«Je pense que le gouvernement des Etats-Unis n'a rien à voir avec les campagnes d'évangélisation constatées partout dans le monde» a déclaré Blandine Chelini-Pont, docteur en droit et en histoire contemporaine, venue mardi animer une conférence sur la «laïcité américaine» au Centre culturel français d'Alger. «Je pense que le gouvernement des Etats-Unis n'a rien à voir avec les campagnes d'évangélisation constatées partout dans le monde» a déclaré Blandine Chelini-Pont, docteur en droit et en histoire contemporaine, venue mardi animer une conférence sur la «laïcité américaine» au Centre culturel français d'Alger. Interrogée sur cette question, la conférencière a imputé la vitalité de ce mouvement de prosélytisme à des ressources internes aux groupes des missionnaires. Tout en reconnaissant qu'il y a avait des raisons de supposer l'existence de liens entre l'action des évangéliques et la Maison Blanche, Blandine Chelini-Pont, a écarté néanmoins d'emblée cette hypothèse renvoyant le public à des études sociologiques ayant porté sur le sujet. Pour autant, il est de notoriété publique que l'ex-président des Etats-Unis, George W. Bush, s'était prévalu d'être un «chrétien renaissant» (Born Again Christians), au lendemain de l'attentat du 11 septembre. Autre preuve de la non implication du pays d'Obama : la conférencière cite l'exemple de son propre pays, la France en l'occurrence, qui ne serait pas épargnée par le phénomène. Selon elle «un mouvement évangélique important s'y est développé, il y a 700 missionnaires évangélistes en France et croyez-moi, ils sont très actifs et enthousiastes» a-elle ajouté. Attribuer l'action des évangélistes à un gouvernement particulier reviendrait, a-t-elle suggéré ironiquement, à considérer le problème comme relevant de la compétence de la police. Mais, avertit-elle, actuellement ce sont les pentecôtistes et non les évangélistes qui auraient pignon sur rue. Elle a évoqué des conversions par brassées de croyants affiliés à des confréries musulmanes dans les pays du Sahel comme le Sénégal. Le mouvement évangéliste, a-t-elle ajouté, est actuellement plus répandu en Amérique Latine qu'aux Etats-Unis. Quant à la laïcité américaine, objet central de la conférence, si Blandine Chelini-Pont a reconnu ses spécificités après avoir posé la question «peut-on parler d'une laïcité américaine?», elle n'en a pas moins estimé qu'elle «reste facilement manipulable». La laïcité américaine ne peut être comprise que si on la compare avec la laïcité européenne et surtout française du point de vue historique. La laïcité renvoie à la séparation du domaine religieux d'avec l'autorité politique. Le mouvement laïcisant qui a conduit en Europe à séparer l'Eglise du roi a revêtu les formes d'une protection des libertés religieuses et de conscience contre les exactions de l'Eglise. La laïcité française a été une lutte pour se prémunir contre les menées cléricales d'où la méfiance éprouvée à l'égard de l'instrumentalisation des symboles religieux dont le voile. La laïcité américaine, quant à elle, née dans une terre d'immigration, était aiguillonnée par sa volonté de ne pas reproduire le despotisme des Etats européens dont avaient souffert les populations qui devaient rejoindre l'Amérique. Les immigrés ont donc fait tout leur possible pour que ce pays «soit aimé, il faudrait respecter tout le monde quelles que soient les convictions religieuses des uns et des autres pour que cela marche». Pour Blandine Chelini-Pont, les Etats-Unis vivent du mythe de l'Amérique aimée par les gens qui choisissent de s'y établir. «Cela crée des jalousies; chez nous par exemple en France, on considère que les gens n'aiment pas assez leur pays». Pourtant, tout ceci s'explique a-t-elle suggéré par le fait que l'histoire de la France n'a pas été faite par les immigrés. N'empêche, les Etats-Unis sont un des pays le plus religieux au monde. La conférencière a avancé des chiffres : 95 % des Américains disent croire en Dieu et 80 % déclarent ne pas voter pour un homme politique ouvertement athée. Or, en Europe, 45 % de la population seulement affirment pratiquer leur religion toutes les semaines. En France, seulement 6% affirment être pratiquants. Mais «la liberté religieuse aux Etats-Unis est tellement une chose sérieuse qu'elle a permis à des sectes religieuses d'y activer allant jusqu'à autoriser la consommation de drogue au sein, notamment, des groupes religieux amérindiens». Blandine Chelini-Pont y voit une brèche ouverte pour les manipulations politiques dès lors que les leaders qui ambitionnent de prendre le pouvoir sont enclins à enfourcher le cheval de bataille de la défense des libertés religieuses pour s'affirmer. A noter que Blandine Chelini-Pont dirige l'Institut de Droit et d'Histoire Religieux (IDHR) à la Faculté de Droit et de Science politiques d'Aix-en-Provence et enseigne l'histoire et la géopolitique des religions. L. G. Interrogée sur cette question, la conférencière a imputé la vitalité de ce mouvement de prosélytisme à des ressources internes aux groupes des missionnaires. Tout en reconnaissant qu'il y a avait des raisons de supposer l'existence de liens entre l'action des évangéliques et la Maison Blanche, Blandine Chelini-Pont, a écarté néanmoins d'emblée cette hypothèse renvoyant le public à des études sociologiques ayant porté sur le sujet. Pour autant, il est de notoriété publique que l'ex-président des Etats-Unis, George W. Bush, s'était prévalu d'être un «chrétien renaissant» (Born Again Christians), au lendemain de l'attentat du 11 septembre. Autre preuve de la non implication du pays d'Obama : la conférencière cite l'exemple de son propre pays, la France en l'occurrence, qui ne serait pas épargnée par le phénomène. Selon elle «un mouvement évangélique important s'y est développé, il y a 700 missionnaires évangélistes en France et croyez-moi, ils sont très actifs et enthousiastes» a-elle ajouté. Attribuer l'action des évangélistes à un gouvernement particulier reviendrait, a-t-elle suggéré ironiquement, à considérer le problème comme relevant de la compétence de la police. Mais, avertit-elle, actuellement ce sont les pentecôtistes et non les évangélistes qui auraient pignon sur rue. Elle a évoqué des conversions par brassées de croyants affiliés à des confréries musulmanes dans les pays du Sahel comme le Sénégal. Le mouvement évangéliste, a-t-elle ajouté, est actuellement plus répandu en Amérique Latine qu'aux Etats-Unis. Quant à la laïcité américaine, objet central de la conférence, si Blandine Chelini-Pont a reconnu ses spécificités après avoir posé la question «peut-on parler d'une laïcité américaine?», elle n'en a pas moins estimé qu'elle «reste facilement manipulable». La laïcité américaine ne peut être comprise que si on la compare avec la laïcité européenne et surtout française du point de vue historique. La laïcité renvoie à la séparation du domaine religieux d'avec l'autorité politique. Le mouvement laïcisant qui a conduit en Europe à séparer l'Eglise du roi a revêtu les formes d'une protection des libertés religieuses et de conscience contre les exactions de l'Eglise. La laïcité française a été une lutte pour se prémunir contre les menées cléricales d'où la méfiance éprouvée à l'égard de l'instrumentalisation des symboles religieux dont le voile. La laïcité américaine, quant à elle, née dans une terre d'immigration, était aiguillonnée par sa volonté de ne pas reproduire le despotisme des Etats européens dont avaient souffert les populations qui devaient rejoindre l'Amérique. Les immigrés ont donc fait tout leur possible pour que ce pays «soit aimé, il faudrait respecter tout le monde quelles que soient les convictions religieuses des uns et des autres pour que cela marche». Pour Blandine Chelini-Pont, les Etats-Unis vivent du mythe de l'Amérique aimée par les gens qui choisissent de s'y établir. «Cela crée des jalousies; chez nous par exemple en France, on considère que les gens n'aiment pas assez leur pays». Pourtant, tout ceci s'explique a-t-elle suggéré par le fait que l'histoire de la France n'a pas été faite par les immigrés. N'empêche, les Etats-Unis sont un des pays le plus religieux au monde. La conférencière a avancé des chiffres : 95 % des Américains disent croire en Dieu et 80 % déclarent ne pas voter pour un homme politique ouvertement athée. Or, en Europe, 45 % de la population seulement affirment pratiquer leur religion toutes les semaines. En France, seulement 6% affirment être pratiquants. Mais «la liberté religieuse aux Etats-Unis est tellement une chose sérieuse qu'elle a permis à des sectes religieuses d'y activer allant jusqu'à autoriser la consommation de drogue au sein, notamment, des groupes religieux amérindiens». Blandine Chelini-Pont y voit une brèche ouverte pour les manipulations politiques dès lors que les leaders qui ambitionnent de prendre le pouvoir sont enclins à enfourcher le cheval de bataille de la défense des libertés religieuses pour s'affirmer. A noter que Blandine Chelini-Pont dirige l'Institut de Droit et d'Histoire Religieux (IDHR) à la Faculté de Droit et de Science politiques d'Aix-en-Provence et enseigne l'histoire et la géopolitique des religions. L. G.