Les manifestants soudanais continuent de maintenir la pression sur l'armée, représentée par le Conseil militaire de transition, pour une passation rapide du pouvoir à un gouvernement civil, au lendemain de l'engagement pris par le nouvel homme fort du pays, le général Burhane, d'éliminer les racines du régime d'Omar el-Béchir. Samedi soir, les chefs de la contestation ont présenté leurs demandes au nouveau pouvoir militaire et réclamé la formation d'un gouvernement entièrement civil pour gérer le pays au quotidien, a indiqué l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du mouvement. Des milliers de manifestants campent depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum et maintiennent la pression sur le Conseil militaire de transition, instauré après la destitution, jeudi, par l'armée du président Omar el-Béchir, qui tenait les rênes du pays depuis 30 ans. "Nous continuerons à organiser nos sit-in jusqu'à la satisfaction de nos demandes", a proclamé dans un communiqué Omar el-Digeir, l'un des chefs de l'ALC, qui rassemble l'Association des professionnels soudanais (SPA) et des partis d'opposition. Parmi les demandes présentées aux militaires, par une délégation de 10 représentants des protestataires, figure la restructuration du puissant service de renseignement soudanais (NISS), qui a mené ces quatre derniers mois la répression de la contestation, qui a fait des dizaines de morts. Amnesty International a d'ailleurs appelé les nouvelles autorités soudanaises de transition à enquêter sur le rôle de l'ancien chef du NISS dans le meurtre de manifestants au cours des quatre mois du mouvement de protestation. Salah Gosh, à la tête du redouté NISS, a démissionné samedi. "Il est crucial que les nouvelles autorités soudanaises mènent une enquête sur le rôle de Salah Gosh dans le meurtre de nombreux manifestants", a déclaré, samedi soir, dans un communiqué Sarah Jackson, une responsable d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est. Aussi, de son côté le nouvel homme fort du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane, a annoncé, samedi, une série de mesures en guise de concessions, dont la libération de tous les manifestants arrêtés ces dernières semaines et la levée du couvre-feu nocturne imposé quelques jours plus tôt par son prédécesseur, le général Awad Ibn Ouf, qui a démissionné après une journée seulement à la tête du Conseil militaire. Il s'est également engagé à faire juger les personnes ayant tué des protestataires. Hier, le nouveau pouvoir militaire a échangé avec un haut diplomate américain au sujet de la sécurité dans le pays, a rapporté un média d'Etat. Le chargé d'affaires américain, Steven Koutsis, a rencontré au palais présidentiel à Khartoum Mohammad Hamdan Daglo, plus connu sous le nom de "Himeidti", un adjoint du chef du Conseil militaire transitoire. "Himeidti a informé le représentant américain des mesures prises par le nouveau pouvoir pour préserver la sécurité et la stabilité dans le pays", selon l'agence de presse officielle Suna. R. I./Agences