Des centaines de personnes se sont recueillis, hier, dimanche, sur la tombe de l'artiste et poète Matoub Lounès. Dès les premières heures, le village natal du chanteur a été pris d'assaut par ses fans qui ont tenu à marquer cette journée, désormais ancrée dans l'histoire de la région. Des centaines de personnes se sont recueillis, hier, dimanche, sur la tombe de l'artiste et poète Matoub Lounès. Dès les premières heures, le village natal du chanteur a été pris d'assaut par ses fans qui ont tenu à marquer cette journée, désormais ancrée dans l'histoire de la région. En effet, chaque année, des citoyens, par milliers, affluent au village en question, les journées du 24 janvier et du 25 juin. La première est la date anniversaire de la naissance du "Rebelle" et la seconde est celle de son assassinat. Matoub Lounès est né le 24 janvier 1956 au village Taourirt Moussa, près d'Ath Douala. Dès son adolescence, il prit conscience de l'exclusion dont était l'objet sa langue maternelle. Le talent artistique a aussi germé très tôt chez cet homme au caractère exceptionnel. C'est sans surprise qu'il remporte un succès incroyable après la sortie de son premier album en 1978. La cassette, intitulé «a y izem» (Oh ! lion), a été enregistrée avec la participation de Idir, qui était au summum de la gloire. Le succès de Matoub Lounès était prévisible car bien avant, il s'était imposé de manière franche dans les fêtes de mariage qu'il animait un peu partout en Kabylie. L'artiste de Taourit Moussa fait preuve d'un courage téméraire dans son premier album puisqu'il s'est attaqué à des sujets tabous que n'abordaient pas les autres artistes. Son entrée sur la scène artistique était un véritable tonnerre dans un ciel serein puisqu'il allait enchaîner les cassettes avec une régularité rarement observée dans la chanson kabyle. Durant les vingt ans qu'a duré sa carrière artistique, Matoub Lounès produisait, au minimum, deux albums par an. Il a innové sur le plan poétique et musical. C'est le premier chanteur kabyle à avoir converti nombre de compositions musicales du Châabi algérois et de l'andalous, à la chanson kabyle. Il a repris des chefs d'œuvre de ce genre, interprétés auparavant par des maîtres et des icônes à l'image de Cheikh Mhamed El Anka, Guerrouabi, El Hasnaoui, Cheikh Arab Bouyezgarène, Slimane Azem et d'autres. Grâce à sa voix velouteuse et à sa façon d'interpréter unique mais aussi à ses textes d'une richesse lexicale et métaphorique indéniable, Matoub a pu s'imposer en quelques années comme étant le plus grand artiste kabyle de tous les temps. Sa modestie et sa personnalité naturelle ont fait de lui aussi l'artiste le plus populaire. Quant à son engagement militant en faveur de la démocratie et de la langue berbère, il l'a payé très cher. En plus des campagnes d'invective dont il n'a cessé d'être la cible, Matoub Lounès a évolué jusqu'en 1988 sans être médiatisé par aucun média algérien. Ce n'est qu'après 1988 que les premiers articles et les premières interviews de Matoub parurent dans la presse. En 1988, il est blessé par balles par des gendarmes à Ain El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. Suite à ces épreuves difficiles lui ayant valu 17 interventions chirurgicales, Matoub est revenu avec l'un de ses meilleurs albums, intitulé «L'ironie du sort» où il fait le serment de ne jamais faire marche arrière dans son combat jusqu'à son dernier souffle. Puis, en 1994, il est enlevé par un groupe armé. Il a été séquestré pendant 15 jours dans les maquis de Kabylie. Après sa libération, il a composé deux albums intitulés «Assirem», où il a exprimé tout son amour pour l'Algérie qu'il était obligé de quitter pour sept mois par mesure de sécurité. Mais son attachement pour l'Algérie, qu'il a tant chanté, était viscéral. Il ne pouvait vivre plus longuement loin de sa terre nourricière. Malgré les conseils incessants de ses proches, Matoub reviendra en Algérie et reprendra sa vie près des siens, dans son village natal. Il ne faisait pas la différence entre la mort et la vie loin de son pays. C'était un choix qu'il voulait et qu'il devait assumer. En 1997, il produit deux autres albums dans lesquels il explore tout ce qu'il a appris dans les musiques châabie et andalouse et notamment chez l'icône El Anka, devenu désormais son père spirituel sur le plan musical. L'album est titré «Au nom de tous les miens». Il y chante l'amour de la femme inaccessible, l'amour de la patrie, l'amitié et vilipende ceux qui ont voulu le salir vivant. A la fin de l'année 1997, Matoub, qui a souffert pendant des années de la solitude, rencontre enfin et de nouveau l'amour. Il reprend goût à la vie mais n'abandonne pas le combat identitaire, contre l'intégrisme et pour la démocratie. L'idylle est vite stoppée par les balles, le 25 juin 1998. Matoub est parti définitivement, certes, mais il est resté éternellement pour la postérité. L. B. En effet, chaque année, des citoyens, par milliers, affluent au village en question, les journées du 24 janvier et du 25 juin. La première est la date anniversaire de la naissance du "Rebelle" et la seconde est celle de son assassinat. Matoub Lounès est né le 24 janvier 1956 au village Taourirt Moussa, près d'Ath Douala. Dès son adolescence, il prit conscience de l'exclusion dont était l'objet sa langue maternelle. Le talent artistique a aussi germé très tôt chez cet homme au caractère exceptionnel. C'est sans surprise qu'il remporte un succès incroyable après la sortie de son premier album en 1978. La cassette, intitulé «a y izem» (Oh ! lion), a été enregistrée avec la participation de Idir, qui était au summum de la gloire. Le succès de Matoub Lounès était prévisible car bien avant, il s'était imposé de manière franche dans les fêtes de mariage qu'il animait un peu partout en Kabylie. L'artiste de Taourit Moussa fait preuve d'un courage téméraire dans son premier album puisqu'il s'est attaqué à des sujets tabous que n'abordaient pas les autres artistes. Son entrée sur la scène artistique était un véritable tonnerre dans un ciel serein puisqu'il allait enchaîner les cassettes avec une régularité rarement observée dans la chanson kabyle. Durant les vingt ans qu'a duré sa carrière artistique, Matoub Lounès produisait, au minimum, deux albums par an. Il a innové sur le plan poétique et musical. C'est le premier chanteur kabyle à avoir converti nombre de compositions musicales du Châabi algérois et de l'andalous, à la chanson kabyle. Il a repris des chefs d'œuvre de ce genre, interprétés auparavant par des maîtres et des icônes à l'image de Cheikh Mhamed El Anka, Guerrouabi, El Hasnaoui, Cheikh Arab Bouyezgarène, Slimane Azem et d'autres. Grâce à sa voix velouteuse et à sa façon d'interpréter unique mais aussi à ses textes d'une richesse lexicale et métaphorique indéniable, Matoub a pu s'imposer en quelques années comme étant le plus grand artiste kabyle de tous les temps. Sa modestie et sa personnalité naturelle ont fait de lui aussi l'artiste le plus populaire. Quant à son engagement militant en faveur de la démocratie et de la langue berbère, il l'a payé très cher. En plus des campagnes d'invective dont il n'a cessé d'être la cible, Matoub Lounès a évolué jusqu'en 1988 sans être médiatisé par aucun média algérien. Ce n'est qu'après 1988 que les premiers articles et les premières interviews de Matoub parurent dans la presse. En 1988, il est blessé par balles par des gendarmes à Ain El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. Suite à ces épreuves difficiles lui ayant valu 17 interventions chirurgicales, Matoub est revenu avec l'un de ses meilleurs albums, intitulé «L'ironie du sort» où il fait le serment de ne jamais faire marche arrière dans son combat jusqu'à son dernier souffle. Puis, en 1994, il est enlevé par un groupe armé. Il a été séquestré pendant 15 jours dans les maquis de Kabylie. Après sa libération, il a composé deux albums intitulés «Assirem», où il a exprimé tout son amour pour l'Algérie qu'il était obligé de quitter pour sept mois par mesure de sécurité. Mais son attachement pour l'Algérie, qu'il a tant chanté, était viscéral. Il ne pouvait vivre plus longuement loin de sa terre nourricière. Malgré les conseils incessants de ses proches, Matoub reviendra en Algérie et reprendra sa vie près des siens, dans son village natal. Il ne faisait pas la différence entre la mort et la vie loin de son pays. C'était un choix qu'il voulait et qu'il devait assumer. En 1997, il produit deux autres albums dans lesquels il explore tout ce qu'il a appris dans les musiques châabie et andalouse et notamment chez l'icône El Anka, devenu désormais son père spirituel sur le plan musical. L'album est titré «Au nom de tous les miens». Il y chante l'amour de la femme inaccessible, l'amour de la patrie, l'amitié et vilipende ceux qui ont voulu le salir vivant. A la fin de l'année 1997, Matoub, qui a souffert pendant des années de la solitude, rencontre enfin et de nouveau l'amour. Il reprend goût à la vie mais n'abandonne pas le combat identitaire, contre l'intégrisme et pour la démocratie. L'idylle est vite stoppée par les balles, le 25 juin 1998. Matoub est parti définitivement, certes, mais il est resté éternellement pour la postérité. L. B.