La Banque centrale européenne (BCE) restera engagée à maintenir des taux d'intérêt très bas et elle pourrait envisager des opérations de financement au bénéfice des banques, a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Après avoir, le mois dernier, mis un terme à son massif programme d'assouplissement quantitatif (QE), la BCE a confirmé jeudi son intention d'attendre au moins l'été avant d'envisager un relèvement de taux et Mario Draghi a reconnu que les risques pour la croissance de la zone euro étaient désormais orientés à la baisse. L'économie de la zone euro connaît actuellement son plus fort ralentissement depuis cinq ans, ce qui soulève des interrogations quant à la capacité de la BCE à relever ses taux, pour la première fois depuis dix ans, dans le courant de l'année. "Nous resterons, nous euro-système c'est-à-dire la Banque de France, la Banque centrale européenne, nous resterons engagés à maintenir des taux d'intérêt très bas, ce qui est une bonne chose pour l'économie notamment pour les ménages qui empruntent pour leurs projets immobiliers ou pour les entreprises qui investissent" "Progressivement nous réduisons le stimulus monétaire, c'est-à-dire le soutien que nous apportons mais c'est très progressif en fonction de l'amélioration de la situation économique et nous prendrons le temps qu'il faut en fonction de l'évolution de l'activité", a-t-il ajouté, estimant que les Français avaient la "garantie" d'un maintien de financement "très favorable" pour leurs projets. Après Mario Draghi qui avait confirmé jeudi que des opérations de financement à long terme au bénéfice du secteur bancaire (LTRO) avaient été évoquées par le Conseil des gouverneurs, sans qu'une décision soit arrêtée, le gouverneur de la Banque de France a évoqué la possibilité de telles opérations. "Nous pourrions envisager un apport de liquidité ou des opérations de financement pour les banques, cela fait partie de notre boîte à outils", a-t-il dit dans une interview à Bloomberg TV. Ces mesures "ne peuvent être conçues pour des banques ou des juridictions en particulier", a-t-il prévenu, certains analystes jugeant les LTRO principalement favorables aux banques italiennes.
La croissance et l'inflation vont ralentir La croissance économique et l'inflation dans la zone euro pourraient ralentir davantage qu'anticipé jusqu'à présent, montre l'enquête de la Banque centrale européenne (BCE) auprès des prévisionnistes professionnels, qui conforte le scénario évoqué la veille par le président de l'institution. Mario Draghi a en effet averti jeudi, à l'issue de sa première réunion de politique monétaire de l'année, que le passage à vide de l'économie des 19 pourrait être plus long et plus marqué que prévu initialement, un message dans lequel les observateurs ont vu le signal d'un report possible de la première hausse de taux de la BCE. Selon l'enquête trimestrielle auprès des prévisionnistes professionnels (l'un des éléments sur lesquels se sont appuyés les débats du Conseil des gouverneurs jeudi), la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro ne serait que de 1,5% cette année, contre 1,8% prévu il y a trois mois. L'inflation reviendrait à 1,5%, contre 1,7% attendu dans l'enquête précédente, alors que la BCE a pour objectif un taux légèrement inférieur à 2%. A plus long terme, soit à l'horizon de 2023, les prévisionnistes ne voient plus désormais l'inflation dans la zone euro qu'à 1,8%, contre 1,9% en octobre, une projection qui sous-entend que la BCE aura du mal à porter l'évolution des prix vers son objectif. La BCE, qui vient de franchir une nouvelle étape dans la normalisation de sa politique monétaire en arrêtant définitivement ses achats de titres sur les marchés, a répété jeudi prévoir de maintenir ses taux d'intérêt à leur niveau actuel "jusqu'à l'été", laissant ainsi entendre qu'elle pourrait décider au deuxième semestre de sa première hausse de taux. Mais ce scénario est jugé de moins en moins crédible par les investisseurs face aux multiples signes de ralentissement de la croissance: le marché monétaire n'anticipe plus désormais une hausse de taux qu'à la mi-2020. Pour 2020, les prévisionnistes sondés par la BCE prévoient une croissance de 1,5%, contre 1,6% dans l'enquête précédente, et une inflation de 1,6% contre 1,7% il y a trois mois. La prévision de croissance à plus long terme a elle aussi été revue en baisse, à 1,5% contre 1,6%.