Les exportations algériennes hors hydrocarbures ne dépassent restent infimes, malgré tous les mécanismes et les incitations mis en œuvre. Ces mécanismes ont été initiés en 1984 par la mise en place d'une batterie d'encouragements à l'exportation, notamment l'exonération fiscales sur les produits exportés. Ce système a évolué grâce à la création d'un fonds spécial pour la promotion des exportations, la mise en place de la Compagnie algérienne de garantie des exportations (Cagex), et autant d'institutions qui ont été créées pour promouvoir l'exportation. «Ces institutions d'appui ne suffisent pas. Encore faut-il que tout le reste de l'environnement suit. Aujourd'hui, on est dans une problématique qui consiste à savoir si l'entreprise algérienne est capable d'exporter. La réponse est oui, mais à condition», a indiqué, hier, M. Djilali Tarikat, P-DG de la Gagex qu intervenait sur les ondes de la Radio chaîne III, dans le cadre de son émission quotidienne «L'invité de la rédaction». Il constate qu'il y a beaucoup de choses positives, dont les PME/PMI à travers de gros importateurs qui se sont pas adaptés à l'exportation. Par contre, il considère que le reste des entreprises ne sont pas en mesure d'affronter la «concurrence internationale» et de se «positionner sur le marché étranger». M. Tarikat, reconnaît qu'aujourd'hui il y a un effort considérable qui est déployé par certains départements ministériels, notamment le secteur de la PME/PMI lequel dans le cadre du programme de mise à niveau a insufflé la dimension de l'exportation dans le nouveau schéma. «La mise à niveau ou la préparation de nos entreprises à l'exportation devient une nécessité absolue. Il ne suffit pas que les sociétés elles-mêmes soient préparées, encore faut-il que tout l'environnement suive». Sur cette même question, il relève qu'il y a un retard du côté du système financier, «on n'apporte pas le soutien efficace pour la promotion des exportations». La Cagex essaie de mobiliser toutes ces synergies en organisant des rencontres avec tous les partenaires (Agex, douanes, les banques, le fisc, etc.) pour essayer d'apporter du nouveau aux entreprises. «Nous pensons avoir réussi de façon modeste, mais il reste beaucoup de travail à faire pour préparer ces sociétés à affronter le marché international et la concurrence internationale. Tout cela nécessite une meilleure organisation que celle qu'on connaît aujourd'hui», déclare-t-il.Avec un volume de 1,5 milliard de dollars d'exportation, ce qui est insuffisant, M. Tarikat estime qu'il y a encore un effort considérable à faire pour améliorer les exportations. Il explique dans ce sens qu'il y a deux tempéraments. «Ceux qui attendent les mesures de soutien pour pouvoir s'engager et ceux qui sont plus volontaristes et s'engagent dans l'exportation parce que le produit est destiné à l'exportation et vont sur le marché international avec le soutien des institutions». Pour améliorer davantage l'acte d'escompter, il préconise une plate-forme ou une rencontre entre les différents opérateurs afin de «faciliter cet accès dans de meilleures conditions».A une question sur le rôle du fonds spécial pour la promotion des exportations, M. Tarikat exprime son opinion en disant : «par le passé on a donné plus de subventions qui concernent le transport et la manutention, soit des dépenses directes. La réorientation du fonds s'est faite en direction de la conquête de nouveaux marchés. Aujourd'hui, le fonds intervient pour financer un certain nombre d'études sur le marché étranger, la prospection sur la présence dans les foires, etc.). Il note que cette démarche est d'un niveau assez supérieure qui dépasse le niveau actuel des entreprises qui sont habituées à travailler dans une «situation pas tout à fait organisée». Le P-DG de la Cagex souligne que parfois le choix du marché s'impose aux exportateurs algériens. Il cite en exemple le marché de la ferraille qui est destiné pratiquement à l'Europe, «c'est une nécessité pour nos exportateurs de rechercher des acheteurs dans ces pays».Il cite également le liège transformé, la datte et beaucoup d'autres produits. Il fera remarquer, concernant les produits qui sont largement disponibles dans les pays européens qu'il est très difficile pour les exportateurs algériens de se placer sur ces marchés. «Dans ces conditions, le choix revient aux exportateurs de se réorienter ou de réorienter leur destination vers les pays du Sud, du Maghreb ou les pays arabes. Ce sont des choix qui doivent être faits par les exportateurs eux-mêmes avec l'aide des institutions d'appui, dont la Cagex qui doit définir un certain nombre d'espaces commerciaux propices à nos exportations». Il affirme que cette procédure est faisable, d'autant que le nombre des exportateurs ne dépasse pas les 400. «La partie est jouable tant pour les institutions d'appui que pour les exportateurs eux-mêmes». Invité à se prononcer sur les découverts alloués à l'exportation, M. Tarikat dit que c'est relativement important. «Si on compare le ratio par rapport à d'autres pays, nous sommes à un taux de couverture de 10 %, mais en valeur absolue cela représente peu de choses. Nous sommes à 7 milliards de dinars de risque de capitaux couverts par la Cagex, c'est peu si on considère les 1,5 milliard de dollars d'exportation. On enregistre malgré tout un taux intéressant, mais il faut que d'autres exportateurs arrivent sur le marché pour créer cette ambiance d'exportateur afin de développer notre économie et l'orienter nécessairement vers les marchés extérieurs».