Le Conseil militaire de transition au Soudan multiplie les mesures et initiatives en vue de stabiliser la situation du pays et de mettre en place les conditions idoines devant permettre la gestion de la période de transition, en exhortant les différents partis politiques et organisations de la société civile, ainsi que la communauté internationale à contribuer à la transition démocratique. En effet, depuis la destitution jeudi dernier par l'armée du président Omar el-Bachir, le Conseil militaire de transition a pris plusieurs décisions afin de restaurer la confiance avec les manifestants et d'engager le pays sur la voie de la transition démocratique devant aboutir notamment à la désignation d'un futur gouvernement qui sera chargé de la préparation des rendez-vous électoraux décisifs pour le Soudan. Dans cette optique, une première rencontre a été organisée dimanche avec les différents partis politiques et acteurs de la société civile afin de les impliquer directement dans le choix d'une personnalité qui assumera la responsabilité d'être premier ministre. Le Conseil de transition a appelé, à l'occasion, les partis soudanais et les animateurs du mouvement de contestation à se mettre d'accord sur une "figure indépendante" qui sera chargée de la formation d'un futur gouvernement civil. Parallèlement à ces consultations, le Conseil de transition a annoncé également avoir pris des décisions pouvant appuyer la "phase politique particulière" que traverse le pays. Le porte-parole du Conseil, Shams-Eddin Kabashi, a annoncé, dans ce sillage, la création d'un comité spécial pour gérer les locaux et les actifs du parti du Congrès national (NCP), qui était au pouvoir, excluant toute participation de cette formation politique, qui était dirigé par l'ancien président Omar el-Bachir, au futur gouvernement. Il a ajouté que le Conseil avait décidé de passer en revue les missions diplomatiques soudanaises à l'étranger et de relever l'ambassadeur du Soudan aux Etats-Unis, Mohamed Attal-Moula Abbas, ainsi que l'ambassadeur du Soudan auprès de l'ONU à Genève, Mustafa Ismail. M. Kabashi a exclu, en outre, tout recours à la force pour disperser les rassemblements de manifestants, exhortant ses derniers à reprendre leur vie normale et d'accorder leur confiance à l'Armée engagée pleinement dans la mise en place des institutions de devant permettre la gestion de la période de transition.
Le soutien de la communauté internationale réclamé Dans l'objectif de rassurer les populations, le Conseil de transition soudanais a fait part, lundi, d'un certain nombre de nouvelles résolutions devant conforter sa mission. Il s'agit, entre autres, de la nomination de nouveaux commandants de l'armée et de la police, d'un nouveau chef des services de renseignement et de sécurité, ainsi que de la formation de comités anti-corruption et d'enquête sur les pratiques de l'ancien parti au pouvoir. En direction des médias et pour appuyer la liberté de presse, il a été décidé de lever toutes les restrictions et de la censure imposées aux journalistes soudanais. En outre, tous les policiers et agents de l'ordre arrêtés pour avoir soutenu les manifestations lors des derniers évènements qu'a connu le pays ont été libérés. Sur le plan diplomatique, le ministère soudanais des Affaires étrangères a sollicité le soutien de la communauté internationale au nouveau Conseil militaire pour parvenir à une transition démocratique. "La communauté internationale doit comprendre la situation du Soudan et soutenir le conseil militaire de transition (...) dans le but de répondre à la volonté du peuple soudanais de réaliser une transition démocratique", a déclaré le ministère dans un communiqué cité par la presse locale. A ce titre, la Ligue arabe a apporté son plein soutien, saluant les mesures prises par le Conseil de transition en vue d'accomplir une transition politique dans le pays, tout en exhortant les différentes parties concernées à rester sur la voie du dialogue et a appelé la communauté internationale à répondre à l'appel du Conseil afin de contribuer à la stabilité du Soudan. Du côté des manifestants, la mobilisation reste de mise malgré les mesures adoptées par les autorités en place. Le sit-in tenu devant le siège de l'armée à Khartoum, qui rassemble des milliers de personnes depuis dix jours, est toujours maintenu. L'Association des professionnels soudanais (SPA), dont fait partie notamment des médecins, enseignants et ingénieurs à l'origine des manifestations, a appelé lundi les contestataires à rester "unis et mobilisés pour protéger la révolution" et continue à revendiquer un "transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement civil de transition et de faire juger les anciens dirigeants du pays".
L'UA menace de suspendre le Soudan de l'organisation si l'armée demeure au pouvoir L'Union africaine (UA) a menacé lundi de suspendre le Soudan de l'organisation panafricaine si l'armée, à la tête du pays depuis la destitution du président Omar el-Béchir, ne cède pas le pouvoir à une "autorité politique civile" d'ici une période de 15 jours. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA "demande que l'armée soudanaise se retire et remette le pouvoir à une autorité politique civile (...) d'ici à 15 jours maximum", a indiqué le Conseil dans un communiqué. Le Conseil appelle l'autorité civile qui sera au pouvoir à mener "un processus inclusif et consultatif impliquant tous les acteurs et intervenants politiques soudanais" afin de trouver un accord sur les modalités de la transition menée par cette autorité civile. Dans le cas contraire, certains protocoles de l'UA seront mis en place, dont "la suspension de la participation du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel", ajoute le communiqué.