Année après année, la région de Teleghma, située dans le sud-ouest de la wilaya de Mila, s'impose comme leader dans la production de l'ail, portant à croire que cette culture fera de la région "un pôle national d'excellence". Avec un rendement par hectare de plus en plus important, grâce notamment aux techniques adoptées par les agriculteurs, de plus en plus de terrain à Teleghma et ses environs (50 km du chef lieu de la wilaya) sont consacrés à la culture de cette plante potagère. Ainsi, la surface réservée à l'ail à Mila atteint environ 1.900 hectares concentrée essentiellement dans le sud de la wilaya, notamment Teleghma, Oued Segan et Oued El Athmania, rapporte la direction locale de l'Agriculture, qui note que cette superficie qui représente presque le double de celle de l'année passée (1000 hectares) relève l'intérêt localement accordé à cette production. D'ailleurs, l'odeur forte de l'ail, qui envahit ces jours-ci presque toute cette région, fait constater l'importance de ce produit agricole, qui l'habilite à devenir "un pôle d'excellence national", selon le directeur local des services agricoles (DSA), Messaoud Bendridi.
Un million de quintaux attendu A Teleghma, la campagne de récolte de l'ail, qui jouit d'une place incontestable dans les cuisines traditionnelle et moderne, outre ses vertus curatives bien connues, bat son plein avec des signes d'une saison exceptionnelle, les services de la DSA tablant sur une récolte d'un million de quintaux avec un rendement moyen à l'hectare de 600 quintaux, se félicite le responsable de cette direction, qui considère que les agriculteurs doivent s'orienter vers la production de l'ail non pas vert mais sec susceptible d'être stocké et commercialisé tout le long de l'année. Lors de sa dernière visite dans la wilaya, le ministre de l'Agriculture, du Développement local et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, avait mis l'accent sur la place de leader qu'occupe de Mila "comme pôle d'excellence national de production de l'ail'' capable à l'avenir de s'orienter, outre la satisfaction de la demande nationale, "vers l'exportation". Il avait alors révélé l'intention du gouvernement de suspendre à partir de 2019 l'importation de l'ail et de soutenir les producteurs dans le stockage de ce produit. Le pays importe entre 7.000 et 10.000 tonnes d'ail par année. Pour le président de l'association des producteurs d'ail de Mila, Mohamed Djazi, cette mesure viendrait répondre aux attentes et aspirations des 400 producteurs locaux qui souffrent de l'absence de mécanismes de commercialisation susceptibles de traiter les importantes quantités produites dans moins de deux mois. Ce manque occasionne, déplore-t-il, de grosses pertes aux agriculteurs qui se retrouvent contraint à vendre à des prix parfois modiques leurs récoltes, assurant que cette situation se reproduit actuellement avec l'effondrement des prix qui atteignent présentement 10 DA le kg contre 40 DA en début de campagne. Hors la période de récolte, les prix de l'ail flambent à des niveaux astronomiques qui profitent "aux seuls spéculateurs et importateurs'', ajoute le représentant des producteurs, qui affirme que l'actuelle demande des agriculteurs consiste à "hâter la mise en œuvre de cette mesure qui garantira un prix couvrant les frais de production et accessible aux consommateurs". Les producteurs ont en outre besoin de grands nombres d'ouvriers pour assurer "l'immense travail de récolte" pour répondre à la grande demande actuellement exprimée, note M. Djazi, lui-même producteur d'ail. D'après des producteurs, cette forte demande d'ouvriers a nécessité le recours à une main d'œuvre locale mais aussi des wilayas voisines. La période de récolte, qui s'étale jusqu'au début de l'été, attire ainsi des centaines de jeunes dont Farid, 25 ans, originaire de Tiaret, qui indique gagner entre 3.000 et 4.000 DA par jour au terme de 7 heures de travail passées à arracher l'ail puis l'assembler en tresses et gerbes. Habitué des activités agricoles saisonnières, ce jeune affirme que l'argent ainsi collecté lui servira à organiser l'été prochain sa fête de mariage.
Le barrage de Béni Haroun pour intensifier et diversifier la production agricole Les dernières semaines ont connu la mise en service du périmètre d'irrigation de Teleghma sur une aire de 4.447 hectares, dont ceux consacrés à la culture de l'ail, dans le cadre du projet des grands transferts des eaux du barrage de Béni Haroun, le plus grand du pays. L'opération a concerné d'abord 87 agriculteurs exploitant 1.142 hectares à Oued EL Athmania et Oued Segan puis 591 agriculteurs exploitant 1.739 hectares à Teleghma, selon les cadres de l'Office national de l'irrigation et du drainage (ONID). Le transfert de ces eaux qui concernera, dans une ultime étape, la localité de Mechira, vient mettre fin au problème de baisse du niveau des eaux souterraines due à la surexploitation, note-t-on à la DSA. Pour Abaza Mehenni, responsable de la subdivision agricole de Teleghma, l'arrivée des eaux de Beni Haroun permettra à la région de "connaitre des cycles agricoles intenses et équilibrés, de diversifier la production et accroitre la valeur ajoutée'' de l'agriculture locale. Une journée d'étude régionale a été organisée récemment à Teleghma sous l'égide du ministère de l'Agriculture pour réguler les prix de la filière de l'ail dont le développement de la culture dans la région a été source de sérieux avantages ainsi que de problématiques, a-t-on relevé durant la rencontre. L'orientation vers l'investissement dans la création d'unités de stockage, de traitement et de conditionnement de l'ail y a été également soulignée.