Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya a réitéré, lundi à Alger, une nouvelle fois, le refus de l'Algérie de recourir aux financements (endettement) extérieur, sauf dans des cas exceptionnels " d'investissements forts avec des rendements appréciables ". A ce propos, le ministre, qui était l'Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio algérienne, a annoncé que la " construction du grand port-centre " d'El Hamdania, à Cherchell, dans la wilaya de Tipaza, " sera financé par un prêt de l'Etat Chinois ".
Financement non conventionnel et inflation, le " risque est mesuré " Interrogé sur le risque inflationniste du recours au financement non conventionnel, M. Raouya s'est voulu rassurant en affirmant que le " risque est mesuré ", ajoutant que le gouvernement a " pris l'ensemble des règles de rigueur pour pouvoir maîtriser ce financement non conventionnel ". Selon les prévisions, le taux d'inflation, explique le ministre des Finances, se situerait, à peu près, entre 3 et 4% en moyenne, sur toute la période allant de 2018 à 2020. " Pour l'année 2018, nous avons prévu un taux d'inflation de 5,5%, cependant, jusqu'à maintenant, le taux d'inflation tourne autour de 4% ", donc, " c'est maîtrisé ", a souligné M. Raouya, qui a tenu à rappeler, encore une fois, que ce financement non conventionnel " est beaucoup plus destiné à financer l'investissement ", qui " devrait permettre, bien évidemment, une croissance un peu plus soutenu ". " C'est ce qui nous manque encore ", a conclu le ministre des Finances. Subvention directe, " le projet est toujours à l'étude " S'agissant du projet de révision de la politique des subventions, qualifié de " un grand chantier ", M. Raouya a affirmé que " l'Etat ne changera rien aux règles actuelles de sa politique de subvention ", tant qu' " on n'aura pas, explique-t-il, réglé les questions relatives à l'identification des ménages, des montants et comment procéder ". Une commission planche sur ce dossier, avec l'aide de la Banque mondiale, a informé le ministre, qui a laissé entendre que les premières mesures pourraient intervenir en 2019. " J'espère, à partir de 2019, si on est, évidemment, prêt à le faire " a déclaré M. Raouya. Pour les produits qui seront concernés, en premier, " c'est possible que ça soit l'énergie et après, l'eau ", a-t-il ajouté.
La loi de finances 2018 renforce le développement économique Par ailleurs, le ministre des Finances, a mis l'accent, après l'adoption du projet de loi des finances complémentaire 2018, sur l'importance de ce texte qui vise à "poursuivre la politique de soutien budgétaire, renforcer le développement économique et créer des mesures préventives en matière de commerce extérieur". Les membres du Conseil de la nation ont adopté dimanche la loi de finances complémentaire 2018, lors d'une séance plénière présidée par Abdelkader Bensalah, président de cette instance, et en présence du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya et le ministre des Relations avec le parlement, Mahdjoub Bedda. "L'adoption de ce texte permettra au gouvernement la poursuite des efforts en matière de développement et d'encadrement de l'investissement pour servir l'économie nationale", a affirmé M. Raouya. Exposant le contenu du rapport complémentaire sur le même texte avant de procéder au vote, le rapporteur de la commission des Affaires économiques et financières du Conseil de la nation Abdelhak Kazitani a rappelé les débats qui ont réuni le président du Conseil Abdelkader Bensalah et M. Raouya en présence de M. Bedda ayant porté sur les dispositions et les mesures contenues dans le projet et sur d'autres questions d'ordres économique, financier et social pertinentes, objet de préoccupations des membres. M.Kazitani a précisé que M. Raouya avait présenté les données financières et économiques prévues dans ce texte. M.Raouya a évoqué, en outre, la fiscalité pétrolière, la fiscalité ordinaire, les recettes et les dépenses, les budgets de fonctionnement et d'équipement et le taux d'inflation et les prix de change ainsi que le taux de croissance. Ce texte prévoit également l'ajout de 500 milliards (mds) de DA sous forme d'autorisations de programmes, ce qui a permis la relance de nombre de programmes sociaux qui ont été gelés à cause de la conjoncture financière qu'a connue le pays suite à la baisse des prix des hydrocarbures et ses retombées sur les ressources du pays en devises.
Concrétiser des changements profonds Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya a affirmé, lundi à Alger, que la loi organique relative aux lois de Finances porte un nouveau cadre juridique régissant la préparation, l'élaboration et la présentation des lois de finances, précisant qu'elle constitue un moyen pour la modernisation des finances publiques eu égard aux changements profonds qu'elle introduit dans la gestion des deniers publics. En marge de l'adoption par la majorité des membres du Conseil de la nation, du projet de loi organique relative aux lois de finances lors des séances plénières présidées par M. Abdelkader Bensalah, le ministre a indiqué que le projet vise à réformer le cadre budgétaire et comptable et à introduire un profond changement dans les modalités de gestion des deniers publics. Les membres du Conseil de la nation s'étaient félicités, le 18 juin dernier, lors d'une séance plénière consacrée à l'examen de ce projet, des réformes profondes opérées par l'Etat à son système législatif à travers l'élaboration des projets de lois en conformité avec les règles générales de la Constitution. Ils avaient présenté une série de propositions sur le texte du projet touchant notamment des dispositions énoncées dans les lois de finances précédentes comme celles régissant la propriété foncière, ou le grand retard accusé en matière de modernisation des documents et des informations en dépit des promesses émises pour achever, dans de brefs délais, l'opération de numérisation du registre foncier. Dans une réponse aux observations des membres du Conseil de la nation, le ministre avait également précisé que la loi 17-84 en vigueur n'est pas une loi organique comme la nouvelle loi organique relative aux lois de finances prévue dans la Constitution de 2016, d'un part, et ne s'adapte plus aux réformes politiques et économiques engagées par le gouvernement, ce qui permet de s'adapter aux changements importants de systèmes et de règles de budget internationalement établies, d'autre part. M. Raouya avait précisé que "le nouveau texte vise à prendre en charge les insuffisances enregistrées et comporte la définition du nouveau cadre juridique régissant l'élaboration et le contenu des lois des finances ainsi que les modalités de leur présentation et adoption outre la définition des principes et des règles régissant les finances publiques, la comptabilité de l'Etat et le contrôle de l'exécution des lois des finances. Ce projet de loi permettra aux institutions et administrations publiques de passer de la logique des moyens à la logique des résultats, d'autant qu'il aspire l'introduction de transformations profondes en termes de gestion de l'argent public. S'agissant de la préoccupation ayant trait aux règles adoptées par le gouvernement dans l'évaluation de secteurs concernés par la gestion, le ministre a expliqué qu'il s'agit de l'évaluation des programmes relatifs aux politiques publiques et les prévisions des résultats réalisés et les indices de performance liés aux objectifs arrêtés. La loi organique a institué le principe de soumettre les opérations d'exécution du budget de l'Etat aux contrôles administratif, judicaire et parlementaire selon les conditions définies dans ce texte et les dispositions législatives y afférentes répondant ainsi aux préoccupations du parlement quant à garantir davantage de transparence dans la performance des institutions administratives, ce qui facilitera la mission de contrôle parlementaire.