La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu sans surprise son principal taux d'intérêt directeur inchangé avant-hier, au niveau historiquement bas de 0,25%, lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire. Cette décision était largement anticipée malgré le nouveau ralentissement de l'inflation en zone euro. La hausse des prix s'est élevée à 0,8% en décembre, selon un chiffre provisoire publié mardi, après 0,9% en novembre et 0,7% en octobre. Soit loin de l'objectif poursuivi par la BCE d'une inflation proche de 2% à moyen terme. "La situation est indubitablement inconfortable" pour la BCE et "elle aimerait certainement voir l'inflation revenir au-dessus de 1% le plus tôt possible", a souligné Howard Archer, chef économiste Europe chez IHS Global Insight. Le principal taux directeur de la BCE avait été abaissé d'un quart de point en novembre à 0,25%, face au niveau de l'inflation. Et la BCE a promis de le garder à ce niveau faible ou de l'abaisser encore si nécessaire. Mais malgré les craintes exprimées par certains économistes de voir la zone euro plonger dans la déflation -spirale de baisse des prix, des salaires et de l'activité qui viendrait compromettre la modeste croissance observée depuis le printemps-, le président de la BCE, l'Italien Mario Draghi, devrait répéter que l'institution monétaire de Francfort n'envisage pas ce scénario lors de sa conférence de presse mensuelle de politique monétaire. Les crédits, sujet majeur d'inquiétude De l'avis des analystes, M. Draghi ne devrait pas non plus annoncer de nouvelles mesures de soutien à l'économie de la région, à la faveur de quelques signaux au vert tels qu'un meilleur moral affiché par les entreprises et les ménages, une stabilisation du chômage -à un niveau toutefois élevé de 12,1% en novembre- et la hausse de l'activité privée. Mais il devrait répéter une nouvelle fois que la BCE est prête à agir si le besoin s'en faisait sentir, notamment face à son autre sujet d'inquiétude majeur, le recul persistant des crédits accordés par les banques aux entreprises de la région. Pour y remédier, elle a énuméré plusieurs mesures possibles mais aucune n'est dénuée de risque et ne semble avoir les faveurs de l'ensemble du conseil des gouverneurs, qui vient d'accueillir un 18e membre avec l'entrée de la Lettonie dans la zone euro le 1er janvier. L'idée de porter son taux de dépôt -qui stationne à 0% depuis un an et demi- en territoire négatif se heurte notamment à la crainte d'un retour de bâton avec des banques faisant porter ce coût aux ménages et entreprises. Un nouveau prêt à long terme (LTRO) aux banques a aussi été évoqué mais la BCE veut s'assurer que cet argent serve vraiment à prêter aux entreprises, contrairement aux deux précédents fin 2011 et début 2012. Quant à la possibilité d'acheter directement des actifs sur le marché secondaire, certains de ses membres, dont le patron de la banque centrale allemande, y sont fermement opposés. Toutefois, l'inaction affichée pour sa première réunion de l'année ne devrait pas durer, de l'avis des analystes. "La faiblesse persistante de la croissance économique, une monnaie forte aux effets nuisibles et les conditions de liquidités médiocres vont maintenir la pression sur la banque centrale pour qu'elle prenne de nouvelles actions pour soutenir la reprise fragile de la région", estime notamment Jonathan Loynes, de Capital Economics.