La gestion des 147 milliards de dollars de réserves de change fait parler d'elle une nouvelle fois et la polémique est relancée de plus belle. En l'espace de quelques jours, deux visions sont présentées par deux ministres du gouvernement, en l'occurrence Abdelhamid Temmar, qui a la charge de gérer le portefeuille de l'industrie et des investissements pour qui l'Etat doit rapatrier ses réserves en devises placées à l'étranger en vu de relancer l'industrie, et Karim Djoudi, le premier argentier du pays qui n'est pas de cet avis. La gestion des 147 milliards de dollars de réserves de change fait parler d'elle une nouvelle fois et la polémique est relancée de plus belle. En l'espace de quelques jours, deux visions sont présentées par deux ministres du gouvernement, en l'occurrence Abdelhamid Temmar, qui a la charge de gérer le portefeuille de l'industrie et des investissements pour qui l'Etat doit rapatrier ses réserves en devises placées à l'étranger en vu de relancer l'industrie, et Karim Djoudi, le premier argentier du pays qui n'est pas de cet avis. Deux options diamétralement opposées mais dont la finalité, annoncée par Temmar comme par Djoudi, est celle d'arriver à une gestion sans risque et bénéfique pour l'économie nationale. En 2008, le débat a déjà eu lieu entre partisans et opposants à la création d'un fond souverain. Rapatriement pour Temmar, sécurité des placements pour Djoudi Abdelhamid Temmar a relancé le débat sur la gestion des réserves de change. Le ministre de l'Industrie, prône tout simplement le «rapatriement» des devises de l'Algérie placées à l'étranger afin de «pouvoir financer les projets industriels». Pour lui, c'est le meilleur moyen pour attirer les investisseurs étrangers non pas pour leurs IDE mais en contrepartie du transfert du savoir-faire et de la technologie en application du principe «gagnant-gagnant». «Au lieu de placer les fonds algériens sous forme de réserves à l'étranger avec tous les risques que nous connaissons, nous avons préféré les investir en Algérie dans le cadre de la promotion des investissements et de partenariats avec des opérateurs étrangers qui maîtrisent la technologie», a déclaré Abdelhamid Temmar lors d'une conférence de presse au salon de la technologie tenu à Alger la semaine dernière. C'est donc une nouvelle orientation dans la politique financière du pays que défend le ministre de l'Industrie qui espère ainsi booster la stratégie industrielle basée sur la promotion de la production nationale et la création de champions économiques. Pour certains experts, la démarche paraît plus que nécessaire. D'abord, parce que l'Algérie dispose de moyens financiers non négligeables mais aussi, et c'est l'une des raisons principales, à cause du recul des investissements directs dans le monde en général et en Algérie en particulier, conséquence de la crise financière et des nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. Les chiffres avancés par les différents organismes montrent, en effet, une baisse sensible des investissements étrangers. Selon l'Agence nationale de développement de l'investissement, seuls 4 projets ont été recensés en 2009 contre 102 en 2008. Mais ce n'est pas l'avis du ministre des Finances. Karim Djoudi est contre et il l'a fait savoir à sa façon. Sa réponse «technique» sonne, en tout cas, comme un désaveu au ministre de l'Industrie. «On investit déjà nos réserves de change dans la monnaie locale. Cet investissement a de l'impact sur la croissance économique, sur la consommation interne et sur le mouvement d'importation», a-t-il précisé. Pour le premier argentier du pays, «les réserves de change ont une contrepartie en dinars qui se retrouve pour l'essentiel dans les recettes fiscales, utilisées pour élaborer le budget d'Etat pour les programmes d'investissements publics et comme levier pour le développement de l'investissement privé». En somme, l'argent de l'Algérie est déjà investi, voulait dire Karim Djoudi, mais selon la stratégie globale déterminée par le gouvernement. L'argent du pétrole pour l'investissement public L'Algérie est le pays le plus riche de la région du Maghreb. Avec des revenus conséquents, tirés essentiellement des hydrocarbures, le pays a su régler la question de la dette extérieure —remboursée par anticipation— et aussi engager une politique d'investissement public. Deux axes ayant constitué la priorité de l'Etat depuis le début des années 2000. La réalisation des infrastructures pour combler un déficit énorme a nécessité la mobilisation de centaines de milliards de dollars. Cette voie, les spécialistes la considèrent incontournable pour un pays qui sort d'une décennie de terrorisme où les chantiers et les projets n'avaient pas droit de cité. Une situation compliquée encore davantage par les plans de rééchelonnement de la dette dictée par le FMI auprès duquel l'Algérie avait contracté des prêts en milliards de dollars. Mais l'austérité a vite fait de céder la place à une aisance financière grâce à l'envolée des prix du brut sur les marchés internationaux. L'Algérie se remet alors au travail en lançant des méga-projets confiés aux entreprises étrangères qui retrouvent un pays en pleine mutation économique. L'argent provient des caisses de l'Etat qui est à 100% le bailleur de fonds pour des projets de logements, routes, hôpitaux et écoles. Pour les pouvoirs publics, il n'est plus question de faire appel à l'argent des institutions financières internationales avec des règles draconiennes. Bons de trésors au lieu de fonds souverains Les caisses de l'Etat n'ont jamais été aussi bien approvisionnées en devises comme lors de ces dernières années. Des recettes ayant contribué grandement au financement des infrastructures. Mais ce n'est pas la totalité qui est dépensée. Le gouvernement a décidé alors de placer le reste dans des bons de trésors à l'étranger, aux Etats-Unis notamment, en vu de fructifier les réserves de change. Une démarche qui a suscité des interrogations au plus fort de la crise financière. Dès lors, la spéculation va bon train quant aux pertes que pourraient subir le Trésor public. Mais le temps finira par donner raison au gouvernement qui a multiplié la communication pour rassurer les Algériens sur la bonne gestion des avoirs de l'Etat qui sont garantis contre ce genre de risque. Une gestion qui s'avérera également fructueuse d'autant que les partisans de la création de fonds souverains se sont heurtés à la dure réalité de l'économie mondiale en pleine récession. Les exemples de certains pays du Golf qui ont perdu des sommes colossales en optant à cette stratégie, n'est qu'un autre argument de taille pour le gouvernement afin de défendre son choix. Et le premier, faut-il le rappeler, à s'opposer à l'option de création de fonds souverains, est le Président de la République. Pour le chef de l'Etat, il n'est pas question d'emprunter cette voie. L'argent, avait souligné Abdelaziz Bouteflika lors de l'audition du ministre des Finances, l'année passée, doit servir à l'investissement. Son soucis majeur : «la préservation de l'avenir de nos enfants». Néanmoins, cette gestion a un coût, à savoir des placements en bon de trésor à des taux d'intérêt n'excédant pas les 2%, alors qu'ils se situent entre 15 % et 30% en cas de création de fond souverain. A première vue, le manque à gagner est conséquent mais le gouvernement a préféré la prudence qui s'avérera payante. Comment est placé l'argent de l'Algérie La mission est confiée à la Banque centrale pour qui la première devise est la «prudence». Ainsi, la part de lion revient aux bons de trésors avec «70%» de placement aux Etats-Unis, au Japon et en Grande Bretagne et dans d'autres pays européens. Ces bons de trésors sont cotés AAA, c'est-à-dire des «placements très sûrs avec des durées qui sont plus ou moins longues». La Banque centrale procède également au placement sur le marché bancaire et interbancaire. Et c'est auprès de banques internationales qui disposent de «références très élevées» que la Banque centrale dépose le reste de l'argent. Cette manne financière serait composée à «45% en dollars américains, 45% en euros, 10% en yens et 10% en livres sterlings». R. E. H. Deux options diamétralement opposées mais dont la finalité, annoncée par Temmar comme par Djoudi, est celle d'arriver à une gestion sans risque et bénéfique pour l'économie nationale. En 2008, le débat a déjà eu lieu entre partisans et opposants à la création d'un fond souverain. Rapatriement pour Temmar, sécurité des placements pour Djoudi Abdelhamid Temmar a relancé le débat sur la gestion des réserves de change. Le ministre de l'Industrie, prône tout simplement le «rapatriement» des devises de l'Algérie placées à l'étranger afin de «pouvoir financer les projets industriels». Pour lui, c'est le meilleur moyen pour attirer les investisseurs étrangers non pas pour leurs IDE mais en contrepartie du transfert du savoir-faire et de la technologie en application du principe «gagnant-gagnant». «Au lieu de placer les fonds algériens sous forme de réserves à l'étranger avec tous les risques que nous connaissons, nous avons préféré les investir en Algérie dans le cadre de la promotion des investissements et de partenariats avec des opérateurs étrangers qui maîtrisent la technologie», a déclaré Abdelhamid Temmar lors d'une conférence de presse au salon de la technologie tenu à Alger la semaine dernière. C'est donc une nouvelle orientation dans la politique financière du pays que défend le ministre de l'Industrie qui espère ainsi booster la stratégie industrielle basée sur la promotion de la production nationale et la création de champions économiques. Pour certains experts, la démarche paraît plus que nécessaire. D'abord, parce que l'Algérie dispose de moyens financiers non négligeables mais aussi, et c'est l'une des raisons principales, à cause du recul des investissements directs dans le monde en général et en Algérie en particulier, conséquence de la crise financière et des nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. Les chiffres avancés par les différents organismes montrent, en effet, une baisse sensible des investissements étrangers. Selon l'Agence nationale de développement de l'investissement, seuls 4 projets ont été recensés en 2009 contre 102 en 2008. Mais ce n'est pas l'avis du ministre des Finances. Karim Djoudi est contre et il l'a fait savoir à sa façon. Sa réponse «technique» sonne, en tout cas, comme un désaveu au ministre de l'Industrie. «On investit déjà nos réserves de change dans la monnaie locale. Cet investissement a de l'impact sur la croissance économique, sur la consommation interne et sur le mouvement d'importation», a-t-il précisé. Pour le premier argentier du pays, «les réserves de change ont une contrepartie en dinars qui se retrouve pour l'essentiel dans les recettes fiscales, utilisées pour élaborer le budget d'Etat pour les programmes d'investissements publics et comme levier pour le développement de l'investissement privé». En somme, l'argent de l'Algérie est déjà investi, voulait dire Karim Djoudi, mais selon la stratégie globale déterminée par le gouvernement. L'argent du pétrole pour l'investissement public L'Algérie est le pays le plus riche de la région du Maghreb. Avec des revenus conséquents, tirés essentiellement des hydrocarbures, le pays a su régler la question de la dette extérieure —remboursée par anticipation— et aussi engager une politique d'investissement public. Deux axes ayant constitué la priorité de l'Etat depuis le début des années 2000. La réalisation des infrastructures pour combler un déficit énorme a nécessité la mobilisation de centaines de milliards de dollars. Cette voie, les spécialistes la considèrent incontournable pour un pays qui sort d'une décennie de terrorisme où les chantiers et les projets n'avaient pas droit de cité. Une situation compliquée encore davantage par les plans de rééchelonnement de la dette dictée par le FMI auprès duquel l'Algérie avait contracté des prêts en milliards de dollars. Mais l'austérité a vite fait de céder la place à une aisance financière grâce à l'envolée des prix du brut sur les marchés internationaux. L'Algérie se remet alors au travail en lançant des méga-projets confiés aux entreprises étrangères qui retrouvent un pays en pleine mutation économique. L'argent provient des caisses de l'Etat qui est à 100% le bailleur de fonds pour des projets de logements, routes, hôpitaux et écoles. Pour les pouvoirs publics, il n'est plus question de faire appel à l'argent des institutions financières internationales avec des règles draconiennes. Bons de trésors au lieu de fonds souverains Les caisses de l'Etat n'ont jamais été aussi bien approvisionnées en devises comme lors de ces dernières années. Des recettes ayant contribué grandement au financement des infrastructures. Mais ce n'est pas la totalité qui est dépensée. Le gouvernement a décidé alors de placer le reste dans des bons de trésors à l'étranger, aux Etats-Unis notamment, en vu de fructifier les réserves de change. Une démarche qui a suscité des interrogations au plus fort de la crise financière. Dès lors, la spéculation va bon train quant aux pertes que pourraient subir le Trésor public. Mais le temps finira par donner raison au gouvernement qui a multiplié la communication pour rassurer les Algériens sur la bonne gestion des avoirs de l'Etat qui sont garantis contre ce genre de risque. Une gestion qui s'avérera également fructueuse d'autant que les partisans de la création de fonds souverains se sont heurtés à la dure réalité de l'économie mondiale en pleine récession. Les exemples de certains pays du Golf qui ont perdu des sommes colossales en optant à cette stratégie, n'est qu'un autre argument de taille pour le gouvernement afin de défendre son choix. Et le premier, faut-il le rappeler, à s'opposer à l'option de création de fonds souverains, est le Président de la République. Pour le chef de l'Etat, il n'est pas question d'emprunter cette voie. L'argent, avait souligné Abdelaziz Bouteflika lors de l'audition du ministre des Finances, l'année passée, doit servir à l'investissement. Son soucis majeur : «la préservation de l'avenir de nos enfants». Néanmoins, cette gestion a un coût, à savoir des placements en bon de trésor à des taux d'intérêt n'excédant pas les 2%, alors qu'ils se situent entre 15 % et 30% en cas de création de fond souverain. A première vue, le manque à gagner est conséquent mais le gouvernement a préféré la prudence qui s'avérera payante. Comment est placé l'argent de l'Algérie La mission est confiée à la Banque centrale pour qui la première devise est la «prudence». Ainsi, la part de lion revient aux bons de trésors avec «70%» de placement aux Etats-Unis, au Japon et en Grande Bretagne et dans d'autres pays européens. Ces bons de trésors sont cotés AAA, c'est-à-dire des «placements très sûrs avec des durées qui sont plus ou moins longues». La Banque centrale procède également au placement sur le marché bancaire et interbancaire. Et c'est auprès de banques internationales qui disposent de «références très élevées» que la Banque centrale dépose le reste de l'argent. Cette manne financière serait composée à «45% en dollars américains, 45% en euros, 10% en yens et 10% en livres sterlings». R. E. H.