Entretien recueilli par Med Wali Afin d'encourager les jeunes porteurs d'idées innovantes, le gouvernement compte entreprendre plusieurs mesures pour accompagner et encourager la création de nouvelles start-up, dans le but de relancer l'économie nationale hors le secteur des hydrocarbures. Dans cette interview accordée exclusivement au quotidien " Le Maghreb de l'Economie ", Kamel Souig, journaliste et animateur à la Télévision algérienne " Canal Algérie ", observateur attentif du domaine des start-up, nous a fait le tour d'horizon pour expliquer la nécessité de l'accompagnement de ces petites et moyennes entreprises qui peuvent assurer un processus de reconstruction et de développement d'une économie convenable. L'animateur de l'émission " Start-up " assure que des jeunes Algériens pétris de qualité, et très talentueux possèdent des idées innovantes extraordinaires, peuvent faire des miracles, seulement si on leur assure un accompagnement et encadrement de qualité.
Racontez-nous votre aventure avec l'émission start-up diffusée sur la chaîne de la Télévison algérienne Canal Algérie.
Kamel Souig, journaliste à Canal Algérie : Je pense que cette émission est un peu le maillon fort qui manquait dans la chaîne de l'écosystème start-up en Algérie, j'ai constaté au fil des années que des projets, innovants sont développés partout en Algérie mais pas connus du grand public, il y avait alors un grand besoin de médiatiser ces projets, vulgariser et faire de la pédagogie autour des start-up. L'aventure a commencé pour moi en 2012 lorsque j'ai rejoint le collectif qui portait le nom "DZ webdays" (journées web en Algérie), ou je faisais des reportages pour médiatiser les idées les plus innovantes. D'ailleurs, ce type d'initiative était considéré comme une formation des jeunes dans le domaine entrepreneurial. Après cinq années passéesà l'étranger, l'idée de lancer une émission dédiée aux start-up ne m'avait jamais quitté. L'année passée, j'ai décidé de lancer cette émission, hasard du calendrier, BBCMEDIA ACTION qui soutient les idées innovantes à travers le Maghreb et la région MENA offrait la possibilité de soutenir un programme télé en faveur des jeunes, le projet de l'émission start-up a été retenu,ce programme a financé les deux premiers numéros de l'émission…, après cette première collaboration Canal Algérie a rapidement adopté le concept de l'émission pour l'intégrer à sa grille des programmes. Aujourd'hui l'émission repose sur trois piliers : la vulgarisation, la pédagogie et l'innovation.
Dans quelle forme vous avez lancé cette émission et est-ce que vous avez eu des difficultés pour la maintenir ? Je pense que l'émission a un léger avantage puisque nous avons bien flirté avec le terrain. Pour les difficultés elles font partie du métier et de la vie de manière générale mais pour nous, ces difficultés ne nous freinent pas, c'est toujours un challenge et un défi à relever. Je fais confiance à la direction de Canal Algérie pour nous soutenir davantage :une équipe jeune avec une vision programmatique, en sus, l'intégration de réalisateur, Ahmed Bennabi a permis à toute l'équipe de maintenir la même cadence, grâce à son sérieux, sa vision et sa maîtrise technique. C'est un travail d'équipe bien-sûr que je tiens de remercier, cette équipe qui a pris gout au fil des tournages aux belles rencontres, aux magnifiques projets des start-up. On essaye de ne jamais tomber dans la facilité, on va chez les gens, on cherche l'information, on suit les événements. On essaye de rester à jour pour continuer à proposer à nos téléspectateurs le meilleur. En parlant d'actualité, depuis la nomination du nouveau gouvernement et la création d'un ministère des strat-up, cette émission plus que jamais sa place dans le paysage audiovisuel algérien, précisément dans le service public.
Que pensez-vous des jeunes que vous avez reçus dans le plateau de l'émission ?
Tous les jeunes que j'ai rencontrés sont pétris de qualité et de talents, il y a des profils singuliers qui se démarquent par leur génie et leurs innovations, pas uniquement dans les grandes villes, mais dans les quatre coins du pays, notamment dans le Grand-Sud. Ces jeunes ont beaucoup d'espoir dans la création du ministère de la Microentreprise, des Start-up et de l'économie de la connaissance, parce que pour une fois il y a un interlocuteur direct qui peut comprendre et répondre (je l'espère)à leurs préoccupations. Mais il faudrait que les choses aillent plus vite pour permettre à ces jeunes de tester leurs idées innovantes sur le terrain. Ces startupeurs attendent avec impatience également la création de l'Agence nationale du numérique qui devrait résoudre une série de problèmes à commercer par l'allégement des procédures administratives pour créer une start-up.
Quel regard avez-vous sur les start-up et quel commentaire faites-vous sur la création du ministère délégué des Start-up ?
A partir du moment où on fait confiance à nos jeunes et on leur donne les outils de travail nécessaires entre les mains, on peut s'attendre au meilleur. Pour ce qui est de ministère délégué des Start-up, je le considère d'abord comme un catalyseur de toutes les demandes des startupeurs, pour la première fois on comprend l'importance de l'écosystème start-up comme levier potentiel de l'économie d'un pays. Dans la politique économique d'un pays, les signaux envoyés par un gouvernement en période de crise sont très importants, quand vous avez un pays qui traverse une crise économique et que son gouvernement réagit immédiatement en injectant des milliards pour soutenir les entreprises ceci est un message fort pour protéger la stabilité de l'économie nationale et rassurer par la même les marchés. En Algérie, le message est le même depuis des années : sortir de l'indépendance des hydrocarbures sauf que rien n'a été fait pour ! L'Algérie vit aujourd'hui une période charnière de son histoire, le hirak a changé le visage du pays, un nouveau président de la République a été élu, le gouvernement qu'il a installé a mis les start-up et l'innovation et la numérisation au cœur de sa politique, cette politique est un message fort pour donner de l'espoir aux Algériens et rassurer les investisseurs étrangers c'est un virage qu'il a ne faut pas rater parce que c'est le présent et l'avenir du pays. Maintenant faudrait passer de la théorie à la pratique.
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a promis de créer un fonds destiné spécialement au soutien des start-up, est-ce que l'on peut dire que ceci est un signe pour que ces petites et moyenne entreprises... ?
Merci pour cette question, parce que le financement est un maillon fort de l'écosystème start-up, c'est un nerf de la guerre comme on dit. Lorsqu'on est porteur d'une idée innovante on cherche des financements pour la concrétiser, on doit donc passer par le stade de l'incubation, autrement dit transformer cette idée en projet économiquement viable : apprendre comment faire un business plan, un business model, un diagnostic du marché, etc... Après toutes ces étapes et bien d'autres, il faut aller vers le marché pour tester la solidité de cette start-up, pour cela, il faut de l'argent, dans la plupart des pays, les startupeurs font appel à des capitaux risques, en Algérie ce concept n'est pas assez développé, le fait que l'état fasse le premier pas et propose directement de financer ces idées est une excellente chose,pourquoi ? et bien tout simplement parce que ça pourrait pousser des investisseurs, des bussiness angel à s'intéresser à ces projets innovants et à jouer leurs rôle dans le développement de l'écosystème start-up en Algérie. En marge du Salon de la production nationale, j'ai entendu le président annoncer la création d'une banque dédiée aux start-up, il faut s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup de postulants, d'où la nécessité de définir ce qu'est une start-up, on se dirige vers la mise en place du "START-UP ACT", un projet de loi pour définir ce qu'est une start-up et réglementer son fonctionnement Cela encouragerait les Algériens à investir dans leur pays et contribuer à l'économie nationale.
Pensez-vous que les jeunes porteurs d'idées innovantes sont motivés pour construire leurs start-up ?
Avant de répondre à cette question, j'aimerai bien évoquer les quatre critères pour définir une start-up, donc le premier critère c'est que la petite entreprise doit avoir une croissance rapide, deuxièmement ça doit faire appel aux capitaux risques, troisièmement elle doit intégrer une technologie innovante et quatrièmement elle doit évoluer dans un environnement où le risque est difficile à évaluer. Pour vous répondre, les Algériens sont extrêmement motivés pour créer leurs propres entreprises car c'est à partir d'un besoin qu'on essaye de trouver des solutions, et à partir du moment qu'on a une solution, on essaye de la transformer en start-up. On est en train d'évoluer au même rythme avec les autres pays, la grande différence avec ces pays c'est que leurs administrations sont plus structurées et leur écosystème est plus efficace.
Le nouveau fonds qui sera créé ne sera pas similaire aux programmes ANSEJ, ANGEM, CNAC ?
Je n'ai pas d'informations précises sur cette question, mais je peux vous dire ce que je pense…on a changé de monde depuis l'élection du nouveau président, les réflexes ne doivent pas être les mêmes. Si le président a décidé de mettre en place une banque pour les start-up, cela veut dire qu'il y a une politique derrière, on sait très bien que les start-up sont un univers qui évolue vite il obéit au principe de scalabilité, je pense et j'espère que de nouveaux mécanismes de sélection et de financement seront introduits par le ministère de Monsieur Yassine Djeridane pour permettre à nos jeunes de lancer leurs start-up et contribuer à la création de richesses en Algérie.