Surprotéger les enfants durant l'enfance les exposerait à des maladies à l'âge adulte. Cette hypothèse hygiéniste est aujourd'hui confirmée par de nombreux chercheurs, qui relient même les infections infantiles aux maladies cardiovasculaires et au diabète. Est-il temps de laisser nos enfants s'ébattre dans la saleté ? Surprotéger les enfants durant l'enfance les exposerait à des maladies à l'âge adulte. Cette hypothèse hygiéniste est aujourd'hui confirmée par de nombreux chercheurs, qui relient même les infections infantiles aux maladies cardiovasculaires et au diabète. Est-il temps de laisser nos enfants s'ébattre dans la saleté ? L'hygiène de la petite enfance influe sur la santé à l'âge adulte. Cette "hypothèse hygiéniste" est développée depuis les années 80. Les allergies et certaines maladies chroniques pourraient ainsi être moins fréquentes à l'âge adulte si les parents ont laissé bébé s'ébattre dans un milieu non-aseptisé, quitte à attraper de petites infections régulièrement. Plusieurs études tendent à accréditer cette thèse. Plus d'infections infantiles, moins d'allergies à l'âge adulte Pas moins d'un Français sur trois est atteint d'allergie, contre seulement 3,8 % en 1968… Comment expliquer ce boom des allergies dans les pays occidentaux, qu'elles soient respiratoires, alimentaires ou cutanées ? La pollution, l'alimentation trop tôt diversifiée, l'exposition précoce à des allergènes constituent des éléments de réponse. Néanmoins, depuis 1989 et la publication d'une étude dans le British Medical Journal, une autre hypothèse retient l'attention des spécialistes : un excès d'hygiène dans les premières années de vie augmenterait le risque d'allergies. Pour étayer cette théorie, le chercheur britannique David Strachan a suivi jusqu'à l'âge de 23 ans 17.414 Anglais nés en 1958, en notant la fréquence de leur éventuel rhume des foins et eczéma. Résultat : ces deux maladies allergiques sont moins fréquentes chez les enfants de familles nombreuses, sans doute plus exposés à des agents infectieux par leur fratrie, que des enfants uniques. Et si les bactéries cutanées protégeaient de l'eczéma ? De l'autre côté de l'Atlantique, les chercheurs de l'université de Californie ont démontré que les bactéries inoffensives de la famille des staphylocoques, se trouvant à la surface de la peau, inhibent l'inflammation cutanée, par exemple dans le cas de la survenue d'une plaie. Cette découverte ouvre non seulement de nouvelles perspectives thérapeutiques, mais donne du grain à moudre à ceux qui relient la flambée des allergies cutanées (comme l'eczéma et l'urticaire, qui se manifestent par une inflammation de la peau) à la baisse des infections durant l'enfance en raison d'une meilleure hygiène. Au-delà des allergies, les liens entre inflammation et infections pourraient donner à cette hypothèse hygiéniste une ampleur inédite, reliant les infections de l'enfance à la survenue tardive de maladies cardiovasculaires et de diabète. Moins de maladies chroniques pour les enfants sales L'un des marqueurs de l'inflammation bien connu des cardiologues est la CRP (pour C-reactive protein), que de précédentes études ont relié à la survenue d'accidents cardiovasculaires (infarctus, attaque cérébrale, angine de poitrine, etc.) Et les méfaits de cette protéine témoin de l'inflammation ne s'arrêteraient pas là. Une étude conduite sur plus de 27 mille personnes a également démontrée en 2001 qu'une élévation de la CRP est associée à une augmentation du risque de survenue d'un diabète de type 2, maladie qui touche des centaines de millions de personnes dans le monde. Il restait à faire le lien entre CRP et infections durant la petite enfance…. C'est désormais chose faite grâce au suivi de 1.461 enfants philippins, de la naissance à l'âge de 22 ans. Les chercheurs américains de l'université Northwestern ont relié le nombre d'infections de la petite enfance et le taux de CRP (C-reactive protein, protéine servant de marqueur de l'inflammation) à l'âge adulte. Par rapport à des adultes américains, les adultes philippins ont grandi dans un milieu plus exposé aux infections. En comparant les deux groupes, il apparaît que le taux moyen de CRP des Philippins est 80% plus faible que celui des Américains. Dans le détail, les épisodes de diarrhée, l'exposition à des matières fécales animales (une ferme par exemple) durant l'enfance ou la naissance dans un endroit poussiéreux pendant la saison sèche diminuent le risque d'avoir une CRP élevée à l'âge adulte. Les auteurs suggèrent que les infections multiples des nourrissons peuvent les protéger à l'âge adulte de problèmes cardiovasculaires et donc de décès prématurés. Pour étayer leur raisonnement, ils avancent que les Philippins ont moins de maladies cardiovasculaires que les habitants des pays occidentaux. développer les anticorps Comment expliquer cette protection liée aux infections de la petite enfance ? Pour Thomas Mc Dade de l'université Northwestern, le développement d'une réponse anti-inflammatoire lors d'une infection du nourrisson offre ensuite à l'organisme une optimisation des défenses anti-infectieuses, et donc des moyens de lutte contre l'inflammation (une infection s'accompagne de phénomènes inflammatoires). Si la thèse de ce chercheur se vérifie, l'hyper-hygiène influe non seulement sur l'allergie et l'asthme, mais aussi sur la survenue de maladies chroniques particulièrement redoutables. Selon lui, il faut envisager d'exposer les enfants aux germes infectieux, si possible en limitant les risques liés aux infections. L'hypothèse hygiéniste née de ce travail est, depuis, très sérieusement étudiée pour expliquer la survenue des maladies spécifiques aux pays occidentaux S. H. L'hygiène de la petite enfance influe sur la santé à l'âge adulte. Cette "hypothèse hygiéniste" est développée depuis les années 80. Les allergies et certaines maladies chroniques pourraient ainsi être moins fréquentes à l'âge adulte si les parents ont laissé bébé s'ébattre dans un milieu non-aseptisé, quitte à attraper de petites infections régulièrement. Plusieurs études tendent à accréditer cette thèse. Plus d'infections infantiles, moins d'allergies à l'âge adulte Pas moins d'un Français sur trois est atteint d'allergie, contre seulement 3,8 % en 1968… Comment expliquer ce boom des allergies dans les pays occidentaux, qu'elles soient respiratoires, alimentaires ou cutanées ? La pollution, l'alimentation trop tôt diversifiée, l'exposition précoce à des allergènes constituent des éléments de réponse. Néanmoins, depuis 1989 et la publication d'une étude dans le British Medical Journal, une autre hypothèse retient l'attention des spécialistes : un excès d'hygiène dans les premières années de vie augmenterait le risque d'allergies. Pour étayer cette théorie, le chercheur britannique David Strachan a suivi jusqu'à l'âge de 23 ans 17.414 Anglais nés en 1958, en notant la fréquence de leur éventuel rhume des foins et eczéma. Résultat : ces deux maladies allergiques sont moins fréquentes chez les enfants de familles nombreuses, sans doute plus exposés à des agents infectieux par leur fratrie, que des enfants uniques. Et si les bactéries cutanées protégeaient de l'eczéma ? De l'autre côté de l'Atlantique, les chercheurs de l'université de Californie ont démontré que les bactéries inoffensives de la famille des staphylocoques, se trouvant à la surface de la peau, inhibent l'inflammation cutanée, par exemple dans le cas de la survenue d'une plaie. Cette découverte ouvre non seulement de nouvelles perspectives thérapeutiques, mais donne du grain à moudre à ceux qui relient la flambée des allergies cutanées (comme l'eczéma et l'urticaire, qui se manifestent par une inflammation de la peau) à la baisse des infections durant l'enfance en raison d'une meilleure hygiène. Au-delà des allergies, les liens entre inflammation et infections pourraient donner à cette hypothèse hygiéniste une ampleur inédite, reliant les infections de l'enfance à la survenue tardive de maladies cardiovasculaires et de diabète. Moins de maladies chroniques pour les enfants sales L'un des marqueurs de l'inflammation bien connu des cardiologues est la CRP (pour C-reactive protein), que de précédentes études ont relié à la survenue d'accidents cardiovasculaires (infarctus, attaque cérébrale, angine de poitrine, etc.) Et les méfaits de cette protéine témoin de l'inflammation ne s'arrêteraient pas là. Une étude conduite sur plus de 27 mille personnes a également démontrée en 2001 qu'une élévation de la CRP est associée à une augmentation du risque de survenue d'un diabète de type 2, maladie qui touche des centaines de millions de personnes dans le monde. Il restait à faire le lien entre CRP et infections durant la petite enfance…. C'est désormais chose faite grâce au suivi de 1.461 enfants philippins, de la naissance à l'âge de 22 ans. Les chercheurs américains de l'université Northwestern ont relié le nombre d'infections de la petite enfance et le taux de CRP (C-reactive protein, protéine servant de marqueur de l'inflammation) à l'âge adulte. Par rapport à des adultes américains, les adultes philippins ont grandi dans un milieu plus exposé aux infections. En comparant les deux groupes, il apparaît que le taux moyen de CRP des Philippins est 80% plus faible que celui des Américains. Dans le détail, les épisodes de diarrhée, l'exposition à des matières fécales animales (une ferme par exemple) durant l'enfance ou la naissance dans un endroit poussiéreux pendant la saison sèche diminuent le risque d'avoir une CRP élevée à l'âge adulte. Les auteurs suggèrent que les infections multiples des nourrissons peuvent les protéger à l'âge adulte de problèmes cardiovasculaires et donc de décès prématurés. Pour étayer leur raisonnement, ils avancent que les Philippins ont moins de maladies cardiovasculaires que les habitants des pays occidentaux. développer les anticorps Comment expliquer cette protection liée aux infections de la petite enfance ? Pour Thomas Mc Dade de l'université Northwestern, le développement d'une réponse anti-inflammatoire lors d'une infection du nourrisson offre ensuite à l'organisme une optimisation des défenses anti-infectieuses, et donc des moyens de lutte contre l'inflammation (une infection s'accompagne de phénomènes inflammatoires). Si la thèse de ce chercheur se vérifie, l'hyper-hygiène influe non seulement sur l'allergie et l'asthme, mais aussi sur la survenue de maladies chroniques particulièrement redoutables. Selon lui, il faut envisager d'exposer les enfants aux germes infectieux, si possible en limitant les risques liés aux infections. L'hypothèse hygiéniste née de ce travail est, depuis, très sérieusement étudiée pour expliquer la survenue des maladies spécifiques aux pays occidentaux S. H.