Les projets d'exportation de blé russe vers l'Algérie semblent se concrétiser progressivement. Au cours du premier trimestre de l'année 2019, la Russie envisage d'y livrer le premier lot d'essai. Au cours du premier trimestre de l'année prochaine, la Russie livrera à l'Algérie son premier lot d'essai de blé, a annoncé dans son commentaire à Sputnik Sergueï Dankvert, chef du Rosselkhoznadzor, la direction de surveillance du ministère russe de l'Agriculture. "En Algérie, des limitations sur les grains punaisés des céréales sont en vigueur. On discute actuellement de l'envoi d'un lot d'essai légèrement punaisé, ils pourront vérifier que cela n'influencera pas les caractéristiques des céréales", a-t-il déclaré. Et de préciser que la livraison était prévue au premier trimestre de l'année prochaine. "Nous avons un accord, le lot est prêt. Il s'agit de deux containeurs de 40 tonnes de céréales au total", a-t-il expliqué. Plus tôt, cette direction du ministère russe de l'Agriculture avait fait savoir que l'Algérie était extrêmement intéressée par l'importation de blé russe.
La Russie détrône la France En effet, les autorités algériennes ont confirmé l'existence de négociations avec la Russie concernant l'importation de blé tendre russe. C'est ce qui ressort de la déclaration faite le 18 octobre par un directeur central du ministère algérien de l'Agriculture, affirmant qu'une délégation de son pays s'est bien rendue en Russie à cet effet. Les négociations entre l'Algérie et la Russie sont à pied d'œuvre sur la question de l'importation de blé tendre russe. C'est ce qu'a confirmé le 18 octobre Kamel Fernah, directeur central au ministère algérien de l'Agriculture, au journal en ligne Al-Araby Al-Jadeed, en soulignant que son pays est décidé à diversifier ses fournisseurs de blé, et qu'il considère sérieusement l'option russe. "Une délégation composée de représentants du ministère de l'Agriculture et de l'Office algérien interprofessionnel des céréales et des experts agronomes s'est déplacée au début du mois en cours en Russie pour amener des échantillons de blé russe, en vue d'en analyser les taux d'ivraie, de poussière et de résistance à l'humidité", a déclaré le responsable. "La délégation algérienne ne se contentera pas d'étudier la qualité du blé, mais prendra aussi en considération les conditions de stockage, de chargement et de transport, qui sont des facteurs déterminants pour apprécier le rapport qualité/prix", a-t-il encore précisé. S'exprimant sur cette nouvelle stratégie des autorités algériennes consistant à ne plus compter sur les fournisseurs traditionnels, à savoir la France, le Canada et l'Allemagne, M. Fernah a souligné que "l'Algérie a le droit de chercher un marché plus compétitif, parce que lier nos besoins dans tout produit à un seul et unique fournisseur finira par nous rendre prisonnier de ce même fournisseur". L'Algérie est extrêmement intéressée par l'importation de blé russe, a indiqué dans un communiqué Rosselkhoznadzor, la direction de surveillance du ministère russe de l'Agriculture, en affirmant que les autorités d'Alger prendraient leur décision incessamment sous peu, après l'analyse d'une cargaison témoin. Le blé n'est d'ailleurs pas le seul produit russe auquel l'Algérie s'intéresse. Selon des sources citées auparavant par les médias russes, Moscou et Alger ont également évoqué les exportations de produits laitiers et de viande bovine russes. Début 2019, la France enverra une délégation en Algérie pour discuter des livraisons de blé dans ce pays nord-africain, relate l'agence Reuters en citant un fonctionnaire du gouvernement français. Selon Reuters, le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, Jean-Baptiste Lemoyne, a demandé à l'agence Business France, qui assure la promotion des groupes français sur les marchés mondiaux, de préparer une visite d'exportateurs français en Algérie au premier trimestre de l'année 2019. Les producteurs français de blé seraient préoccupés par l'intention des autorités algériennes d'ouvrir le marché national de blé tendre à la Russie, toujours selon l'agence, en citant des sources au sein du ministère français de l'Agriculture. L'Algérie, qui a déjà importé du blé russe en 2017, envisage de s'approvisionner totalement en Russie. Un accord ad hoc devrait être signé si les tests sanitaires en cours sont concluants.
Un blé résistant au froid, écologique, riche en protéines Riche en protéines, résistante non seulement aux froidures, mais également aux maladies et n'exigeant aucun emploi de pesticides, cette espèce de blé a été sélectionnée par le spécialiste russe Bagrat Sandoukhadze qui évoque sa découverte pour Sputnik. "Dans vingt ou trente ans, le monde entier demandera des céréales à la Russie. Le pétrole et le gaz seront voués à l'oubli", a affirmé le sélectionneur russe. Là où il y a cent ans il n'était possible de planter que du seigle d'automne, nous voyons pousser aujourd'hui des blés d'hiver de très bonne qualité. Les sélectionneurs de l'Institut Nemtchinovka de recherches en agronomie ont réussi à obtenir des espèces de blé uniques en leur genre qui ne redoutent ni la pluie, ni la neige, ni les insectes ravageurs, ni les maladies. Et ce, en donnant un haut rendement et une bonne qualité. "Nous avons des conditions climatiques rudes, de Kaliningrad jusqu'au territoire du Primorié [Extrême-Orient]. On voulait créer un génotype qui serait adapté à chaque zone", a indiqué à Sputnik le sélectionneur russe Bagrat Sandoukhadze, membre de l'Académie d'agronomie et de l'Académie des sciences de Russie, qui travaille à l'Institut Nemtchinovka. Les résultats ont dépassé les attentes et l'Institut a réussi à sélectionner plus de 130 espèces. "Aujourd'hui, dans la zone qui n'est pas adaptée aux céréales, les gènes des espèces sélectionnées luttent contre le froid et la pluie et arrivent à en réduire les conséquences", a-t-il poursuivi. Tout cela grâce à la recombinaison génétique. "La sélection est le moyen le moins cher d'augmenter le rendement et la qualité", a-t-il fait remarquer. "Notre région [la région centrale] est aujourd'hui la meilleure de la zone des terres non noires par le rendement des céréales alimentaires. Nous avons quadruplé le transport de blé", a-t-il indiqué. Les régions pour l'espèce Moskovski 39 ont été définies en 1994. Aujourd'hui, elle est plantée dans douze régions de Russie. L'année dernière, elle est venue "s'implanter" dans le territoire du Primorié. Bagrat Sandoukhadze insiste: le blé russe "est d'une meilleure qualité" que les céréales européennes. "Dans le monde entier, l'augmentation du rendement va de pair avec la baisse de la qualité. Plus la récolte est élevée, moins bonne est sa qualité. La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne obtiennent des récoltes avec 8% à 9% de protéines, alors que la norme est de 14%", a-t-il poursuivi. Dans les espèces sélectionnées russes, les protéines atteignent 18%, a-t-il ajouté. "Ce blé, qui extrait de l'azote du sol pendant la maturation des graines, est très riche en protéines", a-t-il dit. "Ces espèces n'ont besoin de rien, elles puisent elles-mêmes tout ce qu'il leur est nécessaire." Et sans engrais artificiels, elles deviennent écologiquement pures. "Ces espèces n'ont pas besoin de pesticides. Elles ne sont pas atteintes par des maladies. Nous sommes proches d'une agriculture idéale sans pesticides ni herbicides", a expliqué Bagrat Sandoukhadze. "Les céréales les moins chères de grande qualité pousseront en Russie […] Le prix de revient diminuera de moitié, tandis que la qualité sera meilleure", a-t-il noté. Les espèces européennes ne s'acclimatent pas en Russie en raison des hivers rigoureux. Le pays ne compte aucune espèce de blé d'hiver sélectionné à l'étranger. Le blé d'hiver est "l'unique culture qui ne compte aucune espèce importée". Le blé des chercheurs de l'Institut Nemtchinovka pousse également en Turquie. Vladimir Poutine et le ministre russe de l'Agriculture, Alexandre Tkatchev, ont précédemment constaté que l'agriculture russe avait enregistré un rythme important de croissance. La Russie a toutes les chances de "devenir la première puissance agricole du monde", a estimé Alexandre Tkatchev. L'agence d'analyse russe SovEcon a récemment revu à la hausse ses prévisions concernant les récoltes de céréales en Russie en 2017. Elles devraient atteindre 133 millions de tonnes. En 2016, la Russie a déjà rentré la meilleure récolte de blé de toute son histoire récente, soit 115 millions de tonnes.