En 2008, contrairement aux années précédentes, l'économie américaine semble affaiblie. Pour l'instant, rien ne permet de savoir si la croissance d'économies comme celle de la Chine en sera affectée. Cela étant, comme les Etats-Unis sont un important débouché pour les exportations chinoises, l'affaiblissement de l'économie américaine fait redouter un impact défavorable sur la croissance économique de la Chine et, de ce fait, sur la demande de matières premières. Les Etats-Unis étant le premier consommateur mondial de la plupart des matières premières industrielles, tout ralentissement de la consommation de matières premières risque d'avoir des répercussions sensibles sur leur prix ,ces répercussions ne seraient toutefois pas aussi graves que ne le pense le marché, et la demande de matières premières devrait rester forte en 2008. Du côté de l'offre, certains observateurs craignent qu'un accroissement de la production n'atténue la contraction actuelle du marché et n'entraîne une baisse des prix. Ces six dernières années, les analystes ont constamment surestimé l'offre et, selon nous, tel sera encore le cas en 2008. En effet, l'augmentation de la production a été plus lente que prévu du fait de l'allongement des délais de mise en place des nouveaux équipements, et des interruptions imprévues de l'approvisionnement ont réduit l'offre existante, ce qui a neutralisé le surcroît de production qui aurait pu provenir de nouvelles installations. De plus, le développement insuffisant des infrastructures a créé des goulots d'étranglement, comme les ports australiens ou sud-africains. Le contexte d'une forte demande et d'une offre tendue a amené les sociétés minières à s'observer avec intérêt, considérant un rachat comme le moyen le plus efficient d'accroître leur production. Le renchérissement du coût des facteurs de production et le manque d'équipements ont alourdi le coût en capital d'un accroissement de la production, tandis que le pessimisme du marché concernant les prix futurs s'est traduit par une décote des valeurs minières. Une vague de concentration s'est propagée dans tout le secteur à mesure que les entreprises minières prenaient conscience qu'il leur coûtait moins cher d'acheter que de construire. Actuellement, deux rachats font ainsi les gros titres: l'offre de BHP Billiton sur Rio Tinto et l'éventuelle OPA de Vale sur Xstrata. Les deux géants qui en résulteraient pourraient contrôler ensemble près de 30% des volumes de métaux mondiaux. Le secteur minier en serait renforcé, car la gestion plus disciplinée de ses entreprises pourrait lui permettre d'éviter les flambées soudaines, suivies de fortes baisses, qui ont caractérisé les cycles précédents. De plus, les entités issues du rapprochement auraient un plus grand pouvoir de détermination des prix, notamment pour les matières premières en vrac. En tant que principal consommateur mondial de minerai de fer, la Chine s'inquiète d'un rapprochement de BHP et Rio qui deviendraient ainsi le premier producteur mondial. Elle rachète donc de plus en plus d'actifs miniers en vue d'assurer son approvisionnement et de se couvrir contre une augmentation des prix. Les investisseurs sont donc confrontés au dilemme suivant: les sept dernières années sont-elles le résultat d'un cycle normal, quoique légèrement prolongé, du marché des matières premières ?