La réunion tenue mardi au siège du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, en présence du ministre du secteur, Abdelkader Bouazghi et de représentants du ministère du Commerce et de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) a abouti a un accord sur l'introduction d'une "nouvelle clause" dans la convention liant l'Office aux propriétaires des laiteries, faisant obligation à ces-derniers de présenter un document détaillant les quantités produites et distribuées sur lequel figureront les cachets apposés par les distributeurs, dans le but de définir le circuit réel du lait subventionné. Le directeur général adjoint de l'ONIL, Khaled Soualmia a indiqué à l'APS au terme de la réunion, que la convention liant l'Office aux laiteries avait fait l'objet d'une actualisation par l'introduction d'une "nouvelle clause" obligeant les transformateurs à présenter, chaque fin de mois, un document détaillé sur les quantités produites et les quotas des distributeurs, un document -a-t-il précisé- sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé. Il a fait savoir que les laiteries n'observant pas les dispositions de la convention signée avec l'office seront exclues définitivement du programme d'approvisionnement en poudre de lait. Cette démarche a pour objectif "la traçabilité de la poudre de lait, à partir de l'étape d'approvisionnement jusqu'à l'arrivée du produit fini au niveau des commerçants en détail", a ajouté M. Soualmia. Les transformateurs sont tenus, à leur tour, de faire remplir par les distributeurs un formulaire sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé et qui sera joint au document remis par l'Office aux propriétaires des laiteries pour définir la destination du produit, a-t-il expliqué. "Pour la traçabilité de l'activité des transformateurs, il a été convenu, lors de cette réunion, de la mise en place de commissions mixtes comprenant des agents de l'ONIL et des ministères de l'Agriculture et du Commerce pour s'assurer de la véracité des informations fournies par les propriétaires des laiteries", a ajouté le même responsable. Soualmia a expliqué, à ce propos, que cette procédure s'inscrit dans le cadre de l'application du décret exécutif publié récemment dans le Journal officiel (JO) qui réserve la distribution du lait subventionné exclusivement aux ménages. Cette action des pouvoirs publics vise à contenir les perturbations enregistrées depuis des mois sur le marché d'approvisionnement en sachet de lait subventionné, a-t-il encore indiqué. "Il est inconcevable que le marché demeure sujet à ces perturbations au moment où l'ONIL double les quantités de poudre destinées aux transformateurs", a affirmé M. Soualmia. Soulignant que "le volume d'approvisionnement des laiteries en poudre de lait a augmenté de près de 30% de 2009 à fin 2017, pour arriver début 2018 à 175.000 tonnes", le même responsable a estimé que ce volume "est suffisant pour satisfaire largement la demande des transformateurs pour peu que la poudre de lait ne soit pas détournée d'autres fins". Quelque 118 laiteries réparties sur l'ensemble du territoire national, dont 15 complexes publics, sont conventionnés avec l'ONIL qui dispose d'un stock stratégique de 3 mois.
La réduction du quota des transformateurs à l'origine des perturbations De son côté, le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait, M. Farid Oulmi a imputé la perturbation du marché du lait en sachet à la réduction, au cours des derniers mois, des quotas de poudre attribués aux transformateurs. Le taux de couverture des besoins en lait pasteurisé des wilayas du centre (Alger, Blida et Tipasa) a reculé de 80% en 2015 à 30 et 40% début de 2018, d'où les perturbations enregistrées dans la distribution, a-t-il précisé dans une déclaration à l'APS. Il a précisé, à cet égard, que la demande globale au niveau de ces trois wilayas est estimée entre 500.000 et 550.000 litres/jour, alors que la production actuelle est de 400.000 litres/jour seulement. Il a jouté, dans le même ordre d'idée, que la laiterie de Birkhadem (Alger), relevant du groupe public Giplait, qui produisait 600.000 litres/jour en 2016, soit un excédent de plus de 50.000 litres/jour par rapport à la demande, accuse aujourd'hui un déficit de plus de 150.000 litres/jour. La laiterie de Boudouaou (Boumerdes), avec son annexe de Rouïba, produit actuellement environ 350.000 litres/jour pour la couverture des besoins des wilayas de Boumerdes, Bouira et Tizi Ouzou, a indiqué le même responsable qui a reconnu que ce volume ne satisfait nullement la demande enregistrée. Par ailleurs, M. Oulmi a estimé que la marge bénéficiaire des distributeurs, fixée actuellement à 0.90 dinars/litre est très faible, notamment avec la baisse du pouvoir d'achat. Pour rappel, le Groupe public Giplait, qui compte 16 filiales au niveau national, produit entre 50 et 60% des besoins nationaux en lait pasteurisé conditionné en sachets dont le prix est administré à 25 DA/litre. La facture de l'importation de la poudre du lait et ses dérivés a dépassé, ces deux dernières années, un milliard (01) de dollars par an. Par ailleurs, le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi avait reconnu récemment l'existence d'un grand problème en matière de distribution du lait pasteurisé, en dépit des approvisionnements réguliers par l'ONIL. Une étude publiée en 2017 par l'Association des producteurs algériens de boissons (Apeb) avait révélé que la moyenne de consommation par personne en lait pasteurisé en sachets est de 66,1 litres/an.
Fermeture de 4 laiteries pour non-respect du cahier des charges Par ailleurs, le ministre de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, Abdelkader Bouazghi, a indiqué à Alger que quatre (4) laiteries avaient été fermées pour non-respect du cahier des charges. Cette décision a été prise mardi lors d'une rencontre ayant réuni les ministères, respectivement, de l'Agriculture et du Commerce, les responsables des différentes laiteries nationales et l'Office national interprofessionnel du lait et produits laitiers (ONIL), a déclaré le ministre à la presse en marge de la cérémonie de célébration de la Journée internationale des forêts. Selon lui, d'autres laiteries pourraient connaître le même sort si elles ne respectaient pas ce cahier des charges, alors que des comités permanents, installés par les ministères de l'Agriculture et du Commerce, assurent le suivi et le contrôle des laiteries au niveau de la production. Par ailleurs, le ministre a fait savoir que cette réunion avait constaté que le principal problème résidait dans la phase de distribution. A cet effet, des procédures ont été prises afin de suivre et de contrôler la traçabilité du lait en sachet depuis sa production jusqu'à sa vente au détail. Il a, à ce titre, fait part d'une feuille de route établie par le ministère du Commerce et adressée à toutes les Directions du commerce des wilayas afin de suivre la traçabilité de ce produit de première nécessité. Pour mettre fin à toute spéculation sur le lait subventionné, des opérations de suivi et de contrôle sont engagées, et ce, tant au niveau de la production qu'au niveau de la distribution, a indiqué M. Bouazghi qui a réaffirmé le maintien du prix du lait en sachet. A ce propos, il a réitéré que sur décision du Président de la République, il n'est pas question d'augmenter, actuellement, le prix du lait, rappelant que la loi de Finances 2018 a prévu un budget de 32 milliards de DA pour couvrir les dépenses de subventions.