Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a exhorté mercredi les walis à adopter un nouveau mode de gouvernance, "basé sur l'initiative, l'anticipation, la gestion par objectif et l'approche par résultats", appelant les Collectivités locales à s'acquitter pleinement de leur rôle dans le développement national. Dans un message adressé aux participants à la réunion Gouvernement-walis, dont les travaux ont débuté ce matin à Alger, lu en son nom par le Secrétaire général de la présidence de la République, Habba Okbi, le chef de l'Etat a affirmé à l'adresse des walis et des élus que la Nation algérienne fonde sur vous de grands espoirs, en ce sens que les Collectivités locales sont appelées à s'acquitter pleinement de leur rôle dans le développement national. "J'ai donné des instructions claires pour le renforcement de la décentralisation, la promotion du service public, et pour vous permettre d'assumer pleinement vos responsabilités en matière de gestion des affaires publiques locales", a indiqué le président de la République. Et de poursuivre: "j'attends de chacune et de chacun de vous, de sortir, par votre sérieux et votre persévérance, du cadre routinier et monotone de votre travail de mise en œuvre de programmes publics et de politiques, développés et décidés au niveau central, et d'adopter un nouveau mode de gouvernance, basé sur l'initiative, l'anticipation, la gestion par objectif et l'approche par résultats, rappelant que les grandes lignes de la stratégie nationale sont fixées et connues de tous et qu'elles ont été discutées et examinées à maintes reprises. Cette stratégie repose essentiellement, a rappelé le chef de l'Etat sur: - L'affranchissement de la dépendance à la rente pétrolière et la concrétisation de la diversification économique escomptée à partir des spécificités des collectivités territoriales, - La modernisation et la réhabilitation de notre administration par l'intégration judicieuse des technologies de l'information et de la communication suivant un modèle où l'usager est au cœur de l'approche, - La poursuite des efforts pour la consolidation des acquis du développement humain, en œuvrant davantage à la satisfaction des besoins de nos citoyens, même dans les régions les plus éloignées, ainsi que l'accompagnement de la dynamique économique en garantissant les structures et infrastructures stratégiques nécessaires. - La généralisation des bénéfices du développement socio-économique aux quatre coins du pays conformément aux orientations du Schéma national de l'aménagement durable du territoire, et ce, à travers une organisation administrative et territoriale cohérente et appropriée. - La libération des énergies populaires à tous les niveaux et leur mobilisation autour de notre projet national à travers des approches participatives et des incitations entrepreneuriales, ouvrant la voie devant chaque jeune algérien pour être un acteur clé dans le présent et l'avenir de son pays, écouté et respecté à tous les niveaux et auprès de tous les organismes, publics et privés. - La préservation des constantes de notre identité nationale et la promotion d'une identité singulière du citoyen algérien, une identité qui fasse sa particularité dans un monde en constante mutation accélérée et qui menace de disparition toutes les spécificités au profit de la globalisation, et ce, à travers un renouveau culturel, religieux et linguistique harmonieux avec notre histoire et en phase avec les défis civilisationnels de l'époque. - Le développement de relations internationales équilibrées, cordiales, ouvertes et fidèles aux valeurs de l'Etat algérien de soutien en faveur des causes justes. Un Etat jaloux de sa souveraineté et respectueux de celles des autres pays. Un Etat qui consacre les valeurs de paix et de modération et le respect responsable des libertés individuelles et collectives.
Eviter toute entrave à la concrétisation des stratégies tracées Par ailleurs, le président de la République, a affirmé qu'au moment où les walis et élus locaux s'attèlent d'arrache-pied à la matérialisation des stratégies tracées sur le terrain, "nous constatons la propagation, dans la société, de fléaux représentés par des parasites handicapants pour vous et sabordant vos efforts à des fins malveillantes, et qui s'appliquent, sans vergogne aucune, à imposer des pratiques répréhensibles et condamnables par la loi et la morale, à l'image de la corruption, le clientélisme et la bureaucratie". S'adressant aux walis et élus locaux, il a déclaré "vous êtes confrontés quotidiennement et continuellement aux tentatives de ces éléments dévoyés, qui ne laissent passer aucune occasion dans vos programmes d'action sans essayer de l'exploiter afin de réaliser leurs viles fins dans les différents secteurs d'activité". Ces pratiques, sont les maux les plus dangereux à ronger notre société et les plus grands défis auxquels notre pays fait face à l'heure actuelle. Des pratiques face auxquelles il faut rester intransigeant et que chacun de vous doit combattre de toutes ses forces et par tous les moyens de dissuasion, et soyez assurés de tout mon soutien, a-t-il soutenu. Il a souligné que "ce sont-là, en partie, des agissements qui entravent la concrétisation des objectifs escomptés de notre stratégie et la détournent de sa trajectoire, portant ainsi atteinte à la crédibilité de l'action du pouvoir public et décourageant l'usager du service public dans son engagement et sa mobilisation mais également dans sa confiance envers tout ce que représente le pouvoir public en termes de signification et de valeurs". Le président de la République a conclu en affirmant que "la concrétisation de nos objectifs ne saurait être possible sans l'éradication de ce mal incurable qui tend à se propager davantage. Aussi, autant est-il attendu de vous la matérialisation des grands objectifs de notre politique publique, que leur immunisation contre les manœuvres de cette espèce perfide qui n'a cure des souffrances, attentes et aspirations de nos concitoyens, ni des ambitions de notre pays, et qui n'agit que par pur égoïsme et sordides intérêts".
Cinq axes au cœur de la rencontre gouvernement-walis La réunion Gouvernement-walis, portera sur l'examen de cinq axes liés essentiellement à l'approfondissement de la décentralisation, à l'attractivité du territoire, à la promotion du partenariat Public-Privé, au service public de proximité, ainsi qu'à la modernisation des services et prestations via la numérisation, a indiqué mardi un responsable du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire. Organisée sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la réunion se penchera sur nombre de dossiers intéressant le citoyen, tel les que la rentrée sociale et la saison estivale, a précisé à l'APS l'Inspecteur général du ministère de l'Intérieur, Abderrahmane Sidini. "Ce rendez-vous, désormais une tradition instaurée par le président de la République, se veut une opportunité offerte aux différents services de l'Etat au niveau central pour se réunir avec les walis et examiner les orientations stratégiques du gouvernement, ainsi que les voies et moyens de leur mise en œuvre sur le terrain", a déclaré M. Sidini. Le 1er axe de la réunion portera sur "l'approfondissement de la décentralisation de certaines décisions, aussi bien pour le renforcement des assemblées élues que pour la consolidation des prérogatives décentralisées des services extérieurs des différents ministères et wilayas, un choix adopté récemment par le gouvernement à l'occasion d'une réunion interministérielle afin d'appuyer le processus qui consiste à ne pas concentrer la collaboration uniquement entre les autorités centrales et leurs services externes". Le 2e axe abordera, selon le même responsable, "l'attractivité du territoire, qui est également un thème important, étant donné que chaque territoire local dispose de spécificités et d'atouts qui peuvent être mobilisés, d'autant plus que le gouvernement s'oriente vers l'encouragement de l'attractivité des territoires afin de mobiliser toutes les énergies dans le cadre des orientations du Plan national d'aménagement du territoire". Le 3e axe sera dédié à l'écosystème numérique. La réunion examinera les modalités de la création d'un écosystème numérique homogène entre l'ensemble des secteurs d'activité", d'autant que " plusieurs ministères avaient entamé la numérisation de leurs services publics et administratifs". Le 4e axe concerne, selon lui, le service public de proximité, d'autant que le ministère "s'oriente vers l'adoption des énergies renouvelables et de l'économie amies de l'environnement, ce qui offre l'opportunité d'étudier cette orientation et de réfléchir à la manière de la concrétiser sur le terrain". Quant au 5e axe, il se rapporte à la promotion du partenariat entre les secteurs public et privé, parallèlement à la promulgation du décret exécutif portant délégation de service public (DSP) qui sera appliqué au niveau local pour ouvrir le champ au partenariat public-privé", a poursuivi le même responsable, ajoutant que ce dossier "intéresse tous les départements ministériels et fera l'objet d'étude et d'examen par les walis et au niveau des différentes départements ministériels pour mettre en place les mécanismes nécessaires à son application sur le terrain dans les plus brefs délais". La réunion qui sera marquée cette année par la présence de plusieurs partenaires, à savoir des syndicats, du patronat, des experts, des universitaires, des chefs de daïra et d'Assemblée populaires communale (APC) et de wilaya (APW) ainsi que des associations de la société civile, "en application des principes de la démocratie participative", se penchera sur "l'évaluation de plusieurs rendez-vous annuels importants dans la vie du citoyen comme la rentrée sociale et la saison estivale". Il a souligné que "les régions frontalières sont concernées par cette réunion car en évoquant l'attractivité des territoires, l'on se rapporte aux régions frontalières situées dans le Sud et les Hauts-Plateaux, en sus de celles du Nord, en tenant compte des spécificités de chaque wilaya", rappelant "la stratégie de promotion de ces régions et le programme de développement y afférent que le ministère s'attèle à appliquer, afin de concourir à l'ouverture de nouvelles entreprises économiques vertes génératrices d'emploi". L'Algérie vit actuellement "une phase de transition stratégique sur les plans économique, social et de développement", a fait savoir M. Sidini, précisant que les axes de cette réunion s'inscrivaient dans le cadre de cette "transition et ces orientations notamment en ce qui a trait à la prédéfinition des objectifs, conformément à une approche opérationnelle et une gestion ouverte à l'environnement, à la lutte contre la bureaucratie et à l'amélioration du climat d'investissement", ce qui constitue "le fruit des orientations et programmes du président de la République". Par ailleurs, M. Sidini a rappelé que la réunion gouvernement-walis de 2016 a été consacrée au débat des projets de loi "sur les collectivités territoriales et la fiscalité locale", soulignant que la loi sur les collectivités locales "est soumise au Secrétariat général du gouvernement". Il a rappelé également l'installation d'une commission conjointe entre les ministères de l'Intérieur et des Finances chargée d'établir une mouture finale du projet, adaptée aux exigences de gestion de la fiscalité nationale".
Deux ateliers en débat La problématique de l'action publique sera débattue par l'atelier numéro 1 de la rencontre Gouvernement-walis qui a débuté mercredi à Alger, sous la présidence du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui en présence d'autres membres du gouvernement. L'objectif de cet atelier intitulé "la décentralisation, choix incontournable de l'action publique", vise notamment un "recentrage du rôle de l'Etat et de ses démembrements territoriaux", est-il indiqué dans un document du ministère de l'Intérieur consacré à cette rencontre qui se tient sous le thème "gouvernance décentralisée : pour une collectivité territoriale résiliente, innovante et entreprenante". L'atelier en question se fixe également l'objectif de "clarifier les missions, les compétences et les responsabilités dévolues aux administrations centrales et locales" et de "lever les contraintes qui continuent de peser sur le développement local". Le même atelier cernera également les voies et moyens de "conforter les capacités participatives des collectivités territoriales (wilayas et communes) au processus de développement national" en œuvrant à débarrasser la gouvernance territoriale et locale "des pesanteurs bureaucratiques pour une meilleure efficacité de l'action publique". Il a été relevé que de "nombreuses procédures et décisions administratives qui demeurent centralisées, ce qui a fini par affecter la qualité du service public et freîner les dynamiques économique au niveau local. Par ailleurs l'atelier numéro 2 traitera de la "qualité et durabilité : défis des services publics et de proximité", vise à définir une politique énergétique claire et pérenne au niveau de la commune et créer une offre locale en matière d'énergie renouvelable pour développer le marché. Il table aussi de consacrer un budget annuel pour l'efficacité énergétique ou d'énergie renouvelable selon un plan d'action défini, ainsi qu'un allégement de la contrainte budgétaire des collectivités locales en réduisant leur facture d'énergie.