Un éventuel bannissement en Europe des équipementiers télécoms chinois engendrerait un surcoût de l'ordre de 55 milliards d'euros à la charge des opérateurs télécoms européens pour déployer la 5G, selon les résultats d'une étude conduite par le groupement industriel de la GSMA. Le chinois Huawei a été placé le 16 mai sur une liste noire aux Etats-Unis l'empêchant de se fournir auprès d'industriels américains, une décision qui a entraîné la défection de certains de ses fournisseurs et perturbé l'ensemble du secteur technologique. Washington pense que Pékin pourrait se servir de Huawei à des fins d'espionnage, des soupçons balayés par le premier équipementier mondial à de nombreuses reprises. Si l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de l'exclure de leurs réseaux mobiles de cinquième génération, en cours de déploiement, les pays européens avancent pour l'heure en ordre dispersé. La GSMA, une association qui rassemble près de 750 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans le monde, a conduit le mois dernier une étude en vue d'évaluer l'impact pour les opérateurs européens, dont Huawei est un important fournisseur, d'éventuelles restrictions concernant leur approvisionnement auprès des équipementiers chinois. "L'exclusion d'équipementiers chinois pour les réseaux 5G aurait de vastes conséquences pour le déploiement de la 5G en Europe et pour la réalisation des bienfaits économiques plus larges associés à cette technologie pour les citoyens et les entreprises en Europe", peut-on lire dans l'étude que Reuters a pu consulter. L'étude montre qu'une telle mesure engendrerait des surcoûts de l'ordre de 55 milliards d'euros pour les opérateurs télécoms de la région qui se préparent à déployer la dernière génération de téléphonie mobile sur le continent. Elle se traduirait en outre par un retard moyen d'au moins 18 mois par rapport au calendrier initial dans le déploiement de la dernière génération de téléphonie mobile, qui doit permettre de nouveaux usages dans des domaines importants tels que la santé connectée, les véhicules connectés ou encore la ville "intelligente". Ce retard serait lié pour partie aux difficultés que pourraient rencontrer les autres équipementiers - Ericsson, Nokia et Samsung - pour répondre à l'ensemble de la demande. Il s'expliquerait aussi par le délai nécessaire à certains opérateurs pour assurer la transition vers de nouveaux équipements. "Un tel retard accentuerait l'écart dans le taux de pénétration de la 5G entre l'Union européenne et les Etats-Unis d'au moins 15 points de pourcentage d'ici 2025", explique le rapport. Les équipementiers chinois détiennent une part de marché de plus de 40% en Europe, conforme à leur moyenne au niveau mondial, et bien plus élevée qu'aux Etats-Unis où Nokia et Ericsson concentrent 70% des ventes, rappelle l'étude. Huawei, dont l'avance technologique est pointée par certains opérateurs, a investi à lui seul davantage en recherche et développement que Nokia et Ericsson réunis sur la période de 2012 à 2017, pointe l'étude.
Ne plus préinstaller les applications Facebook Facebook n'autorise plus Huawei à préinstaller ses applications sur ses Smartphones, dernier revers en date pour le géant chinois de la technologie qui a été placé par Washington sur une liste noire l'empêchant de se fournir en composants d'origine américaine. Les clients de Huawei déjà équipés d'un téléphone du groupe pourront toujours utiliser les applications du réseau social et recevoir des mises à jour, mais sur les nouveaux combinés il ne sera plus possible d'avoir WhatsApp et Instagram préinstallés, a déclaré Facebook à Reuters. Les fabricants de Smartphones signent généralement des partenariats pour préinstaller sur leurs appareils des applications populaires comme Twitter, Booking.com et d'autres. Sollicités, Twitter a refusé de s'exprimer et Booking pour sa part n'a pas répondu dans l'immédiat. La décision de Facebook pourrait affecter les perspectives de Huawei, son activité de Smartphones étant devenue l'an dernier le principal contributeur à son chiffre d'affaires, grâce notamment à une forte croissance en Europe et en Asie. Huawei s'est abstenu de tout commentaire. Google, filiale d'Alphabet, a déclaré ce mois-ci qu'il ne fournirait plus son système d'exploitation Android à Huawei après le sursis de 90 jours accordé par l'administration américaine au groupe chinois, qui expire en août. Le magasin d'applications Google Playstore et les programmes du groupe américain seront cependant toujours disponibles pour tous les téléphones actuels de Huawei, y compris ceux qui ne sont pas encore livrés ou même produits. A la différence de Google, Facebook n'entend toutefois plus proposer son application sur les appareils de Huawei qui ne sont pas encore sortis d'usine, a déclaré une source proche du dossier. La source n'a pas précisé quand l'interdiction commencerait. Huawei est soupçonné par les Etats-Unis d'espionnage pour le compte de Pékin, des accusations que le groupe rejette en bloc. Le mois dernier, Huawei s'est engagé à continuer à fournir des mises à jour et des services après-vente à tous ses appareils, mais certains propriétaires de ses Smartphones en Europe et en Asie commencent à se poser des questions. Des analystes estiment aussi que le groupe chinois pourrait voir ses ventes de Smartphones chuter d'un quart cette année et risque même de disparaître des marchés hors de Chine. Facebook est une application tierce qui peut être installée et utilisée sans difficulté sur les appareils Huawei. Les propriétaires de Smartphones Huawei disposant de cette application pourront continuer à l'utiliser et à la mettre à jour.