau, les réserves commerciales de brut sont en baisse de 13,2% par rapport à la même époque en 2016 et se maintiennent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Depuis la semaine du 24 novembre 2017, les réserves de brut ont chuté de 37,5 millions de baril, donnant un fort élan aux prix du pétrole. Les réserves d'essence ont de leur côté augmenté de 4,1 millions de barils, soit davantage que les 3,55 millions de barils anticipés par les analystes. Elles s'inscrivent en repli de 1,3% par rapport à la même période l'an dernier et restent au-dessus de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks de produits distillés (fioul de chauffage, etc.) ont grimpé de 4,3 millions de barils alors que les analystes anticipaient une hausse de 2,25 millions de barils. Ils sont en repli de 15,9% par rapport à leur niveau un an auparavant et s'inscrivent dans le milieu de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, sud), ont baissé de 2,4 millions de barils à 46,6 millions.
Production élevée La production de brut a également perdu du terrain, les Etats-Unis extrayant en moyenne 9,49 millions de barils par jour (mbj) contre 9,78 mbj la semaine précédente. Elle se maintient toutefois à un niveau très élevé, devant franchir selon les données de l'Agence américaine d'information sur l'énergie publiées mardi, la barre des 10 mbj en moyenne dès le premier trimestre. La cadence des raffineries a pour sa part reculé, les infrastructures opérant à 95,3% de leurs capacités contre 96,7% la semaine précédente, ce qui avait représenté un rythme au plus haut depuis 2005. Les exportations d'or noir ont également baissé, à 1,02 mbj contre 1,48 mbj la semaine précédente. Les importations ont aussi connu une décrue, passant à 7,66 mbj contre 7,97 une semaine auparavant. Concernant la demande sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,6 mbj, en hausse de 5,6% par rapport à la même période l'an dernier. La demande d'essence lors des quatre dernières semaines a progressé de 2,5% par rapport à la même période l'an dernier et celle des produits distillés a avancé de 6,8%. Il évolue ainsi à son plus haut niveau en séance depuis décembre 2014.