Les cours du pétrole ont terminé en légère baisse lundi alors que des informations de presse évoquent la possibilité que Washington accepte de tempérer un peu ses sanctions contre les exportations de brut iraniennes. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé 25 cents pour terminer à 83,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de novembre a perdu 5 cents pour finir à 74,29 dollars. "Les prix du brut hésitent alors qu'émergent des informations selon lesquelles les Etats-unis seraient encore en train d'envisager des exemptions pour que certains pays puissent acheter du pétrole iranien sans craindre des mesures de représailles de la part des Etats-Unis", a relevé Phil Flynn de Price Futures Group. La menace de sanctions américaines contre les exportations de pétrole iranien, qui doivent entrer en vigueur en novembre, a fait grimper les cours de l'or noir ces dernières semaines, les investisseurs craignant de voir l'offre d'or noir s'assécher sur le marché mondial. Mais l'administration de Donald Trump est toujours en discussion pour accorder des exemptions à certains importateurs, ont affirmé à l'agence Bloomberg deux sources proches du dossier. Jusqu'à présent, les responsables américains affirmaient leur volonté d'imposer une ligne dure visant à réduire à zéro les exportations iraniennes. "Le plus gros des sanctions est déjà intégré aux cours", ont toutefois jugé les analystes de JBC Energy, qui estiment que la baisse récente des exportations iraniennes va être compensée par d'autres producteurs. L'Arabie saoudite et la Russie ont notamment assuré avoir largement ouvert les vannes pour minimiser les conséquences des sanctions américaines. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, a cependant affirmé lundi que les marchés ne croiraient jamais aux prétentions "exagérées" de l'Arabie saoudite sur sa capacité à compenser la perte de production liée aux sanctions américaines. Aux Etats-Unis, l'industrie pétrolière se préparait par ailleurs à l'arrivée d'un nouvel ouragan, qui devrait atteindre les côtes américaines en milieu de semaine. Des plateformes représentant environ 19% de la production de brut dans le golfe du Mexique ont déjà été évacuées, selon le dernier point du Bureau de régulation de l'environnement et de la sécurité (BSEE). Autre possible perturbation de l'offre en Amérique du Nord: une importante explosion, suivie d'un incendie, s'est produite lundi dans une raffinerie de la compagnie Irving Oil, à Saint-Jean au Nouveau Brunswick dans l'est du Canada. Elle produit normalement plus de 300.000 barils par jour.
L'Iran estime que Ryad ne pourra compenser la chute de ses exportations L'Iran a estimé lundi que les marchés ne croiraient jamais aux prétentions "exagérées" de l'Arabie saoudite sur sa capacité à compenser la perte de production liée au prochain rétablissement des sanctions américaines contre le secteur énergétique iranien. Après s'être retiré en mai de l'accord de 2015 sur le nucléaire, Washington doit rétablir début novembre une deuxième série de sanctions contre Téhéran visant spécifiquement ce secteur, laissant présager une possible chute des exportations iraniennes de pétrole. Face à l'hypothèse d'une raréfaction de l'offre, et d'une flambée des prix --un chiffon rouge pour le président américain Donald Trump--, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a récemment affirmé que Ryad était en mesure de compenser les baisses des exportations de brut iranien. "De telles exagérations peuvent plaire à M. Trump, mais le marché n'y croira jamais", a réagi lundi le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, sur Shana, le site d'informations de son ministère. "Ces affirmations résultent de la pression de M. Trump sur les autorités saoudiennes. En réalité, ni l'Arabie saoudite ni aucun autre producteur n'a de telles capacités", a-t-il ajouté. Dans son interview à l'agence Bloomberg publiée vendredi dernier, Mohammed Ben Salmane affirme que son pays a "accompli son travail et plus" en compensant la récente chute d'exportations de pétrole iranien. Le prince héritier saoudien a également indiqué que les exportations iraniennes avaient d'ores et déjà baissé de 700.000 barils par jour (bpj) depuis mai. Il n'existe toutefois aucun chiffre officiel sur le sujet, notamment car l'Iran a commencé à désactiver les appareils de localisation sur certains cargos d'exportation de pétrole depuis le retour des menaces de sanctions, selon des experts. En avril, Téhéran exportait de 2,5 à 2,7 millions/bpj. "Nous exportons deux barils pour chaque baril iranien supprimé ces derniers temps", a encore assuré le prince Ben Salmane à Bloomberg. Mais pour M. Zanganeh, les Saoudiens ont simplement "rouvert leurs vieilles réserves", et leur capacité de production n'a pas augmenté. Les affirmations de Ryad pourraient avoir "un effet psychologique à court terme", mais elles ne signifient pas grand-chose pour les marchés mondiaux, qui ont déjà exprimé leur inquiétude en relevant les prix, a-t-il ajouté.