En dépit de toute une batterie de mesures mises en place pour booster leurs volumes, les exportations algériennes hors hydrocarbures restent insignifiantes. Elles ne représentent environ que 2% du volume global. Il est de plus en plus évident que ce n'est pas cette année que les exportations algériennes hors hydrocarbures dépasseront la barre de 2 milliards de doIlars. D'après les estimations de l'Agence nationale de promotion des exportations (Algex), le montant de ces exportations à la fin de 2009 sera en deçà de celui de 2008. La dépréciation du dollar et la crise économique, qui frappe de plein fouet l'Europe, principal débouché des produits algériens, sont avancées comme des freins à la vente à l'extérieur. Le volume des exportations algériennes hors hydrocarbures pour l'année 2008 n'avait pas, pour rappel, dépassé le seuil de 1,8 milliard de doIlars. Même si ce volume a enregistré une certaine hausse par rapport à l'an 2007, il était de 1,33 milliard de dollars, ce chiffre est loin de l'objectif tracé par les pouvoirs publics, à savoir atteindre un volume d'exportation hors hydrocarbures de l'ordre de 3 milliards de doIlars. Cette situation n'est pas le fait du hasard et ne s'explique pas seulement par la faible production hors hydrocarbures. Il existe bel et bien des producteurs dans les secteurs de l'industrie et de l'agriculture qui ont quelque chose à exporter. Nombreux sont les patrons d'entreprise exportatrice qui affirment qu'il n'y pas de problème de compétitivité, ajoutant même que les partenaires étrangers sont friands des produits algériens, pour peu que soient éliminées les entraves qui continuent de brider fortement l'essor des entreprises vers la conquête de parts de marché à l'extérieur. Faute d'un réel accompagnement et d'encouragement pour ces entreprises, les exportations freinent et leur volume ne signifie presque rien devant la hausse hallucinante des importations. Les exportateurs se heurtent, en effet, à de nombreuses entraves, en commençant par les obstacles bureaucratiques induits, bien évidemment, par la complexité des procédures douanières, entre autres, et l'insuffisance des mécanismes d'aide et d'un encouragement réel à l'exportation. Par ailleurs, les banques exigent des garanties lourdes et assez contraignantes pour les exportateurs. D'ailleurs, ces derniers ne perdent aucune occasion pour faire part du parcours du combattant qu'ils sont contraints d'effectuer pour pouvoir mettre leurs produits sur les marchés extérieurs, notamment européens. “Il suffit juste de voir les espaces insignifiants réservés aux produits d'exportation sur les quais de nos ports pour déduire qu'on n'encourage pas les exportateurs. Le couloir vert est destiné seulement aux produits importés”, faisait remarquer Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), lors d'une conférence-débat en octobre dernier. Autre contrainte et non des moindres : pour parvenir à développer leurs exportations, les opérateurs ont besoin de créer des plates-formes dans les pays de destination, ce qui, pour le moment, reste difficile à concrétiser faute d'autorisation. Pourtant, la loi sur la monnaie et le crédit prévoit cette possibilité. À propos des aides financières issues du Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE), les patrons des entreprises exportatrices estiment qu'elles sont dispensées avec parcimonie et avec beaucoup de lenteurs. Mis en place en 1996, le FSPE affiche un bilan pour le moins décevant. Jusqu'à présent, ce fonds n'est intervenu que dans le soutien au transport. Les organes chargés de promouvoir les exportations (Algex, AnexaI...) sont également pointés du doigt. Selon les patrons, ces organismes n'assument pas assez leur rôle. Pour eux, le rôle joué jusqu'à présent par ces institutions se limite à enregistrer nos doléances. D'ailleurs, leur manque d'initiative sur le terrain n'a fait qu'éloigner les PME exportatrices de ces entités. Tout en reconnaissant que les différentes mesures mises en place n'ont pas eu les effets attendus quant au niveau des exportations hors hydrocarbures, les responsables de ces organismes se défendent en avançant un manque flagrant de culture de l'exportation chez nos opérateurs et d'une politique qui n'a eu de cesse de se tourner uniquement vers les importations. Quoi qu'il en soit, le développement des exportations hors hydrocarbures s'impose, aujourd'hui, comme une obligation, si l'on veut prétendre bénéficier, notamment, des avantages de l'accord d'association avec l'Union européenne car, jusqu'à présent, nous n'avons pas assez profité de cet accord. Il est donc impératif de redresser la situation.