Le pétrole coté à New York et à Londres est monté mardi à la clôture à son plus haut niveau depuis décembre 2014, porté par les anticipations d'une nouvelle baisse des stocks de pétrole dans un rapport attendu mercredi. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, référence américaine du brut, a gagné 1,23 dollar pour finir à 62,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le pétrole américain a même atteint en séance 63,24 dollars, son plus haut prix en séance depuis le 11 décembre 2014. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 68,82 dollars, en hausse de 1,04 dollar par rapport à la clôture de lundi et au plus haut à la clôture depuis la mi-décembre 2014. L'anticipation d'une nouvelle baisse des stocks américains de pétrole brut dans le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) attendu en cours de séance mercredi est "l'une des principales raisons de la hausse significative des prix" mardi, a indiqué Bart Melek de TD Securities. Après "une baisse de 7,4 millions la semaine dernière et de 4,6 millions la semaine précédente", la tendance est clairement à la diminution des stocks, a-t-il remarqué. Les analystes tablent sur un recul des réserves de brut de 3,75 millions de barils, sur une hausse de celles d'essence de 3,25 millions de barils et une augmentation de 2,25 millions de barils de celles de produits distillés, selon la médiane d'un consensus compilé par l'agence Bloomberg.
Production américaine Le marché profite plus généralement de la baisse des réserves de brut à travers le monde qui s'explique en grande partie par les efforts de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le cartel et dix autres producteurs, dont la Russie, se sont fixés fin 2016 des objectifs de limitation de la production pour 2017, et l'accord a été renouvelé jusqu'à fin 2018, ce qui profite aux prix. "Tant qu'on verra les stocks américains fondre et l'Opep respecter ses engagements, le marché estime que le baril peut encore se renchérir", a estimé Gene McGillian de Tradition Energy. La baisse de la production des membres de l'Opep devrait permettre à la production américaine de continuer à augmenter, selon les perspectives mensuelles de l'Agence américaine d'information sur l'Energie publiées mardi. L'EIA prévoit que la production de brut américain franchisse dès le premier trimestre 2018 les 10 millions de barils par jour, et se hisse au quatrième trimestre 2019 à plus de 11 millions de barils par jour, dépassant ainsi la production actuelle de l'Arabie saoudite ou de la Russie. L'industrie américaine n'est pas tenue par l'accord de l'Opep, et ses participants profitent au contraire de la hausse des prix pour relancer des projets de forages qui redeviennent rentables quand le baril s'apprécie. Si la production américaine repart, "cela pourrait décourager l'Opep et la Russie qui pourraient ne pas tenir leurs engagements jusqu'à la fin de l'année", a prévenu Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
Hausse en Asie Les cours du pétrole atteignaient des sommets de deux ans en Asie, portés par les soubresauts géopolitiques et la réduction du nombre de puits en activité aux Etats-Unis. Vers 04H50 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, progressait de 48 cents à 62,21 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, gagnait 41 cents à 68,19 dollars. "Les cours du pétrole continuent de grimper à cause des incertitudes géopolitiques", a relevé Shane Chanel, analyste chez ASR Wealth Advisers à Sydney. "Le plus gros catalyseur pour une nouvelle hausse serait l'escalade des violences en Iran", important producteur de pétrole, a-t-il ajouté. Par ailleurs, selon la société américaine Baker Hughes, le nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis a reculé la semaine dernière de cinq unités, ce qui apaise quelque peu les craintes des investisseurs quant à l'augmentation de la production américaine de pétrole de schiste. Les analystes redoutent que la hausse des cours n'encourage les producteurs américains à augmenter leurs extractions. Les marchés attendent désormais les estimations des stocks hebdomadaires de brut américain de la fédération American Petroleum Institute.
La production US pourrait bientôt dépasser celle de ses rivaux La production américaine de pétrole brut va continuer à augmenter cette année et pourrait même dépasser à moyen terme la production saoudienne et russe, selon les prévisions de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). "La production domestique de pétrole sera très robuste cette année et atteindra de nouveaux sommets", a commenté mardi John Conti, administrateur intérimaire de l'EIA, après la publication d'un rapport mensuel de l'organisation. Dans ce document, l'EIA prévoit une production américaine de brut à 10,04 millions de barils par jour en moyenne dès le premier trimestre 2018, et à 10,27 millions de barils par jour en moyenne sur l'ensemble de l'année. Ce niveau annuel "serait le plus élevé de l'histoire des Etats-Unis, surpassant le précédent record de 9,6 millions de barils par jour établi en 1970", estime l'EIA dans son rapport. La production américaine ne devrait par ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin, anticipe l'EIA, franchissant la barre des 11 millions de barils par jour au quatrième trimestre 2019 avec 11,04 millions de barils par jour en moyenne. Sur l'ensemble de l'année 2019, elle culminerait à 10,85 millions de barils par jour, soit un nouveau record. Ce niveau est supérieur à la production en Arabie saoudite, évaluée par l'EIA à 10,46 millions de barils par jour pour 2016, avant que le pays ne se soumette à un accord de réduction de la production pétrolière liant les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). C'est également davantage que la Russie qui a produit 10,55 millions de barils par jour la même année selon l'EIA, le pays étant également contraint depuis par ce même accord de réduction. Les producteurs américains, non soumis à l'accord de l'Opep et de ses partenaires, profitent de leur côté de la hausse des prix du brut pour relancer des projets d'exploration.