En quête d'une accélération des négociations sur le Brexit, la Première ministre britannique Theresa May devait tenter hier de surmonter les réticences de certains de ses ministres sur la question de l'Irlande du Nord lors de la réunion de son cabinet. Lors de cette réunion hebdomadaire, le cabinet devait se pencher sur l'état des négociations avec l'Union européenne et le risque d'un départ sans accord, le scénario du «no deal». Les discussions butent sur les détails du «backstop» (filet de sécurité) qui permettrait de maintenir la frontière ouverte entre la province britannique de l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Il implique le maintien dans l'union douanière et le marché unique de l'Irlande du Nord en attendant la signature d'un accord commercial post-Brexit. Or, Londres redoute que cela contraigne le Royaume-Uni à se plier aux règles commerciales de l'UE pendant des années. Des signes de compromis ont émergé lundi entre le Premier ministre irlandais Leo Varadkar et Theresa May. Le dirigeant irlandais s'est dit prêt à envisager une révision du mécanisme de «backstop» afin qu'il ne dure pas indéfiniment tout en excluant que Londres puisse unilatéralement décider d'y mettre fin, comme le souhaite le ministre britannique du Brexit Dominic Raab et de nombreux autres eurosceptiques du Parti conservateur. Selon le tabloïd The Sun, M. Raab et le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt ont exhorté mardi Theresa May à la fermeté, la prévenant que tout accord avec l'UE qui lierait les mains du Royaume-Uni ne serait pas adopté par les députés. «Il semble que nous nous dirigions vers un no deal», a estimé de son côté sur Twitter Jeffrey Donaldson, député du parti nord-irlandais DUP, dont le soutien est indispensable à Theresa May pour lui assurer la majorité absolue au Parlement. Il en a imputé la responsabilité au gouvernement irlandais. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui s'est entretenu avec Theresa May lundi soir, a qualifié la réunion du cabinet de «très importante», ajoutant que «les négociations vont bon train». «Un sommet spécial (à Bruxelles pour sceller l'accord de divorce) aura lieu dès que la question irlandaise sera réglée et négociée, et j'espère que cela se produira maintenant», a déclaré à la radio Oe1 le dirigeant dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.