Vladimir Poutine s'est prêté, le 20 décembre dernier, au jeu des questions-réponses avec les journalistes lors de sa conférence de presse annuelle. Il a notamment été interrogé sur les Gilets jaunes. Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou, a livré son analyse à Sputnik. Les Gilets jaunes se sont invités dans le débat public russe! À l'occasion de la désormais traditionnelle conférence de presse annuelle, qui a eu lieu le 20 décembre dernier, la question de potentielles manifestations de Gilets jaunes à Moscou a été posée. "Il n'y a pas de raison que le mécontentement s'exprime de la même manière en Russie et en France. Chaque pays a son histoire, ses traditions et ses propres mouvements", explique Claude Blanchemaison, ambassadeur de France à Moscou dans les années 2000. Le diplomate, auteur de Vivre avec Poutine, paru aux éditions Temporis, explique que, si les Gilets jaunes sont la manifestation française d'un mécontentement social difficilement reproductible en Russie, les citoyens russes ont eux aussi des raisons de se plaindre de la baisse du pouvoir d'achat, cristallisé non pas par les prix du carburant, subventionnés en Russie, mais par deux mesures extrêmement impopulaires votées en 2018: "La TVA augmente en Russie et une augmentation de deux points de la TVA diminue d'autant le pouvoir d'achat des citoyens. Il y a en outre une réforme du régime des retraites, qui est la première depuis la fin de l'URSS. Dans tous les pays où on réforme des retraites, on provoque des mécontentements. Quand ces deux mesures ont été rendues publiques, ça a immédiatement provoqué des manifestations dans les grandes villes de Russie", observe le diplomate. Pour autant, l'ancien ambassadeur de France à Moscou considère qu'il est peu probable que le mouvement s'exporte en Russie, même s'il est "perçu comme un risque" puisque, à l'inverse d'Emmanuel Macron, "M. Poutine a la chance de bénéficier d'un taux de popularité élevé, puisque deux tiers des Russes lui sont favorables, lui font confiance." Quant aux thèses selon lesquelles soit la Russie, dans le but d'affaiblir Emmanuel Macron à six mois des élections européennes, soit les États-Unis, en représailles à l'annonce d'une Europe de la Défense, seraient responsables de l'émergence du mouvement des Gilets jaunes, Claude Blanchemaison les balaye d'un revers de la main et déclare: "Je n'y crois pas, tout simplement. Je ne suis pas de ceux qui se rangent parmi les complotistes. Les thèses complotistes me paraissent toujours être des solutions de facilité pour éviter de chercher la véritable explication." D'autant plus que, d'après le diplomate, ces thèses insultent l'intelligence des Français. Il ajoute: "C'est mépriser profondément la population française que de penser qu'elle peut être manipulée de l'extérieur par des services russes ou américains."