Theresa May se prépare à essuyer une défaite aux conséquences imprévisibles mardi soir au Parlement britannique lors d'un vote historique sur l'accord de Brexit qu'elle a négocié pendant de longs mois avec Bruxelles. Dans un appel de la dernière chance, la Première ministre conservatrice a exhorté lundi les députés de la Chambre des communes à bien examiner les quelque 600 pages fixant les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne le 29 mars prochain à 23h00 GMT. Mais tous les observateurs s'accordent à prédire un rejet du projet de traité lors du vote qui débutera à 19h00 GMT. La seule incertitude concerne l'ampleur de ce rejet. Si Theresa May parvient à limiter la casse, elle demandera probablement à Bruxelles de nouvelles concessions dans l'espoir de soumettre à nouveau son plan au Parlement. Mais en cas de large défaite, elle pourrait être contrainte de reporter la date du Brexit et de laisser la porte ouverte à de nouveaux scénarios allant d'un second référendum à la sortie de l'Union européenne sans accord. Dominic Raab, qui a démissionné en novembre dernier de son poste de ministre du Brexit pour marquer son hostilité au projet d'accord négocié par Theresa May, a jugé mardi qu'il était temps pour le Royaume-Uni de se préparer à un "no-deal", une perspective qui effraie de nombreux employeurs britanniques. "Il est temps que nous montrions clairement, par ce vote, que non seulement les termes actuels sont inacceptables mais que nous n'allons pas rester les bras en l'air. Nous allons partir le 29 mars", a dit ce farouche partisan du Brexit.
Trop ou pas assez Pour les Brexiters comme les Remainers, le texte de 585 pages négocié pendant plus d'un an équivaut à céder du pouvoir à l'UE sans obtenir les bénéfices attendus d'une plus grande autonomie. C'est la clause de "sauvegarde" ("backstop") prévue dans le projet d'accord, destinée à empêcher le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord et instituant de fait un statut spécifique pour cette dernière, qui demeure la principale source de blocage. Les dirigeants européens ont promis lundi dans un courrier adressé à Theresa May qu'ils chercheraient les moyens d'empêcher d'activer cette clause de sauvegarde, sans parvenir à convaincre les parlementaires récalcitrants. Le parti unioniste nord-irlandais DUP, sur lequel Theresa May s'appuie pour disposer d'une majorité absolue aux Communes, a déjà averti qu'il voterait contre l'accord. La Première ministre a tenté de persuader les élus indécis à voter en faveur de son accord en soulignant lundi que le rejet de son texte pourrait déboucher sur l'abandon du Brexit plutôt que sur un Brexit sans accord. Elle a également affirmé que ce vote négatif pourrait aboutir à une dislocation du Royaume-Uni et redonner l'initiative à l'opposition travailliste. Dans la foulée d'une probable défaite de Theresa May, le chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, devrait réclamer un vote de défiance contre la chef du gouvernement.
May pourrait forcer un second vote La Première ministre britannique Theresa May forcera un second vote sur l'accord de Brexit à la Chambre des communes en cas de rejet par les députés, rapporte lundi le Sun. Le vote sur l'accord de Brexit, initialement prévu le 11 décembre mais reporté in extremis par Theresa May pour tenter de fournir de nouvelles garanties et de convaincre les députés réticents, doit avoir lieu finalement mardi soir à la Chambre des communes, à deux mois et demi de la date du Brexit (29 mars à 23H00 GMT). En un mois, la situation ne semble cependant pas avoir évolué et un rejet de l'accord de retrait apparaît dès lors comme l'issue la plus probable de ce vote crucial. Selon le Sun, la chancelière allemande Angela Merkel a offert une aide de dernière minute à Theresa May en lui disant que l'Union européenne pourrait faire des concessions supplémentaires si les députés rejetaient l'accord. Ces concessions pourraient inclure de convaincre le chef du gouvernement irlandais Leo Varadkar d'accepter de fixer une date de fin à la clause de sauvegarde ("backstop"), qui cristallise l'opposition de nombre d'élus, précise le journal. L'Union européenne a indiqué à May que le bloc s'était engagé à éviter la mise en place de cette clause, qui vise à empêcher le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande si Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur leurs futures relations commerciales avant la fin de la période de transition post-Brexit en décembre 2020.