Dans un communiqué, la diplomatie chinoise précise également avoir gelé des discussions à haut niveau sur la sécurité et annonce des sanctions commerciales à l'encontre des sociétés d'armement US. La Chine a suspendu hier ses échanges militaires avec les Etats-Unis pour protester contre la vente d'armes américaines à Taïwan, un dossier ultrasensible de nature à tendre des relations déjà éprouvées par l'affaire Google. Dans un communiqué, le ministère chinois des Affaires étrangères précise également avoir gelé des discussions à haut niveau sur la sécurité et annonce des sanctions commerciales à l'encontre des sociétés d'armement américaines impliquées dans la livraison d'armes américaines à Taïwan. Le Pentagone a annoncé vendredi la vente à Taïwan de missiles antimissile Patriot, de navires chasseurs de mines sous-marines et d'hélicoptères Black Hawk pour un montant de 6,4 milliards de dollars. Ulcérée par cette livraison à un pays qu'elle considère comme l'une de ses provinces, la Chine a laissé planer la menace de «répercussions graves». «Le projet américain détériorera sans aucun doute les relations sino-américaines et aura un impact négatif grave sur les échanges et la coopération entre les deux pays dans des domaines majeurs», avait averti plus tôt un communiqué, du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, He Yafai. Les fournitures d'armes à Taïwan par les Etats-Unis sont un dossier épineux qui provoque régulièrement la colère de Pékin. Taipei objecte que 1500 missiles chinois sont pointés sur Taïwan et que le renforcement de l'arsenal chinois ne ralentit pas. «La nouvelle initiative américaine de vendre des armes à Taïwan, qui fait partie intégrante de la Chine, constitue une intervention choquante dans les affaires intérieures chinoises, met gravement en danger la sécurité nationale de la Chine et nuit à ses efforts de réunification pacifique», indique le texte. Le contrat com-prend des équipements de communication pour les F-16 taïwanais, 114 missiles Patriot (2,81 milliards de dollars) et 60 Black Hawk (3,1 milliards), selon le Pentagone. Pékin avait interrompu ses relations militaires avec les Etats-Unis pendant plus d'un an après la précédente livraison d'armes américaines à Taïwan en octobre 2008. Les Etats-Unis ont reconnu la Chine communiste en 1979, cessant du même coup de reconnaître Taïwan, mais une loi votée par le Congrès américain la même année a autorisé les Etats-Unis à vendre à Taïwan des armes défensives. Malgré un net réchauffement des relations sino-taïwanaises, les communistes chinois, qui ont chassé le gouvernement nationaliste du Kuomintang vers Taïwan en 1949, considèrent toujours l'île rebelle comme partie intégrante de la Chine et menacent d'y intervenir militairement si l'île déclare son indépendance. Le ministère taïwanais de la Défense s'est quant à lui, réjoui de la vente hier. «Le ministère se félicite et remercie les Etats-Unis de leur décision (...) Cela confèrera à Taïwan davantage de confiance dans son processus de réconciliation avec la Chine, cela contribuera à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan», selon un communiqué. Les relations diplomatiques sino-américaines sont entrées en zone de turbulences depuis l'affaire Google. Les relations bilatérales ont en effet été mises à rude épreuve après la dénonciation par le géant américain de l'Internet de cyberattaques massives venant de Chine et de la censure dans ce pays, qui ont poussé Washington à demander des explications à Pékin. De nombreux autres sujets de friction demeurent qu'il s'agisse du changement climatique ou de différends commerciaux et notamment la valeur du yuan.