Les cours du pétrole ont reculé jeudi après une hausse surprise des stocks de brut américain et l'annonce par l'Arabie saoudite d'une baisse des prix de son pétrole. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé à 77,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 81 cents par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'août a cédé 1,20 dollar à 72,94 dollars. Les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont enregistré une hausse surprise de 1,2 million de barils lors de la semaine terminée le 29 juin, alors que les analystes anticipaient une baisse de 5 millions de barils. "Si l'on fait la moyenne des deux dernières semaines la réduction hebdomadaire des stocks est de 4 millions de barils, ce qui représente un rythme de réduction plutôt rapide. Mais la surprise vient du fait que ces stocks ont avancé de manière surprenante cette semaine", contre un plongeon de 9,9 millions de barils la semaine précédente, a noté Bill O'Grady de Confluence Investment. La production de brut s'est de son côté, comme lors des deux précédentes semaines, stabilisée au niveau record de 10,90 millions de barils par jour.
Elections américaines La veille, alors que le marché américain était fermé, le géant national saoudien du pétrole Saudi Aramco a annoncé une baisse de son prix pour le brut à destination de l'Asie, une première depuis quatre mois. L'annonce a fait reculer les prix du brut, alors que la décision saoudienne semblait répondre aux attentes du président américain Donald Trump. "REDUISEZ LES COURS MAINTENANT !", avait tempêté mercredi M. Trump sur Twitter, avant d'attaquer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. "Ils poussent les prix plus haut alors même que les Etats-Unis défendent beaucoup de ses membres pour peu de dollars", a-t-il accusé. "Nous approchons des élections (en novembre aux Etats-Unis), et le président américain est de plus en plus obsédé par les prix de l'essence", a jugé Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. "Même si les prix ne descendent finalement pas, sa base républicaine sera satisfaite de cette attaque", a commenté de son côté M. O'Grady. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires ont annoncé fin juin assouplir l'accord de limitation de la production, mais les prix du brut ont continué de grimper alors que les marchés craignent des perturbations de l'offre. "La production iranienne est la plus en danger, car l'administration américaine vise les exportations (de pétrole à travers ses sanctions, ndlr), ce qui pourrait réduire l'offre mondiale d'un million de barils par jour", ont souligné les analystes de Goldman Sachs, qui citent également les perturbations au Venezuela, en Libye et au Canada. Le gouverneur iranien de l'Opep a répondu sèchement au président américain à travers l'agence de presse du ministère iranien du Pétrole. "Vous imposez des sanctions à d'importants producteurs, des membres fondateurs de l'Opep, et vous leur demandez de réduire les prix ?!", s'est insurgé Hossein Kazempour Ardebili, affirmant que "vos tweets ont fait grimper les prix de 10 dollars par baril".
Recul en Asie Les cours du pétrole reculaient jeudi en Asie dans un contexte de crainte de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis et de perspectives de hausse de la production saoudienne. Après un jour férié aux Etats-Unis, le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en août, perdait vers 04H00 GMT 28 cents, à 73,86 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence sur le marché mondial, reculait de 1,04 dollar à 78,19 dollars. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a confirmé mardi être prête à utiliser sa capacité de production disponible, estimée à 2 millions de barils par jour, pour augmenter l'extraction de brut dans le but d'équilibrer le marché. Parallèlement, les investisseurs s'inquiétaient de la guerre commerciale qui s'annonce avec l'entrée en vigueur vendredi de taxes douanières réciproques entre la Chine et les Etats-Unis sur des dizaines de milliards de dollars de marchandises. Les experts mettent en garde depuis des mois contre les dommages potentiels d'une telle confrontation commerciale, non seulement sur l'économie américaine mais aussi sur l'économie mondiale. Malgré tout, relèvent les analystes, les perturbations de l'offre en Libye, au Venezuela et au Canada, ainsi que les sanctions américaines contre l'Iran, continuent de soutenir le brut. Les marchés sont également dans l'attente de la publication jeudi des chiffres sur l'état des stocks de brut américain par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA).
Stagnation de la production américaine Les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont enregistré une hausse surprise la semaine dernière tandis que la production s'est stabilisée pour la troisième semaine de suite, selon les chiffres publiés jeudi par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Lors de la semaine achevée le 29 juin, les réserves commerciales de brut ont avancé de 1,2 million de barils pour s'établir à 417,9 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient un recul de 5 millions de barils. Elles s'inscrivent en baisse de 16,9% par rapport à la même époque l'an dernier et sont environ 2% en dessous de la moyenne des cinq dernières années à cette période. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont reculé de 2,1 millions de barils, à 27,8 millions de barils. Les réserves d'essence ont, elles, baissé de 1,5 million de barils, soit deux fois plus que les prévisions des analystes (750.000 barils). Elles sont en hausse de 1,0% par rapport à leur niveau d'il y a un an et sont environ 6% au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont quant à eux légèrement progressé de 100.000 barils, là où les analystes anticipaient un recul de 685.000 barils. Ils sont en baisse de 21,8% par rapport à leur niveau d'il y a un an et de 13% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La cadence des raffineries a un peu reflué, celles-ci ayant fonctionné à 97,1% de leurs capacités contre 97,5% la semaine précédente. La production de brut s'est, comme lors des deux précédentes semaines, stabilisée au niveau record de 10,90 millions de barils par jour. Avant cette stagnation observée pour la troisième semaine d'affilée, la production américaine avait affiché seize records de suite depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées en 1983. Après avoir bondi la semaine dernière à un niveau inédit depuis que ces données sont enregistrées (1991), à 3 mb/j, les exportations américaines ont reculé à 2,34 mb/j. Les importations ont légèrement augmenté, à 9,06 mb/j contre 8,36 mb/j la semaine précédente. Du côté de la demande, les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 20,9 mbj de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, une progression de 1,4% par rapport à la même période de l'an dernier. La demande d'essence a augmenté de 1,2% quand celle des autres produits distillés a reculé de 3,5%. Farida B.