Le tribunal de Sidi M'hamed rendra, ce matin, son verdict dans l'affaire de montage de véhicules dans laquelle sont impliqués d'anciens responsables, dont les anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ainsi que des hommes d'affaires poursuivis pour dilapidation de deniers publics, octroi d'indus avantages, abus de fonction et financements occultes de la campagne électorale de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L'affaire du montage automobile a engendré une perte financière considérable au Trésor public estimée à 128 milliards et 983 millions de dinars, selon les informations révélées lors de ce procès qui a duré quatre jours. Le procureur de la République avait requis une peine de 20 ans de prison ferme contre les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ainsi que l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb (en fuite) avec émission d'un mandat d'arrêt international. Ces pertes sont reprochées à trois opérateurs poursuivis dans l'affaire, à savoir Mazouz Ahmed, Larbaoui Hassan et Bairi Mohamed. La société Mazouz de montage de véhicules et de camions est à l'origine de 39 milliards de DA de pertes, l'opérateur Larbaoui Hassan plus de 87 milliards de DA et le groupe IVAL de Bairi Mohamed plus d'un milliard de DA, selon le Trésor public. Le procureur de la République a expliqué que les pratiques relatives à l'investissement dans le domaine du montage automobile, étaient "basées sur le népotisme et le favoritisme d'un opérateur à un autre sans aucun motif légal, ce qui a élargi le fossé entre le peuple et ses institutions". Ce dossier qui a fait l'objet de deux instructions judiciaires au niveau de la Cour suprême (pour les cadres supérieurs) et au niveau du Tribunal de Sidi M'hamed (pour les hommes d'affaires), a révélé que "certains hommes d'affaires géraient des sociétés écrans tout en bénéficiant d'indus avantages fiscaux, douaniers et fonciers". A ce titre, il a affirmé qu'en réalité, il n'y avait aucune activité de montage et d'industrie automobile. Dans sa plaidoirie, le collectif de la défense a nié catégorique les charges qui sont retenues contre les prévenus, tentant de mettre en relief le rôle des entreprises de ces investisseurs dans le développement de l'économie nationale à travers la création des postes d'emploi et la formation des travailleurs. En outre, ledit collectif a mis en exergue que les sources de leurs biens "sont légitimes, issues de leurs bénéfices de différents projets d'investissement". De son côté, le procureur de la République a précisé que "ces pratiques irresponsables ont fait perdre au citoyen la confiance dans ses institutions au point où il soupçonne la réalité de ces procès". Il a aussi souligné que "cette affaire est une première dans les annales de la justice algérienne, dont l'importance se traduit par l'application réelle de la loi sur le gouverneur et le gouverné". "En raison des pratiques de ces responsables, l'Algérie n'a pas réalisé de développement économique en dépit des richesses qu'elle recèle. Sa jeunesse souffre de pauvreté et risque sa vie dans les embarcations de la mort", a-t-il soutenu. Au terme de l'intervention du procureur de la République sur les plaidoiries de la défense, le juge a donné la parole aux prévenus pour faire leurs dernières déclarations. Abdelmalek Sellal a, quant à lui, affirmé "son amour pour sa patrie, son dévouement et son abnégation dans l'accomplissement des missions qui lui ont été confiées dans son parcours professionnel". Il dit s'être retiré de la direction de la campagne de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ayant relevé des dépassements. Pour leur part, les anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, l'ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane et l'ex-wali de Boumerdes, Yamina Zerhouni ont déclaré "avoir servi la patrie avec dévouement et abnégation", se disant confiants en la justice nationale, plaidant leur acquittement et leur innocence de toutes les accusations qui leurs sont portées. A l'instar de Farès Sellal (fils de l'ancien premier ministre), Senaï Karim, Senaï Sofiane ainsi que des fonctionnaires du ministère de l'Industrie et des Mines, les hommes d'affaires poursuivis, Ali Haddad, Ferrat Ahmed, Hadj Malek Saïd, Mohamed Baïri, Maazouz Mohamed, Achour Abboud, Hassan Larbaoui et Nemroud Abdelkader ont demandé leur acquittement, plaidant leur innocence des accusations qui leurs sont portées.