Le chef du conseil militaire soudanais, Abdel-Fattah al-Burhan Abdel-Rahman, a annoncé samedi la levée du couvre-feu et la libération des manifestants arrêtés lors des derniers évènements, tout en s'engageant à la formation d'un gouvernement civil après des consultations avec l'opposition. Le chef du conseil militaire de transition, Abdel Fattah al-Burhan Abdel-Rahman, qui a succédé vendredi au ministre de la Défense, Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf, a annoncé la levée du couvre-feu, instauré jeudi dernier, la libération de tous les manifestants arrêtés ces dernières semaines et promis d'"éliminer les racines" de l'ancien régime du président Omar el-Bachir, ont rapporté des médias locaux. Lors son discours à la nation retransmis en direct à la télévision d'Etat, deux jours après le renversement d'al-Béchir par l'armée, il s'est également engagé à faire juger les personnes qui ont tué des manifestants, ont poursuivi les mêmes sources. Un gouvernement civil sera formé après des consultations avec l'opposition et la période de transition ne dépassera pas deux ans, a-t-il en outre assuré. Le président du Conseil de transition soudanais a annoncé la fin du couvre-feu, ainsi que la dissolution des gouvernorats des régions du pays. "J'annonce la fin du mandat des gouverneurs et que cette tâche incombera aux chefs des régions militaires chargés de gérer les affaires de l'Etat", a-t-il précisé. "Une invitation ouverte au dialogue pour tous les secteurs de la société, les partis politiques et les organisations de la société civile sera adressée sous peu", a-t-il également fait savoir invitant "toutes les parties à s'asseoir à la table du dialogue pour parvenir à la paix et à la coexistence pacifique et à la stabilité du Soudan, conformément aux aspirations des populations". Le Conseil militaire de transition soudanais s'est engagé, dans ce contexte, à instaurer un régime civil pendant une période transitoire de deux ans maximum, au cours de laquelle le pouvoir de l'Etat sera confié à un gouvernement civil formé par le peuple. Abdel-Fattah al-Burhan Abdel-Rahman a prêté le serment constitutionnel vendredi en tant que président du Conseil militaire de transition au Soudan, succédant au ministre de la Défense, Awad Mohamed Ahmed Ibn Auf, qui a annoncé sa démission plus tôt dans la journée. Ce dernier avait annoncé jeudi la destitution du président Omar al-Béchir et de son gouvernement, avant de prendre la tête du Conseil militaire de transition destiné à diriger le pays pendant une période de deux ans. "Moi, président du Conseil militaire de transition, annonce ma démission de ce poste (...) J'annonce la désignation du lieutenant-général Abdel-Fattah al-Burhan à la présidence du conseil militaire de transition", a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé par la télévision officielle. Depuis le 19 décembre dernier, le Soudan est le théâtre de manifestations populaires contre la détérioration de la situation économique et la hausse des prix des produits de première nécessité.
Le chef du conseil militaire promet de rendre le pouvoir aux civils Le nouveau chef du conseil militaire soudanais qui a déposé le président Omar Hassan el Béchir a promis samedi qu'un gouvernement civil serait formé après des consultations avec l'opposition et que la période de transition ne dépasserait pas deux ans. Le général Abdel Fattah al Bourhan Abdelrahman, qui a succédé vendredi au ministre de la Défense et dont c'était la première allocution télévisée, a par ailleurs annoncé la levée du couvre-feu nocturne décrété par son prédécesseur et la libération de tous les détenus arrêtés en vertu de l'état d'urgence proclamé par le président déchu. Les organisateurs des manifestations qui ont entraîné l'éviction d'Omar el Béchir ont toutefois lancé un appel à la poursuite de la mobilisation. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant le ministère de la Défense, selon un journaliste de Reuters sur place. Un témoin a fait état de coups de feu aux abords du ministère. Il s'est ultérieurement avéré qu'il s'agissait de célébrations. Salah Abdallah Mohamed Saleh, chef des services de renseignement, avait auparavant renoncé à ses fonctions. La veille, le ministre de la Défense Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf, qui avait pris la tête du conseil militaire, avait lui aussi annoncé sa démission. Plus connu sous le nom de Salah Goch, l'ex-directeur du puissant Service de renseignement et de sécurité national était considéré comme la personnalité la plus influente après le président déchu. Le général Abdel Fattah al Bourhan Abdelrahman, qui serait plus ouvert au dialogue avec les manifestants, a accepté sa démission, selon l'agence de presse officielle Suna. "Les islamistes ont maintenant perdu le contrôle et sont sous le choc. Leur capacité à exercer une influence de manière organisée au sein de l'appareil d'Etat semble faible", a commenté le politologue soudanais Khalid al Tidjani.
Craintes de scission de l'armée "Les changements au Soudan sont dus à la pression exercée par les manifestants et l'armée, ainsi qu'à la crainte au sein de l'état-major d'une scission des forces armées", a-t-il ajouté. Peu connu des Soudanais, le nouveau chef du conseil de transition occupait jusqu'ici le troisième rang de la hiérarchie militaire. En tant que chef d'état-major de l'armée de terre, il avait la responsabilité du contingent soudanais engagé au Yémen dans la coalition sous commandement saoudien et entretient à ce titre des relations étroites avec de hauts gradés de la péninsule arabique. La démission de son prédécesseur samedi soir a donné lieu à des célébrations dans les rues de Khartoum. "Aujourd'hui, nous continuons à défiler pour faire triompher notre révolution", annonce dans un communiqué l'Association des professionnels soudanais (APS), mouvement à l'origine des manifestations qui ont provoqué la destitution d'Omar el Béchir. "C'est un pas dans la bonne direction et une reconnaissance des revendications des masses qui nous rapproche de la victoire", s'était félicité la veille son porte-parole Rachid Saïd. "Nous sommes déterminés à obtenir la mise en œuvre des demandes que nous avons transmises à l'armée. Nous invitons les masses à rester dans les rues jusqu'à leur application", a-t-il déclaré à Reuters. Au moins 16 personnes ont été tuées et 20 autres blessées par des balles perdues lors des manifestations et sit-in organisés jeudi et vendredi, a déclaré samedi un porte-parole de la police, précisant que des bâtiments gouvernements et des propriétés privées avaient été attaqués. "La police regrette que ces incidents se soient produits", a souligné Hachem Ali dans un communiqué. Il a appelé la population civile à ne pas bloquer les routes et à respecter les lois afin de garantir la sécurité de tous.