Deux décennies plus tard, l'heure de la revanche a sonné: la Croatie, renversante en demi-finale contre l'Angleterre (2-1 a.p.) voudra venger sa génération 98, contre la France en finale du Mondial-2018, dimanche à Moscou. A l'époque, les coéquipiers de Davor Suker, actuel président de la Fédération croate, avait terminé à la troisième place de la Coupe du monde 1998 après une défaite 2-1 en demi-finale contre la France, sur un doublé de Lilian Thuram. "Thuram... Cela a été le sujet de discussion des 20 dernières années!", confirme Zlatko Dalic, actuel sélectionneur de la Croatie. Mais vingt ans après, la bande de Luka Modric a décroché la première qualification en finale de l'histoire de la jeune nation balkanique.
Le souvenir de Thuram, les retrouvailles de Perisic La sélection aux damiers, a longtemps cru revivre le même cauchemar après l'ouverture du score anglaise de Kieran Trippier sur coup-franc (5e). Mais la Croatie a réussi à forcer son destin grâce à des buts d'Ivan Perisic (68e) pour arracher la prolongation, et Mario Mandzukic (109e) pour faire la décision, sur une passe du même Perisic, désigné homme du match. Être enfin en finale d'un tournoi majeur, c'est déjà une consécration pour la génération d'Ivan Rakitic. Mais la Croatie ne voudra pas en rester là, dimanche dans le même stade Loujniki de Moscou, d'autant plus que le souvenir de Thuram et de la cruelle défaite en demi-finale a traumatisé un pays tout entier... Le défenseur français, qui avait inscrit un doublé sorti de nulle part, ne sera plus là. Mais gare à la nouvelle vague de défenseur-buteur français : après Benjamin Pavard en huitièmes, Raphaël Varane en quarts, c'est Samuel Umtiti qui a fait la différence en demies contre la Belgique. Au tour donc de Lucas Hernandez, seul défenseur à ne pas avoir encore marqué, d'endosser les habits du héros lors de la troisième finale mondiale de l'équipe de France en 20 ans (une gagnée en 1998, une perdue en 2006) ? Quoi qu'il en soit, la sélection de Didier Deschamps, vice-championne d'Europe en titre, partira avec l'étiquette de favori. Mais elle devra faire attention à un homme qu'elle a elle-même enfanté au niveau footballistique: Ivan Perisic. Car si Mario Mandzukic a délivré les 4,1 millions de Croates en marquant le but de la victoire (109e), le grand bonhomme de la rencontre est l'ailier de l'Inter Milan, auteur d'un but et d'une passe décisive, qui a débuté chez les professionnels... à Sochaux. "J'ai eu ma mère au téléphone, elle rêvait que la France et la Croatie jouent la finale, c'est devenu réalité", a-t-il confié mercredi soir.
L'état de fraîcheur physique décisif ? En attendant les retrouvailles, la France, qui a battu la Belgique mardi (1-0), pourra bénéficier d'un jour supplémentaire de repos par rapport à son adversaire. A contrario, la Croatie est venue à bout de l'Angleterre en prolongation (2-1), la troisième qu'elle a disputé dans la phase à élimination directe de ce Mondial, soit l'équivalent d'un match en plus dans les jambes. De là à donner constituer un avantage pour la France ? Car au-delà de l'aspect physique, les Croates ont consommé beaucoup d'influx nerveux avec leurs deux séances de tirs au but d'affilée en leur faveur en huitième contre le Danemark puis contre la Russie en quart. Les coéquipiers de Dejan Lovren ont en effet semblé un peu émoussés contre l'Angleterre, ratant quelques gestes simples a priori. Mais le talent technique global de cette équipe est trop important pour ne pas créer du danger à un moment. France-Croatie sera enfin une histoire de duels. Entre les deux coéquipiers du Real Madrid Modric et Varane, les deux anges gardiens Danijel Subasic et Hugo Lloris, ou encore les deux colosses en pointe Mandzukic et Olivier Giroud. Première ou deuxième étoile, réponse le 15 juillet !