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Le choix du destin de l'Algérie
Publié dans Le Maghreb le 20 - 03 - 2019


La signification des marches populaires rejetant la prolongation du mandat du Président Bouteflika et même l'identité de la démocratie exprim ée par la rue, par la jeunesse en particulier, est mal traduite par le pouvoir. A toutes ces revendications populaires de changement du système se substituent déclarations et messages qui laissent place à l'incertitude. On a l'impression que la communication pratiquée par le pouvoir ne tient pas " rigueur " de la prise de conscience de la jeunesse qui tient à s'octroyer la démocratie en toute souverainet é. Les décideurs du moment devraient reconnaître que c'est ici, un réflexe pacifique qui se généralise dans la société. Les manifestants qui envahissent la rue puisent les ressources qui leurs sont nécessaires dans un climat parfaitement patriotique pour appréhender la démocratie ouvrant peut-être sur le changement du système politique en vigueur et qui a souvent occulté la voix du peuple. Les solutions avancées jusqu'à présent pour un retour à la " raison " ne sont pas accept ées par les marcheurs du " hirak " qui exigent que les vrais décideurs du moment s'y mettent avec plus d'engagement et répondent sans détour aux doléances politiques hissées depuis la première marche populaire du 22 février dernier. Des réponses claires car c'est le grand défi que devra relever la nation pour les générations actuelles et futures à savoir : la construction d'un Etat fort et juste au service des citoyens, l'accès à la justice sociale pour tous, par la sécurité des personnes et des biens, par la protection des ressources naturelles et par leur exploitation raisonnée et rationnelle afin qu'elles servent au développement du pays et non plus à certains comme sorti des clameurs des marches populaires. Le pouvoir ou les décideurs du moment devraient reconnaître sans autres consid érations que la majorité des Algériens s'est conscientisée que c'est de l'avenir de l'Algérie qu'il s'agit, que la jeunesse doit s'intéresser et s'impliquer aux questions de la démocratie, aux questions qui touchent son pays et qu'elle a désormais un rôle majeur à jouer dans la vie du pays. Une expression collective conjuguée à une démonstration et une organisation pacifique des marches populaires qui rejette catégoriquement le " plan de travail " annoncé pour une sortie de crise. Les masses dans la rue ont fait connaître aux décideurs du moment une opinion irrévocable et démontré que cette opinion est partagée par toutes les franges de la société qui appellent au changement radical à tous les niveaux. Une tempête qui soit compatible avec la démocratie ; c'est sur cette logique que les manifestants se mobilisent et se disent constituer une majorité populaire sans aucune position partisane. Que d'aucuns se posent au moins la question de savoir ce qui est la bonne solution pour sortir de cette impasse. La plupart des observateurs imputent au pouvoir d'avoir au cours de ces dernières années fait " cavalier seul " et ignoré totalement sa proximité avec le peuple. Les descentes en masse du peuple dans la rue pour faire entendre la voix de la démocratie, de l'alternance au pouvoir ne sont-elles pas la preuve que la société algérienne pâtit des errements de ce pouvoir irresponsable qui continue de refuser les aspirations populaires qui désormais se fondent sur le choix du destin de l'Algérie sous la coupe d'une nouvelle république. C'est la somme d'expressions exprimées et soulevées par les manifestants depuis le 22 février dernier. La fré- quence des slogans utilisés à travers toutes les régions du pays est là pour répondre à des situations diverses qui ne correspondent pas aux aspirations démocratiques de la société algérienne, la jeunesse en particulier. Celle-ci s'est mobilis ée spontanément qualifiant sa réaction de légitime pour remettre à zéro la reconstruction de l'Algérie sur le plan politique, démocratique, économique et social. Le fait qu'il y a un statu-quo, la crainte de répondre sur des sujets sensibles qui inté- ressent la société peut apparaitre comme plus inquiétant. Les mêmes observateurs laissent entendre que le pouvoir en place depuis 2O ans ne tient pas à donner une autonomie et une influence réelle de cette majorité populaire pour gérer démocratiquement la période de transition annoncée. Cependant, tout indique que l'approche intermédiaire entre le pouvoir actuel, d'une part, les citoyens et la classe politique, d'autre part, est grippée et que la solution de la crise actuelle laisse place à une force qui usurpe les aspirations populaires démocratiques et politiques.

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