Au lendemain d'un sommet à Jérusalem avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien a invité dimanche son cabinet à revoir sa position sur le sort des quelque 8.000 Palestiniens détenus en Israël. Il a suggéré que certains pourraient être relâchés, même avant la libération du caporal Shalit. "Cette opinion est peut-être différente de ce qui a été dit précédemment lors de réunions du gouvernement mais c'est mon opinion", a déclaré Ehoud Olmert, selon les propos rapportés par un responsable israélien ayant requis l'anonymat. Le Premier ministre israélien a laissé entendre que certains prisonniers palestiniens pourraient être libérés pour la fête musulmane du Sacrifice, qui tombe cette année le 31 décembre dans la région, a précisé ce responsable. Israël a fait savoir dimanche qu'il n'excluait pas de libérer Marouane Barghouthi, un haut responsable du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, dans le cadre d'un échange de prisonniers. Les propos du ministre des Pensions, Rafi Eitan, signalent un possible changement de stratégie de l'Etat juif, qui cherche à renforcer la position d'Abbas dans son bras de fer avec le Hamas, au pouvoir depuis mars. En outre, le Premier ministre israélien Ehud Olmert a laissé entendre qu'il pourrait élargir des détenus palestiniens dès cette semaine, avant même la libération du caporal Gilad Shalit, enlevé en juin lors d'une incursion transfrontalière par des activistes de Ghaza. "Le moment est venu d'être flexible et généreux, et cela pourrait prendre une forme différente de ce qui a été dit dans des réunions passées", a déclaré Olmert en conseil des ministres, selon une source gouvernementale. Trois ministres israéliens de premier plan avaient suggéré qu'Israël libère des prisonniers par souci de conciliation vis-à-vis d'Abbas, à quelques jours de la fête musulmane de l'Aïd el Kebir. Quant à Barghouthi, il a été condamné à cinq ans d'emprisonnement par un tribunal israélien pour avoir commandité des attentats dans le cadre de la seconde intifada, soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne. Il rejette ces charges. Au lendemain de la première rencontre officielle, à Jérusalem, entre Abbas et Olmert, Eitan a été interrogé par Radio Israël sur une éventuelle libération de Barghouthi dans le cadre d'un accord qui permettrait à l'Etat juif de récupérer le caporal Shalit. "Si quelqu'un met à l'ordre du jour une demande de libération le concernant, elle devra faire l'objet d'une discussion, conformément à la loi", a répondu Eitan. Prié de dire si cela signifiait qu'il serait peut-être libéré, il a ajouté: "Tout dépendra de ce qu'on obtiendra en échange." Olmert avait insisté auparavant sur le fait qu'Israël ne libérerait des prisonniers palestiniens qu'en échange de Shalit, Par le passé, Israël avait en outre exclu de libérer des prisonniers ayant "du sang sur les mains", mais récemment il a paru assouplir sa position, les Etats-Unis et les pays européens l'encourageant à aider Abbas. Ce dernier a lancé un appel à des élections anticipées qui a fait monter d'un cran la tension, déjà élevée, entre factions palestiniennes dans les territoires. Barghouthi, 47 ans, serait vraisemblablement le meilleur candidat du Fatah face au Hamas dans une élection présidentielle si Abbas ne se présentait pas. La rencontre Abbas-Olmert de samedi soir pourrait s'inscrire elle aussi dans une logique d'appui au président palestinien contre le Hamas, mouvement islamiste voué à la destruction d'Israël dont l'arrivée au pouvoir, à la suite des élections de janvier 2006, a entraîné la suspension de l'aide financière occidentale à l'Autorité palestinienne.