Les Bourses européennes ont marqué une pause jeudi après avoir atteint des pics de plusieurs mois la veille, l'espoir d'un accord commercial prochain entre les Etats-Unis et la Chine ayant été tempéré par des nouvelles inquiétantes sur la croissance en Allemagne. À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,09% à 5.463,8 points alors qu'il avait touché un plus haut de six mois mercredi. Le Footsie britannique a cédé 0,22% tandis que le Dax allemand prenait 0,28%, soutenu encore par la hausse du segment automobile (+0,71%). L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,19% mais le FTSEurofirst 300 a abandonné 0,21% et le Stoxx 600 s'est replié de 0,27%. Les indices américains évoluent sans grand changement à la clôture des marchés en Europe. Le Dow Jones prend 0,45%, dopé par la progression de Boeing et de Walt Disney, ce dernier profitant d'une reprise du suivi de Goldman Sachs à "achat". Le S&P 500 recule de 0,03% et le Nasdaq Composite cède 0,17%. Des informations de presse avaient rapporté qu'une date pour un sommet entre les présidents américain et chinois pourrait être annoncée à l'issue de cet entretien mais un responsable de l'administration Trump a démenti. Si l'optimisme persiste sur ce dossier, les espoirs des derniers jours sur la conjoncture, nés de signes de reprise de la croissance en Chine, se sont essoufflés après l'annonce d'une chute (-4,2%) inattendue des commandes à l'industrie en Allemagne. "Malgré les alertes en provenance d'un certain nombre d'enquêtes, les PMI manufacturiers notamment, le chiffre est une douche froide", observe Véronique Riches-Flores, économiste chez RF Research. "A brève échéance donc, la récession industrielle allemande semble bien partie pour se prolonger".
Valeurs Commerzbank a gagné 2,8% après une information du Financial Times selon laquelle la banque italienne UniCredit (-0,66%) préparerait une offre d'achat. Deutsche Bank, sur les rangs pour reprendre la deuxième banque d'Allemagne, a perdu 0,82%. L'indice Stoxx des banques a gagné 0,19%. Après avoir chuté dans la matinée, le géant danois du transport maritime A.P. Moller-Maersk (+5,44%) s'est retourné à la hausse et a même terminé en tête du Stoxx 600 en réaction à l'annonce de la scission de son unité de forage en une entité cotée. A Paris, Casino a reculé de 3,46%, en queue de peloton du SBF 120, après l'abaissement de la recommandation de Morgan Stanley, la banque américaine ayant revu en forte baisse ses estimations pour les activités françaises.
A Wall Street, Le S&P se rapproche d'un pic de 6 mois Les indices de la Bourse de New York ont fini pour la plupart en hausse jeudi - le Nasdaq seul enregistrant un très faible repli, tandis que le S&P-500 s'est rapproché d'un pic de six mois - dans l'attente d'en savoir plus sur l'évolution des négociations sur le contentieux commercial sino-américain. Le président américain Donald Trump, accueillant jeudi le vice-Premier ministre chinois Liu He, qui mène pour la Chine les négociations commerciales avec les Etats-Unis, a assuré que les deux premières puissances économiques de la planète étaient "très proches" d'un accord mais que ce n'était pas encore fait. Des progrès sont obtenus à un rythme rapide, a-t-il ajouté, mais des obstacles demeurent, notamment sur les droits de douanes et sur la propriété intellectuelle. Liu He a lui aussi fait état de progrès. "Regardez les chiffres des inscriptions au chômage et en plus il y a des progrès en puissance vers un accord commercial", a dit Shannon Saccocia (Boston Private). "C'est pour cela qu'il y a eu encore une progression" des cours. L'indice Dow Jones a gagné 166,50 points, soit 0,64%, à 26.384,63 points. Le S&P-500, plus large, a pris 5,99 points (0,21%) à 2.879,39 points. Le Nasdaq Composite a cédé 3,77 points (0,05%) à 7.891,78 points, mettant un terme à cinq séances de hausse d'affilée. Le S&P a inscrit son plus haut niveau de clôture depuis le 9 octobre. L'espoir d'un accord commercial entre Washington et Pékin soutient cet indice depuis le début de l'année et il a aligné les clôtures en hausse cette semaine, au point qu'il est à moins de 2% de son record, à 1,8% exactement avec sa performance de jeudi. Mais l'évolution de la conjoncture mondiale vient quelque peu doucher l'enthousiasme, surtout lorsque l'on a appris que les commandes à l'industrie allemande ont subi en février leur recul le plus marqué depuis plus de deux ans. Cette statistique décevante faite suite à deux autres, propres aux Etats-Unis, qui l'ont été aussi décevantes, mercredi: le secteur privé a créé moins d'emplois que prévu en mars et la croissance du secteur des services n'a pas répondu aux attentes. En revanche, les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ont été bien plus encourageantes et les investisseurs auront une vision plus claire de la situation de l'emploi vendredi avec la publication de la statistique de mars. On attend 180.000 emplois créés ce mois-là après les maigres 20.000 de février. Le volume a représenté 6,33 milliards de titres échangés contre une moyenne de 7,37 milliards sur les 20 séances précédentes.
Valeurs Le Nasdaq a subi la pression de Tesla, dont l'action a cédé 8,23% en raison d'une chute de 31% des livraisons au premier trimestre, imputable à des délais de transit rallongés en Chine et en Europe. Tesla a aussi pesé sur l'indice des valeurs high tech qui a laissé 0,44%, plus forte perte sectorielle de la journée mais sept des 11 grands indices sectoriels ont terminé eux dans le vert. La hausse de Facebook (+1,43%), à la suite du relèvement de la recommandation de Guggenheim de "neutre" à "acheter", a porté l'indice des communications qui a gagné 0,66%. Boeing a avancé de 2,9%, contribuant le plus aux gains du Dow Jones et de l'indice S&P des industrielles (+0,60%). Les pilotes du Boeing 737 qui s'est écrasé le mois dernier en Ethiopie ont bataillé pour tenter de stabiliser manuellement l'appareil, qui a plongé vers le sol lorsqu'ils ont rebranché le logiciel ordonnant à l'avion de piquer en raison de capteurs défectueux, montre un rapport préliminaire d'enquête publié jeudi. Pour Morgan Stanley, ce rapport annihile sans doute l'hypothèse du pire, celle d'une toute autre cause à l'accident, celle évoquée faisant déjà l'objet d'une procédure de réparation par l'avionneur. Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis sont tombées au plus bas depuis plus de 49 ans la semaine dernière, soulignant la vigueur du marché du travail en dépit du ralentissement de la croissance économique.
Taux Dans l'attente des dernières nouvelles sur le front des négociations commerciales, les rendements des Treasuries ont modérément fléchi. Celui des 10 ans laissait 0,4 point de base à 2,513%, après avoir inscrit la veille un plus haut d'une semaine et demie de 2,528%. Les rendements obligataires mondiaux ont monté cette semaine en réaction à des chiffres économiques encourageants, surtout de Chine, alors qu'ils étaient plus mitigés pour les Etats-Unis et l'Europe. D'où l'importance de la statistique de l'emploi qui paraîtra demain et notamment de sa composante salaires, pour lesquels une croissance de 0,3% est anticipée en mars, un peu moins que le taux de 0,4% de février. Le Trésor américain a annoncé qu'il placerait la semaine prochaine pour 78 milliards de dollars de papier à trois, 10 et 30 ans. Le rendement du Bund allemand se situe juste sous le seuil de 0% après être repassé brièvement mercredi en territoire positif en réaction aux nouvelles peu encourageantes sur le front de l'économie allemande. Outre les commandes à l'industrie, les principaux instituts allemands de conjoncture économique ont abaissé jeudi à 0,8% leur prévision de croissance en Allemagne cette année, contre 1,9% auparavant.
Changes L'euro se stabilisait face au dollar après avoir fléchi dans le courant de la journée en raison de la faible statistique industrielle allemande et d'une information de Reuters touchant l'Italie. Des sources gouvernementales et politiques ont dit à Reuters que le gouvernement allait sans doute réduire ce mois-ci sa prévision de croissance de 2019 à 0,3% ou 0,4%, contre un objectif initial de 1%, et relever l'objectif de déficit budgétaire à 2,3% du PIB environ, au lieu de 2,0% visés précédemment. L'euro se traite stable à 1,1220 dollar. Il avait touché le 7 mars dernier un seuil de 1,1174 dollar qui, s'il était enfoncé, l'amènerait à ses niveaux les plus bas depuis juin 2017. La publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne n'a pas réservé de surprise et n'a eu par conséquent aucun impact sur la devise unique. De son côté, la livre sterling a accru ses pertes face dollar et à l'euro en fin de journée avec les incertitudes persistantes sur le Brexit. Le Royaume-Uni pourrait demander la semaine prochaine à l'Union européenne un long report de la date du Brexit si les négociations de crise entre la Première ministre Theresa May et le chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, n'aboutissaient pas à un accord susceptible de sortir le pays de l'impasse politique.