Publiées dimanche, les 16 photos des tests de "lance-roquettes multiples de gros calibre et d'armes tactiques guidées par des unités de défense" ne laissent pratiquement pas de doute quant à la capacité de riposte nord-coréenne même en l'absence de missiles balistiques intercontinentaux, a indiqué à Sputnik l'analyste sud-coréen Kim Dong-yup. Le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun a diffusé dimanche en première page des clichés de l'"exercice de frappe" mené samedi 4 mai au large de la côte est de la Corée du Nord par ses unités de défense. Selon l'agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA), le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en personne a supervisé ces tirs de "lance-roquettes multiples de gros calibre à longue portée et d'armes tactiques guidées", testés à la mi-avril. "Pour la première fois, la Corée du Nord a présenté cette arme lors du défilé militaire du 8 février dernier, dédié au 70e anniversaire de son Armée populaire, et il se peut que ce soit justement au test de cette "arme tactique guidée de nouveau type" que Kim Jong-un avait assisté [le 17 avril, ndlr]. À l'époque, ce n'était qu'un tir d'essai, alors qu'à présent, il s'agit d'un "exercice de frappe"", a déclaré à Sputnik Kim Dong-yup, professeur à l'Institut d'étude de l'Extrême-Orient auprès de l'université Kyungnam. Et d'ajouter que, désormais, cette "arme tactique guidée" pourrait être fabriquée en série et livrée à l'Armée populaire de Corée (APC). "De toute évidence, la Corée du Nord prétendra qu'il ne s'agit que d'une arme tactique de courte portée. Cependant, si on essaie d'évaluer les caractéristiques et les capacités de cette version nord-coréenne qui s'oriente manifestement sur le système balistique russe 9K720 Iskander [SS-26 selon la classification de l'Otan], sa portée peut varier d'une toute petite distance de 50 à 60 km à 500 km, susceptible de couvrir toute la péninsule de Corée", a détaillé l'expert. Selon ce dernier, il est tout aussi alarmant qu'en tant que missile balistique à combustible solide, cette arme peut avoir différentes trajectoires de vol et être guidée, en modifiant l'angle d'attaque au dernier tronçon. "Cela permettrait de neutraliser le système THAAD [Terminal High Altitude Area Defense] et des systèmes antimissiles similaires. C'est justement pourquoi la Corée du Nord qualifie ses missiles d'"arme tactique guidée"", a expliqué le Sud-Coréen. Et de relever que le poids de l'ogive, dépassant 500 kg, permettrait d'y installer des charges nucléaires. "On comprend maintenant ce que veut dire "différents tirs sur plusieurs cibles" et "une puissante ogive et un système particulier de guidage en vol", annoncés lors des derniers tirs d'essai d'une "arme tactique guidée de nouveau type". Ainsi, Pyongyang laisse clairement entendre qu'il peut frapper n'importe quel endroit sur la péninsule de Corée, notamment ceux du déploiement des militaires américains", a résumé l'interlocuteur de Sputnik. Kim Jong-un a supervisé samedi "un exercice de frappe" qui visait à tester les performances de "lance-roquettes multiples de gros calibre et d'armes tactiques guidées par des unités de défense", a annoncé dimanche l'agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA). L'utilisation par KCNA du terme "tactique" suggère que ces essais n'ont impliqué aucun missile balistique de longue portée ni aucun dispositif nucléaire. Par ailleurs, les lance-roquettes multiples à longue portée ne sont pas sous le coup des sanctions des Nations unies. Selon certains médias, la Corée du Nord aurait un missile similaire au 9K720 Iskander russe dans sa panoplie balistique.