Le Maroc fait obstacle à toutes les tentatives de l'ONU pour organiser un référendum d'autodétermination tant promis aux Sahraouis en dépensant des millions de dollars de lobbying, a accusé jeudi l'ONG américaine Western Sahara Foundation, appelant la communauté internationale à agir vite pour mettre fin à l'occupation illégale du Sahara occidental. "Le Maroc a fait obstacle à toutes les tentatives des Nations unies pour organiser un référendum libre, juste et transparent pour l'autodétermination au Sahara occidental", a écrit la présidente de l'ONG américaine, Suzanne Scholte, dans une tribune publiée jeudi par le Site AllAfrica, soulignant qu'"au lieu de cela, le Maroc essaie de vendre son propre plan 'd'autonomie'". "Le Royaume a tenté d'influencer les Etats-Unis - notamment à travers des millions de dollars pour le lobbying et le soutien à la Fondation Clinton", a dénoncé Mme Scholte dans cette tribune, intitulée "Afrique du Nord : Mettre fin maintenant à l'occupation du Sahara occidental par le Maroc". "Hillary Clinton est devenue la seule secrétaire d'Etat américaine à soutenir le plan d'autonomie marocain. Le candidat à la présidentielle, Donald Trump, a qualifié de corruption les relations entre l'ex-président Clinton et le Maroc, et a tweeté : les deux faveurs officielles de Hillary au Maroc ont généré 28 millions de dollars pour la Fondation Clinton 'DrainTheSwamp'", a rappelé Mme Scholte.
On ne peut pas faire confiance au Royaume du Maroc Revenant sur les dernières violences et répressions commises par les forces d'occupation marocaines contre les Sahraouis, en particulier depuis le 19 juillet, lorsque des manifestants sahraouis étaient sortis célébrer pacifiquement la victoire de l'équipe algérienne de football lors de la finale de la coupe d'Afrique des Nations, la militante américaine des droits de l'Homme a souligné qu'"on ne peut pas faire confiance au Royaume du Maroc (...) alors même qu'il ne peut même pas faire preuve de retenue pendant la célébration d'un match de football. Il est temps d'honorer Sabah Othman Ahmida et tant d'autres Sahraouis tués et disparus et de mettre fin à la colonisation marocaine". "Si nous n'agissons pas, le peuple sahraoui continuera d'être brutalisé dans son propre pays", a-t-elle alerté, soutenant que "les derniers événements tragiques au Sahara occidental qui ont conduit à l'assassinat brutal d'un jeune professeur d'anglais sont un signal d'alarme pour la communauté internationale qui doit appeler le Maroc à mettre fin à son occupation illégale de la dernière colonie en Afrique". La présidente de l'ONG américaine a rappelé, dans ce contexte, que "des centaines de Sahraouis ont été battus, traités aux gaz lacrymogènes et torturés pour s'être rassemblés pacifiquement dans leur pays depuis l'invasion du Maroc en 1975". "Qu'est-ce qui a provoqué la brutalité cette fois-ci ? Un match de foot ! ", a fait remarquer Mme Scholte ironiquement. "Lorsque l'Algérie a remporté la Coupe d'Afrique des Nations en battant le Sénégal le mois dernier, le peuple sahraoui est descendu dans les rues pour célébrer pacifiquement cette victoire. Des milliers de fans ont commencé à descendre à Smara Boulevard à Laâyoune, brandissant des drapeaux algériens et scandant One, two, three, viva l'Algérie ! ". Mais ensuite, ajoute-elle, un autre drapeau est apparu : le drapeau de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) - et les forces marocaines ont lancé un assaut brutal sur les supporters à l'aide de gaz lacrymogène, de tuyaux d'arrosage, de balles en caoutchouc et de véhicules". Selon de nombreux observateurs, Mme Sabah Othman Ahmida, une Sahraouie de 24 ans qui enseignait l'Anglais, a été intentionnellement écrasée et tuée par deux véhicules de la police marocaine. "L'agression et les violences contre les Sahraouis se sont poursuivies pendant des jours", a-t-elle dénoncé.
La RASD: une nation qui respecte l'état de droit, la justice et la liberté La RASD a été acceptée en tant que pays membre de l'Union africaine (UA) en 1982, et l'Organisation des Nations unies (ONU) tentent de négocier un règlement pacifique, qui garantira l'autodétermination du peuple sahraoui, de son conflit avec le Maroc depuis des décennies. Les organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé fréquemment la répression marocaine dans les territoires sahraouis occupés. "J'ai personnellement vu des représentants du Maroc devenir furieux lorsqu'ils voient ce drapeau sahraoui. Heureusement pour moi, cela s'est passé dans la sécurité du bâtiment des Nations unies", a fait savoir la lauréate du prix de la paix de Séoul en 2008 pour son travail en faveur des droits de l'Homme en Corée du Nord et au Sahara occidental. "J'ai été arrêté et interrogé par quatre gardes de sécurité de l'ONU lorsque la délégation marocaine a tenté de me faire renvoyer du siège de l'Organisation. Mon crime : je venais de témoigner devant la Quatrième Commission pour demander aux Nations unies de donner suite à son référendum promis depuis longtemps ou d'appeler le Maroc à se retirer du Sahara occidental", a-t-elle, encore, ajouté. Mme Scholte a indiqué, en outre, qu'"après avoir témoigné, je suis allé au fond de la salle pour prendre une photo avec des étudiants sahraouis. En prenant la photo, j'ai sorti un autocollant de pare-chocs du Sahara occidental libre sur lequel était imprimé un petit drapeau sahraoui. Cela a tellement offensé la délégation marocaine qu'elle m'a faussement accusée de brandir un drapeau sahraoui et a appelé les gardes à m'expulser. Je n'ai été détenu que brièvement, bien que les agents de sécurité aient confisqué mon autocollant". "Pourquoi les responsables marocains deviennent-ils si furieux lorsqu'ils voient le drapeau d'un pays qu'ils nient même exister ?", s'est-elle interrogée. "C'est parce qu'il représente la RASD, une Nation qui respecte l'état de droit, la justice, la liberté de parole et de réunion pacifique et dont la constitution affirme l'égalité des droits pour les femmes et les hommes, la liberté de religion et une économie de marché", a-t-elle relevé, précisant que "le plus choquant est peut-être que le drapeau sahraoui représente le gouvernement légitime du Sahara occidental, reconnu par l'UA et plus de 70 pays". Aux fans sahraouis du football entrain d'entonner "One, two, three, viva l'Algérie !", J'en ajoute un autre : "One, two, three, que le Sahara occidental soit libre", a-t-elle lancé.