La récente vente d'armes à Taiwan par les Etats-Unis, qui a ulcéré Pékin, apporte de nouvelles tensions dans les relations sino-américaines. En guise de représailles, la Chine a suspendu, samedi, ses échanges militaires avec les Etats-Unis et promis des sanctions contres les sociétés impliquées dans cette livraison. La récente vente d'armes à Taiwan par les Etats-Unis, qui a ulcéré Pékin, apporte de nouvelles tensions dans les relations sino-américaines. En guise de représailles, la Chine a suspendu, samedi, ses échanges militaires avec les Etats-Unis et promis des sanctions contres les sociétés impliquées dans cette livraison. Le Pentagone a scellé un contrat d'armement de plus de 6,4 milliards de dollars avec Taiwan et doit vendre à l'île, considérée par Pékin comme rebelle faisant partie intégrante de la Chine, des missiles antimissile Patriot, des navires chasseurs de mines sous-marines et des helicopters Block Hawk, notamment. Ce faisant, il a déclenché la pire crise sino-américaine depuis l'entrée en fonction du président Barack Obama qui arrive juste après la polémique déclenchée le mois dernier par le géant américain de l'internet Google qui a menacé de se retirer du marché chinois en raison d'attaques informatives et de la censure locale. Dénonçant une "ingérence grossière" dans ses affaires intérieures "qui nuit à la réunification pacifique de la Chine" et "va à l'encontre des principes du communiqué commun diffusé pendant la visite du président Barack Obama en Chine en novembre dernier", la Chine a suspendu, samedi, ses échanges militaires avec les Etats-Unis et annoncé des "sanctions appropriées contre les compagnies américaines impliquées". Les Etats-Unis restent dans une position inconfortable, source de tensions: ils reconnaissent la Chine communiste tout en fournissant des "armements défensifs" à l'île en vertu de la "loi sur les relations avec Taïwan" votée en 1979. Lors d'une visite à Tokyo, le secrétaire adjoint américain à la Défense pour l'Asie-Pacifique, Wallace Gregson, a rappelé que les Etats-Unis devaient "assurer la capacité d'autodéfense de Taïwan". "Nous avons la ferme intention de respecter chacun de nos engagements là-bas et nous allons continuer à agir ainsi à l'avenir", a-t-il affirmé dans un discours. "Nous avons une relation très complexe avec la Chine", a poursuivi M. Gregson. "Notre but est de maintenir des rapports cordiaux, chaleureux, une relation de coopération avec la Chine", a-t-il souligné, ajoutant: "Nous avons évidemment des points sur lesquels nous divergeons, nous essayons de les séparer de ceux sur lesquels nous pouvons travailler de façon productive". Taïwan a fait sécession de la Chine populaire après la guerre civile de 1949 mais Pékin a beau favoriser le réchauffement diplomatique avec l'île rebelle, elle n'en reste pas moins fermement attachée au principe d'une Chine unique et, la considérant comme une partie intégrante de son territoire, envisage toujours de la réunifier, à la façon de Hong Kong.Ces achats d'armes illustrent la volonté de l'île de conserver un pouvoir de dissuasion face à Pékin, au risque de menacer la nette amélioration de leurs relations intervenue notamment après l'accession au pouvoir à Taiwan de Ma Ying-jeou, en mai 2008. Si ce réchauffement est illustré par une série d'accords économiques et commerciaux et par des échanges touristiques croissants, la méfiance et le contentieux historique demeure de mise. Le président de la République de Chine, dénomination officielle de Taiwan par la République populaire de Chine doit constamment louvoyer entre son engagement à améliorer les relations dans le détroit de Formose, et son soin à sauvegarder les intérêts des 23 millions d'insulaires attachés à leur souveraineté. Ainsi, s'est-il montré très prudent à la suite de la réaction de Pékin, samedi, en assurant que ces armes aideraient son pays à se sentir "plus confiant et plus sécurisé" et contribueraient au développement de ses relations avec la Chine. "La Chine a plus d'un millier de missiles braqués sur Taïwan et n'affiche aucune volonté de réduire son arsenal militaire. Taïwan doit se préparer avant que les parties puissent signer un accord de paix en vue d'une réconciliation politique formelle ", a fait valoir le député taiwanais Lin Yu-fang, membre du comité parlementaire de la Défense nationale et des Affaires étrangères. Selon Tung Chen-yuan, politologue à l'université nationale de Taïpei Chenchi, "Taïwan a besoin de ces armes pour être en position de négocier dans le futur". Le budget militaire chinois n'a cessé de croître au fil des ans. Il a augmenté de 15,3% en 2009, à 69 milliards de dollars, contre seulement 10 milliards pour Taïwan. "Malgré l'amélioration des relations, la menace militaire chinoise demeure, et il existe un déséquilibre des forces entre les deux camps", souligne Kenneth Kaocheng Wang, expert militaire auprès de l'université de Taïpei Tamkang. "La survie de Taïwan dépend de la bonne volonté et de la réconciliation entre les parties", soulignait de son côté un éditorial du journal United Evening News. Pour Xu Tiebing, expert chinois des relations internationales, cette fois-ci, la reaction chinoise est plus forte que lors de la suspension précédente du dialogue militaire en 2008, sous la présidence de George W. Bush, déjà à cause de ce projet de vente d'armes. Des "dégats" politiques collatéraux sont à prévoir en conséquence. Aussi, à l'instar d'autres experts, il estime que le traitement du dossier nucléaire iranien pourrait s'en ressentir à un moment où la Chine, plus forte et plus influente, troisième économie mondiale et énorme marché, forte de sa nouvelle puissance, n'hésitera pas à se montrer peu coopérative. De même pour Jing-dong Yuan, un expert des questions de non-prolifération à l'Institut des études internationales de Monterey en Californie, Washington peut faire un trait sur ses espoirs de soutien chinois à des sanctions supplémentaires contre l'Iran. "Du point de vue de Pékin, Washington semble toujours demander la coopération de la Chine - et demande de plus en plus que la Chine fasse les choses comme l'entendent les Américains -, depuis le changement climatique jusqu'aux questions iranienne et nord-coréenne. Mais les demandes de la Chine sur ce qu'elle considère comme un intérêt national vital tombent dans l'oreille d'un sourd", estime-t- il.Dimanche, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a souligné de son coté que ce conflit sino-américain risquait "de compliquer un tout petit peu, pas définitivement" la recherche de l'adhésion de Pékin à de nouvelles sanctions internationales contre la politique nucléaire de l'Iran. N. S. Le Pentagone a scellé un contrat d'armement de plus de 6,4 milliards de dollars avec Taiwan et doit vendre à l'île, considérée par Pékin comme rebelle faisant partie intégrante de la Chine, des missiles antimissile Patriot, des navires chasseurs de mines sous-marines et des helicopters Block Hawk, notamment. Ce faisant, il a déclenché la pire crise sino-américaine depuis l'entrée en fonction du président Barack Obama qui arrive juste après la polémique déclenchée le mois dernier par le géant américain de l'internet Google qui a menacé de se retirer du marché chinois en raison d'attaques informatives et de la censure locale. Dénonçant une "ingérence grossière" dans ses affaires intérieures "qui nuit à la réunification pacifique de la Chine" et "va à l'encontre des principes du communiqué commun diffusé pendant la visite du président Barack Obama en Chine en novembre dernier", la Chine a suspendu, samedi, ses échanges militaires avec les Etats-Unis et annoncé des "sanctions appropriées contre les compagnies américaines impliquées". Les Etats-Unis restent dans une position inconfortable, source de tensions: ils reconnaissent la Chine communiste tout en fournissant des "armements défensifs" à l'île en vertu de la "loi sur les relations avec Taïwan" votée en 1979. Lors d'une visite à Tokyo, le secrétaire adjoint américain à la Défense pour l'Asie-Pacifique, Wallace Gregson, a rappelé que les Etats-Unis devaient "assurer la capacité d'autodéfense de Taïwan". "Nous avons la ferme intention de respecter chacun de nos engagements là-bas et nous allons continuer à agir ainsi à l'avenir", a-t-il affirmé dans un discours. "Nous avons une relation très complexe avec la Chine", a poursuivi M. Gregson. "Notre but est de maintenir des rapports cordiaux, chaleureux, une relation de coopération avec la Chine", a-t-il souligné, ajoutant: "Nous avons évidemment des points sur lesquels nous divergeons, nous essayons de les séparer de ceux sur lesquels nous pouvons travailler de façon productive". Taïwan a fait sécession de la Chine populaire après la guerre civile de 1949 mais Pékin a beau favoriser le réchauffement diplomatique avec l'île rebelle, elle n'en reste pas moins fermement attachée au principe d'une Chine unique et, la considérant comme une partie intégrante de son territoire, envisage toujours de la réunifier, à la façon de Hong Kong.Ces achats d'armes illustrent la volonté de l'île de conserver un pouvoir de dissuasion face à Pékin, au risque de menacer la nette amélioration de leurs relations intervenue notamment après l'accession au pouvoir à Taiwan de Ma Ying-jeou, en mai 2008. Si ce réchauffement est illustré par une série d'accords économiques et commerciaux et par des échanges touristiques croissants, la méfiance et le contentieux historique demeure de mise. Le président de la République de Chine, dénomination officielle de Taiwan par la République populaire de Chine doit constamment louvoyer entre son engagement à améliorer les relations dans le détroit de Formose, et son soin à sauvegarder les intérêts des 23 millions d'insulaires attachés à leur souveraineté. Ainsi, s'est-il montré très prudent à la suite de la réaction de Pékin, samedi, en assurant que ces armes aideraient son pays à se sentir "plus confiant et plus sécurisé" et contribueraient au développement de ses relations avec la Chine. "La Chine a plus d'un millier de missiles braqués sur Taïwan et n'affiche aucune volonté de réduire son arsenal militaire. Taïwan doit se préparer avant que les parties puissent signer un accord de paix en vue d'une réconciliation politique formelle ", a fait valoir le député taiwanais Lin Yu-fang, membre du comité parlementaire de la Défense nationale et des Affaires étrangères. Selon Tung Chen-yuan, politologue à l'université nationale de Taïpei Chenchi, "Taïwan a besoin de ces armes pour être en position de négocier dans le futur". Le budget militaire chinois n'a cessé de croître au fil des ans. Il a augmenté de 15,3% en 2009, à 69 milliards de dollars, contre seulement 10 milliards pour Taïwan. "Malgré l'amélioration des relations, la menace militaire chinoise demeure, et il existe un déséquilibre des forces entre les deux camps", souligne Kenneth Kaocheng Wang, expert militaire auprès de l'université de Taïpei Tamkang. "La survie de Taïwan dépend de la bonne volonté et de la réconciliation entre les parties", soulignait de son côté un éditorial du journal United Evening News. Pour Xu Tiebing, expert chinois des relations internationales, cette fois-ci, la reaction chinoise est plus forte que lors de la suspension précédente du dialogue militaire en 2008, sous la présidence de George W. Bush, déjà à cause de ce projet de vente d'armes. Des "dégats" politiques collatéraux sont à prévoir en conséquence. Aussi, à l'instar d'autres experts, il estime que le traitement du dossier nucléaire iranien pourrait s'en ressentir à un moment où la Chine, plus forte et plus influente, troisième économie mondiale et énorme marché, forte de sa nouvelle puissance, n'hésitera pas à se montrer peu coopérative. De même pour Jing-dong Yuan, un expert des questions de non-prolifération à l'Institut des études internationales de Monterey en Californie, Washington peut faire un trait sur ses espoirs de soutien chinois à des sanctions supplémentaires contre l'Iran. "Du point de vue de Pékin, Washington semble toujours demander la coopération de la Chine - et demande de plus en plus que la Chine fasse les choses comme l'entendent les Américains -, depuis le changement climatique jusqu'aux questions iranienne et nord-coréenne. Mais les demandes de la Chine sur ce qu'elle considère comme un intérêt national vital tombent dans l'oreille d'un sourd", estime-t- il.Dimanche, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a souligné de son coté que ce conflit sino-américain risquait "de compliquer un tout petit peu, pas définitivement" la recherche de l'adhésion de Pékin à de nouvelles sanctions internationales contre la politique nucléaire de l'Iran. N. S.