Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé jeudi sa prévision de croissance économique mondiale pour la deuxième fois depuis le début de l'année, la ramenant à 3,7% contre 4,1% annoncé fin janvier. En octobre, le FMI anticipait une croissance mondiale de 4,8%. Si sa nouvelle prévision se vérifie, la croissance mondiale aura été en 2008 la plus faible enregistrée depuis 2002, lorsqu'elle n'avait été que de 3,1%. "Je peux confirmer que la prévision de croissance mondiale actuelle du FMI pour 2008 est de 3,7%", a déclaré un porte-parole de l'organisation, confirmant les informations obtenues précédemment sur les nouvelles Perspectives économiques mondiales que l'organisation doit présenter le 9 avril. Cette nouvelle révision intègre les effets sur l'ensemble de l'économie mondiale de la crise de l'immobilier aux Etats-Unis et de la contraction du crédit qu'elle a provoquée. L'économiste en chef du FMI, Simon Johnson, avait déclaré auparavant jeudi que l'économie américaine était virtuellement au "point mort" et qu'elle devrait rester faible au cours des trimestres à venir en raison des graves difficultés du marché immobilier et de celui du crédit. Il s'était toutefois gardé d'évoquer une "récession" aux Etats-Unis. Selon la presse, le FMI devrait ramener sa prévision de la croissance américaine à 0,5% contre 1,5% jusqu'à présent. "Malgré les mesures énergiques mises en place par les autorités américaines, les durcissement des conditions financières, la hausse des prix énergétiques, la détérioration du marché du travail et la faiblesse du marché immobilier vont tous peser lourdement sur l'économie américaine à court terme", a-t-il dit à des journalistes. Johnson a ajouté que la croissance économique devrait ralentir en Europe, mais peut-être avec retard par rapport aux Etats-Unis. Il a estimé que l'Europe était particulièrement vulnérable aux répercussions financières des problèmes du crédit aux Etats-Unis et qu'une possible correction de certains marchés immobiliers du Vieux Continent pourrait peser sur la consommation et la confiance des ménages. Le FMI devrait ramener la semaine prochaine sa prévision de croissance pour la zone euro à 1,3%, ont indiqué des sources de l'Union à Reuters, soit un demi-point de moins que dans ses prévisions de janvier. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a estimé jeudi que la prévision de croissance du FMI pour les Quinze était un peu trop pessimiste. Johnson a estimé que la principale menace pesant sur l'économie mondiale était celle de tensions marquées et durables sur les marchés financiers. Les pays émergent devraient eux aussi être touchés, tout en conservant une croissance supérieure à la moyenne mondiale, a-t-il poursuivi. "Une aggravation des difficultés des marchés immobilier et du crédit aux Etats-Unis pourrait ralentir davantage l'économie américaine et peser sur la courbe de la reprise", a-t-il prévenu. Il a précisé que les turbulences sur les marchés financiers pourraient ralentir les flux financiers vers les pays émergents et en développement, y compris ceux d'Europe orientale, qui ont bénéficié ces dernières années d'afflux financiers importants. Un ralentissement de la croissance mondiale pourrait en outre ralentir les flux d'exportations et provoquer une chute des cours des matières premières, a estimé Johnson, ajoutant que la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires avait accru les pressions inflationnistes partout dans le monde.