Serveurs, coiffeurs, vendeurs ambulants… pour de nombreux Marocains non affiliés à la sécurité sociale, le confinement est synonyme d'absence de revenus. Une précarité à laquelle les pouvoirs publics tentent d'ores et déjà de trouver une solution. En ce vendredi 20 mars, Saïd, chauffeur de " grand taxi ", fait le pied de grue devant la station. Il n'y a pas foule, sauf quelques clients habituels de cette navette périphérique entre Bouznika et Skhirate, dans la banlieue de Rabat. " Toute la semaine, l'activité a tourné au ralenti et on ne pouvait pas transporter plus de trois personnes par course, au lieu de six habituellement ", raconte-t-il. Durant cette dernière journée avant le confinement obligatoire, il espère au mieux faire deux à trois allers-retours, une recette prévisionnelle de 90 dirhams dont il faut déduire les frais de carburant.
Impératif de survie " C'est toujours bon à prendre, car les prochaines semaines seront très dures ", s'alarme Saïd, en charge de sa mère et de son épouse, enceinte. Les jours à venir s'annoncent inévitablement compliqués pour lui comme pour de nombreux Marocains dont le confinement aiguise la situation déjà précaire. Saïd reste toutefois confiant. " Dieu merci, les Marocains sont des gens bien, commente-t-il. Ils peuvent être très égoïstes au quotidien, mais quand les temps sont durs, ils savent se serrer les coudes. " Démonstration, à son échelle : le propriétaire de l'agrément de son taxi a renoncé au loyer mensuel que Saïd doit lui verser, et ses amis chauffeurs ont monté, avec les moyens du bord, une chaîne de solidarité. Leur syndicat a déjà pris contact avec les autorités de tutelle pour d'éventuelles mesures de soutien. " Nous avons foi en Dieu, nous avons confiance en notre pays et en notre roi. C'est notre devise : Dieu, la patrie et le roi ", nous lance-t-il. " Les autorités ne nous laisseront pas tomber. Nous devons leur faire confiance, suivre leurs instructions et leur laisser le temps de mettre les choses en place. " Il a notamment joué ce rôle dans le conflit libérien. Plusieurs diplomates pensent donc que les expériences de l'Algérien pourraient servir à sortir la Libye de la crise politique et sociale qu'elle traverse. Pour rappel, depuis la chute en 2011 de Mouamar Kadhafi, la Libye est en proie à la guerre civile. En 2019, le maréchal Haftar avait lancé une offensive contre la ville de Tripoli occupée par le gouvernement d'union dirigé par Fayez el-Sarraj. Un conflit qui a déjà fait des milliers de morts dans les deux camps.