Au cinquième vendredi consécutif des marches populaires contre le système en place, la rupture entre le pouvoir et le peuple semble bien consommée. Une réalité que les décideurs en haut lieu feignent d'entendre chacun y tient à ses positions. Le pouvoir s'accroche à son idée de transition à travers le prolongement du mandat du Président alors que la rue à travers une très forte mobilisation de masse continue pacifiquement à exiger le départ de tout le " système ".Vendredi les manifestants à travers tout le pays se sont révélés une fois de plus attachés à leurs demandes et aux mêmes mots d'ordre : " départ du Président Bouteflika ", " départ de tout le système ".Au cinquième vendredi du " hirak ", la rue n'a pas renoncé à ses revendications démocratiques légitimes pour la transformation politique de la gouvernance du pays. Alors ? Alors l'Algérie ira probablement dans son train d'aujourd'hui en attendant une meilleure conjoncture politique historique. Alors ? Alors l'Algérie a besoin de profonds changements. Tout le pays, tous les citoyens, toutes les catégories de la société civile se disent attendre une meilleure conjoncture politique, une nouvelle démocratie, une nouvelle génération politique. Ces clameurs populaires sont malheureusement ignorées par le pouvoir qui tient à sa période de transition et au lieu de se consacrer à faire baisser la tension et répondre à la rue, il s'attèle à la promotion de son " plan de travail " auprès des grandes puissances étrangères. Une démarche rejetée par les Algériens qui voient en cela une ingérence dans les affaires internes du pays. Le message des marcheurs a été plus clair vendredi : l'amorce d'une période importante de l'histoire moderne de l'Algérie largement caractérisée par un état d'esprit social et démocratique. Le sort de l'Algérie a cessé d'être le monopole d'un clan au pouvoir " c'est à nous de façonner l'avenir du pays " ont scandé les manifestants à travers tout le pays. Au cours de ces cinq marches populaires depuis le 22 février dernier, l'indicateur de l'opinion publique, de l'opinion populaire a montré une telle cohérence. L'absence de division publique sur le " changement radical du système " est très révélatrice et exige de fait un débat politique de manière approfondie avec les acteurs, la société civile et la classe politique. Une somme d'ingrédients à mettre en œuvre afin que la notion de démocratie soit, a priori, familière à tous. Les marcheurs se sont dits pour un " Etat démocratique " qui suppose un " Etat de droit " qui tire sa source dans le contrat social où l'avenir de l'Algérie va dépendre du peuple. La mobilisation populaire dans son sillage a brisé le mur de la peur et du silence pour exiger un processus démocratique et l'obligation pour les "décideurs " du moment de satisfaire cette demande populaire sans détour, sans autres considérations…La réponse négative du pouvoir qui semble dire qu'il est mal disposé à faire des concessions, se combine davantage en un seul état d'esprit dans la conscience des manifestants : " Qui dirige le pays ? et comment sera fait demain " ? Sur quel fondement constitutionnel le Président a-t-il d'autorité prolongé son mandat actuel au-delà de son expiration constitutionnelle le 28 avril prochain, se demandent les manifestants. L'opinion publique en général vit au quotidien dans l'angoisse, une grande tension, de voir les " décideurs " impuissants à écouter les attentes démocratiques des marcheurs pour la reconstruction de l'Etat à travers un nouveau modèle, un nouveau système, l'Etat de l'espoir et si cela ne tenait qu'aux Algériens, il y a longtemps que l'Algérie aurait eu un authentique Etat de droit, un véritable pouvoir émanant de la volonté souveraine du peuple et qui pourrait être aussi un moyen fort d'assainissement politique.