Recep Erdogan a déclaré mardi qu'il pourrait déployer ses troupes si le gouvernement de Tripoli le lui demandait pour faire face à l'offensive du maréchal Haftar. Le président turc a déclaré lundi 9 décembre, puis confirmé mardi, que son pays pourrait déployer des troupes en Libye si le gouvernement de Fayez el-Sarraj l'invitait à le faire. Son gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, est très affaibli face à l'offensive du maréchal Khalifa Haftar, qui, à la tête de son "Armée nationale libyenne" (LNA), contrôle une très large partie du territoire libyen à l'exception de zones au nord-ouest, autour de Tripoli, où se maintient le GNA. Parrainé par l'Arabie saoudite, la Jordanie, l'Égypte et surtout les Émirats Arabes Unis, Haftar peut aussi compter sur le soutien croissant de Moscou, qui a déployé, selon de nombreux observateurs, plusieurs centaines de mercenaires membres de sociétés militaires privées comme le groupe Wagner, mais aussi, d'après le New York Times , de vrais "soldats en uniforme". Alors que l'offensive de Khalifa Haftar, lancée en avril dernier, a rapidement piétiné face aux milices tripolitaines et aux brigades de Misrata qui soutiennent le GNA, l'aide russe de ces dernières semaines semble avoir changé la donne sur le terrain. Au sol, les Russes accompliraient des missions de snipers, mais aussi de repérage des cibles pour l'artillerie, une tâche généralement dévolue aux forces spéciales. Moscou aurait également fourni des systèmes anti-aériens. En début de semaine, les États-Unis ont ainsi estimé qu'un tel système avait abattu le mois dernier l'un de leur drone, non armé, près de Tripoli. Inversement, les troupes du GNA seraient parvenues à détruire un MiG-23, chasseur d'origine soviétique qui faisait partie de la flotte aérienne libyenne sous Khadafi, tombée en déshérence depuis le renversement du dictateur en 2011. Plusieurs médias américains ont accusé les Russes d'avoir modernisé pour la LNA d'anciens chasseurs MiG et Soukhoï. Dans ce contexte de renforcement militaire du camp d'Haftar, la Turquie apparaît comme le principal soutien du gouvernement de Fayez el-Sarraj et des milices locales. "Dans le cas d'une invitation [de Tripoli], la Turquie décidera elle-même du type d'initiative à prendre", a déclaré Recep Erdogan à la télévision turque, envisageant l'"envoi de soldats" et de "personnels". "Le GNA est prêt à accueillir TOUT soutien international", a répondu dans un communiqué un porte-parole du gouvernement de Tripoli, rapporté par le New York Times. Depuis de nombreux mois, la Turquie serait en réalité déjà présente, quoiqu'officieusement, à Tripoli : Ankara fournit notamment des drones aux forces du GNA. En face, les Emiratis fournissent à la LNA des drones de fabrication chinoise. Dans un rapport publié en octobre, des experts de l'ONU avaient estimé que la Turquie (du côté du GNA), mais aussi les Émirats arabes unies et la Jordanie (du côté d'Haftar), violaient l'embargo sur les armes imposé par la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée en 2011.