La contestation populaire continue au Soudan. L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation qui secoue le pays depuis décembre, a exhorté dimanche le Conseil militaire, mené par le général Burhane, à transférer «immédiatement» le pouvoir à un gouvernement civil. L'ALC a aussi demandé que le gouvernement de transition futur et les forces armées, traduisent en justice le président déchu, ainsi que les responsables du puissant service de renseignement (NISS), dont les agents ont mené la répression de la contestation, qui a entraîné la mort de dizaines de personnes. Les appels de pays occidentaux à une passation rapide du pouvoir aux civils, se sont multipliés depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Burhane, vendredi. Dimanche soir, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont, notamment, appelé les militaires à entamer un dialogue avec toutes les parties du pays. De son côté, le nouvel homme fort du Soudan s'est engagé «à instaurer un gouvernement entièrement civil», mais sans donner de calendrier. Le Conseil militaire de transition a assuré vendredi 12 avril, lors d'une conférence de presse, vouloir dialoguer avec toutes les «entités politiques». Dimanche dans la journée, le Conseil militaire a rencontré différents partis politiques, et les a appelés à se mettre «d'accord sur une personnalité indépendante qui deviendrait premier ministre et sur un gouvernement civil». Une délégation de dix représentants des protestataires avait communiqué samedi, une série de demandes aux militaires, selon l'ALC. Parmi celles-ci, la restructuration du NISS, dont le chef, le redouté Salah Gosh, avait démissionné quelques heures plus tôt. Plus tard dans la soirée, le Conseil militaire n'avait pas directement répondu à ces revendications, mais a annoncé la nomination d'un nouveau chef du renseignement. Samedi, le général Burhane avait promis «d'éliminer les racines» du régime de Béchir, au pouvoir durant trois décennies. Le Conseil militaire compte toutefois parmi ses dix membres, des piliers de ce régime. Le militaire s'était aussi engagé à libérer les manifestants arrêtés ces dernières semaines, à lever le couvre-feu nocturne, et à traduire en justice les personnes impliquées dans la mort de protestataires. «Il est crucial que les nouvelles autorités soudanaises mènent une enquête sur le rôle de Salah Gosh dans le meurtre de nombreux manifestants», a souligné Amnesty.