Depuis l'apparition de la crise financière dans le monde, il a été remarqué que celle-ci s'apparente à un puits sans fond. Les différents plans de sauvetage mis en œuvre depuis un an n'ont toujours pas permis de l'enrayer. Les bilans des établissements financiers sont toujours plombés par des actifs " toxiques ", dont les experts ont du mal à évaluer l'étendue. Le Fonds monétaire international devrait encore réviser à la baisse sa prévision de l'activité économique au niveau mondial et tabler sur une contraction cette année, a déclaré lundi le directeur du FMI pour l'hémisphère occidental, Nicolas Eyzaguirre. "On ne peut pas dire que les choses s'améliorent déjà", a-t-il dit lors d'une conférence à Porto. "En fait, il est probable que le FMI va abaisser sa prévision de croissance mondiale, probablement en négatif", a-t-il ajouté. Lors de ses dernières prévisions, en janvier, le FMI tablait sur une croissance mondiale de 0,5% en 2009, au lieu de 2,2%. Eyzaguirre a aussi estimé, qu'en raison de la crise financière mondiale, le FMI avait besoin de fonds supplémentaires en urgence pour augmenter son aide aux Etats. Il a ajouté que l'Amérique latine était une région mieux armée que d'autres pour supporter la crise actuelle étant donné les améliorations économiques apportées dans les pays latino-américains ces dix dernières années. La récession que connaît l'économie mondiale sera bien plus forte que ce que le Fonds monétaire international prévoyait il y a seulement un mois, affirme le chef économiste de l'OCDE, Klaus Schmidt-Hebbel. Cette crise économique sans précédent depuis 1946, quand les dépenses militaires avaient chuté après la Seconde Guerre mondiale, requiert de nouvelles baisses de taux de la part de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre, indique-t-il dans une interview accordée à Reuters. "La récession s'aggravera, cela ne fait pas de doute," dit-il. "Je crois que ce trimestre sera le pire de tous." En novembre, l'Organisation de coopération et de développement économiques prévoyait une contraction de 0,4% de la production cumulée de ses 30 Etats membres, c'est-à-dire la plupart des pays industrialisés et quelques économies moins matures comme la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie. "Les économies de l'OCDE feront nettement moins bien que l'économie mondiale car certains pays émergents comme l'Inde, la Chine et quelques autres réussiront à conserver une croissance légèrement positive en 2009", explique l'économiste. Après déjà un quatrième trimestre difficile, les trois premiers mois de 2009 devraient constituer le pic de la crise, estime Klaus Schmidt-Hebbel. Aux Etats-Unis, le trimestre écoulé a été le plus mauvais depuis 26 ans, ce qui a amené la Réserve fédérale à ramener ses taux près de zéro, un niveau où se trouvent déjà les taux japonais. "Nous nous attendons à de nouvelles baisses de taux importantes de la Banque d'Angleterre, de la BCE et de banques centrales dans d'autres pays de l'OCDE. Des taux très bas sont absolument justifiés par les perspectives d'inflation et d'activité sur les deux prochaines années," observe l'économiste de l'OCDE. Cette recommandation figurera dans le prochain rapport de l'OCDE sur les perspectives économiques qui sera publié à la fin du mois, ajoute-t-il. Les économistes, interrogés par Reuters, s'attendent à ce que la BCE et la BOE réduisent à partir de jeudi leurs taux directeurs, actuellement de 2% et 1% respectivement. Parallèlement aux baisses de taux, Klaus Schmidt-Kebbel préconise des mesures dites non conventionnelles, comme l'achat direct de titres par la BCE, sur le modèle de ce que font les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Pour autant, l'économiste en chef de l'OCDE veut garder une note d'optimisme. "C'est certes la plus grave récession depuis 1946 mais ce n'est pas la Grande Dépression, qui avait vu le PIB s'effondrer de 20% au total dans certaines grandes économies," conclut-il. Nassim I.