Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse vendredi, les perspectives d'apaisement des relations entre Chinois et Américains sur le commerce ravivant l'appétit pour le risque. À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 1,7% à 4.875,93 points, un plus haut d'un mois. Le Footsie britannique a pris 1,95% et le Dax allemand a gagné 2,63%. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 2,14%, le FTSEurofirst 300 de 1,87% et le Stoxx 600 de 1,8%. Sur la semaine, le Stoxx a gagné 2,25% et le CAC 1,98%. Les Bourses européennes ont accentué leur progression en fin de séance après une information du site Bloomberg qui rapporte, en citant des sources proches du dossier, que la Chine a proposé d'augmenter sensiblement ses importations américaines sur les six prochaines années afin de rééquilibrer la relation commerciale entre les deux pays. Cette information nourrit les espoirs de détente dans le dossier commercial suscités par des spéculations sur une levée partielle ou totale des droits de douane imposés aux produits importés de Chine par l'administration américaine. Malgré le démenti du Département du Trésor concernant cette information du Wall Street Journal, les Bourses européennes ont atteint en séance leur plus haut niveau depuis début décembre et Wall Street poursuit sa progression de la veille. "Il est pratiquement impossible d'évaluer de façon raisonnable l'état actuel des relations entre les deux pays", a déclaré Jasper Lawler chez LCG. "Pourtant, le marché est suspendu à chaque nouvelle, ce qui montre à quel point la question du commerce est sensible", a-t-il ajouté.
Valeurs & indicateurs Les indices Stoxx ont tous terminé en hausse, à commencer par les secteurs automobile et technologique qui ont gagné respectivement 2,68% et 2,16%. A Paris, le titre Casino a pris la deuxième place du SBF 120 (+8,29%), le groupe de distribution ayant rassuré sur ses performances de fin d'année. Dans son sillage, le concurrent Carrefour a signé l'une des plus fortes progressions du CAC (+3,71%). En tête du Stoxx, Eurofins Scientific a bondi de 8,7% après un avis favorable de Berenberg qui estime que le marché est devenu "excessivement pessimiste" à l'encontre du laboratoire d'analyses. En baisse, Telecom Italia a chuté de 7,2% à Milan après avoir averti d'une baisse de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) organique en 2018 et de difficultés sur son activité en Italie. Outre la production industrielle, les investisseurs ont pris connaissance d'une baisse plus forte que prévu de la confiance du consommateur américain en première estimation au mois de janvier. A l'agenda européen, les ventes au détail britanniques ont baissé pour la première fois depuis mars durant le dernier trimestre de 2018, confirmant un ralentissement des dépenses de consommation à l'approche du Brexit.
Taux Les perspectives d'un Brexit assoupli et l'espoir d'une résolution pérenne du conflit commercial sino-américain soutiennent les rendements obligataires: le dix ans américain grimpe à 2,79%, un plus haut de trois semaines. Son équivalent allemand a fini en hausse à 0,26%. "Il y a plus de personnes qui disent qu'un deuxième référendum est possible, et même si je crois que c'est plus un espoir que la réalité, c'est un élément qui fait monter les rendements", a déclaré Pascal Segesser, analyste chez DZ Bank. Autre signe de détente, les investisseurs retrouvent de l'appétit pour la dette italienne: le rendement de l'emprunt à dix ans est tombé à 2,724%.
Wall Street profite à plein du regain d'appétit pour le risque La Bourse de New York a fini en hausse pour la quatrième séance consécutive vendredi, toujours portée par les espoirs d'accord entre les Etats-Unis et la Chine sur les droits de douane, qui ont alimenté l'appétit pour le risque et bénéficié à tous les secteurs de la cote, industrie et énergie en tête. L'indice Dow Jones a gagné 336,25 points, soit 1,38%, à 24.706,35. Le S&P-500, plus large, a pris 34,75 points, soit 1,32%, à 2.670,71. Le Nasdaq Composite a progressé de 72,77 points, soit 1,03%, à 7.157,23. Selon l'agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, la Chine a proposé d'augmenter nettement ses achats de produits américains pendant six ans afin de rééquilibrer la balance commerciale entre les deux pays, un effort dont le montant global dépasserait 1.000 milliards de dollars (880 milliards d'euros) d'ici 2024. Jeudi, déjà, le Wall Street Journal avait écrit que le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, envisageait une levée partielle ou totale des droits de douane imposés aux produits importés de Chine vers les Etats-Unis. Un porte-parole du Trésor a toutefois démenti que Steven Mnuchin ait recommandé une telle mesure. "On est de nouveau en mode 'pro-risque'", a commenté Tim Ghriskey, responsable de la stratégie d'investissement d'Inverness Counsel. "On a reçu un rameau d'olivier en provenance de Chine concernant le commerce. A l'évidence, la réaction du marché a été très favorable." Il ajoute toutefois que les volumes d'échanges restent relativement limités, ce qui montre selon lui qu'une partie des investisseurs préfèrent encore rester à l'écart du marché. "L'incertitude persiste sur les négociations commerciales en dépit des rameaux d'olivier", dit-il. Sur l'ensemble de la semaine, le Dow Jones a progressé de 2,96%, le S&P-500 de 2,87% et le Nasdaq de 2,66%. Tous trois affichent ainsi désormais quatre semaines consécutives de progression et le S&P-500, en hausse de plus de 6,5% depuis le début du mois, se dirige vers sa meilleure performance mensuelle depuis mars 2016. Il a réduit à moins de 9% son recul par rapport à son record de clôture du 20 septembre alors que sa chute atteignait 19,8% le 24 décembre. Les marchés financiers américains seront fermés lundi pour le Martin Luther King Jr. Day, férié aux Etats-Unis.
Valeurs & Indcateurs Les informations sur le commerce USA-Chine ont favorisé les valeurs les plus exposées aux tensions commerciales: l'indice S&P de l'industrie a progressé de 1,86% et le Philadelphia SE des semi-conducteurs a pris 2,3%. La hausse a été un peu moins forte pour le compartiment des valeurs technologiques, à 1,49%. Celui de l'énergie (+1,93%) a quant à lui bénéficié à la fois de l'optimisme général et de la nette hausse des cours du pétrole. Dans l'actualité des résultats, les performances ont été plus contrastées: si le géant de l'industrie et des services parapétroliers Schlumberger a bondi de 8,12% après avoir battu le consensus au quatrième trimestre, Netflix a été sanctionné par un repli de 3,99% après une prévision de chiffre d'affaires pour le trimestre en cours jugée décevante. Dans le secteur financier, American Express a pris 1% au lendemain de la publication de ses comptes trimestriels, pourtant marqués par un bénéfice par action en retrait sur les attentes du marché. La saison des publications de résultats va monter en cadence la semaine prochaine avec à l'agenda plus de 50 sociétés du S&P-500. Les analystes ont revu en baisse leurs estimations de croissance des profits pour l'indice phare américain au quatrième trimestre, à 14,2% sur un an contre 20,1% début octobre selon IBES-Refinitiv. Les chiffres mensuels de la production industrielle américaine sont ressortis supérieurs aux attentes, la production manufacturière enregistrant sa plus forte progression depuis dix mois (+1,1%) en décembre. Moins encourageants, les premiers résultats de l'enquête mensuelle de l'université du Michigan sur le moral des ménages montre une chute spectaculaire, la plus forte depuis plus de trois ans, qui ramène son indice de confiance à 90,7, au plus bas depuis octobre 2016.
Taux & changes Sur le marché obligataire, la hausse des actions et les chiffres meilleurs qu'attendu de la production industrielle se sont traduits par une remontée des rendements des emprunts d'Etat: celui des Treasuries à dix ans s'affichait à 2,789% en fin de séance, en hausse de plus de quatre points de base, après un pic de trois semaines à 2,799%. Sa hausse atteint près de neuf points de base sur la semaine, la plus importante depuis la semaine du 2 novembre, selon les données Refinitiv. Soutenu lui aussi par les espoirs de progrès dans les discussions entre Washington et Pékin, le dollar s'est apprécié face aux autres grandes devises: en fin de séance, l'indice mesurant ses fluctuations face à un panier de référence avançait de 0,31%. Il gagne 0,73% sur l'ensemble de la semaine, sa première performance hebdomadaire positive en cinq semaines. L'euro se traitait quant à lui à 1,1363, en baisse de 0,28% contre le billet vert. Quant à la livre sterling, elle cédait du terrain contre le dollar et contre la monnaie unique européenne, effaçant une partie de ses gains de la veille sur fond d'incertitudes quant aux prochains épisodes du feuilleton du Brexit. Les cours du zinc et du cuivre ont touché leurs plus hauts niveaux depuis un mois, les métaux industriels étant portés par les espoirs de détente entre les Etats-Unis et la Chine, premier consommateur de métaux au monde.