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L'inscription et la compilation du Coran
Publié dans Le Midi Libre le 01 - 09 - 2010

Le Prophète (SAW) qui ne savait ni lire ni écrire, insistait d'abord auprès de ses compagnons pour que les versets soient appris par cœur au fur et à mesure de leurs révélations : on les récitera aux prières liturgiques. En particulier, le Prophète Mohammed (SAW) a pris l'habitude, durant le mois de Ramadhan, de réciter la totalité du Coran alors connue, lors de prières supplémentaires, les prières du Tarawih. Sous la surveillance de Gabriel, la mémoire de Mohammad (SAW) devenait "plus féconde que le vent portant la pluie".
Pendant le dernier Ramadhan du Prophète (SAW), Gabriel lui fera réciter par deux fois la totalité du Coran, lui signifiant ainsi doublement l'achèvement de sa mission et sa mort prochaine. La tradition d'apprendre le Coran par cœur est donc bien ancrée dans le cœur des musulmans.
Mais les compagnons lettrés prennent également l'habitude de noter les versets par écrit. A partir de quelle date exactement, on ne le sait. Toujours est-il que cinq ans après la première révélation, des traces écrites existent déjà. Et de cela on en est sûr, car c'est à cette époque que le futur Calife Omar, séduit par la lecture de la sourate 20, se convertit à l'islam.
Cette transcription du Coran, alors qu'à cette époque, n'existe par écrit en langue arabe qu'un petit nombre de poèmes, trouve somme toute son bien fondé dans le fait que la première révélation parle déjà de l'importance de l'écrit, de l'enseignement par le calame.
Tout comme le Prophète (SAW) faisait réciter ses Compagnons, il dicte aux scribes les versets, faute de papier tous les matériaux sont bons : morceaux de parchemin, cuir tanné, tablettes de bois, omoplates de chameaux, morceaux de poterie, nervures médianes des dattiers... Au fur et à mesure, les versets, comme un puzzle s'agenceront, le Prophète Mohamed (SAW) précisant l'emplacement des versets dans les sourates, et des sourates dans l'ensemble du Livre. En effet, si quelquefois, toute une sourate fut révélée d'un coup, à d'autres occasions, les fragments d'une même sourate vinrent avec des intervalles, à d'autres encore, plusieurs sourates étaient commencées simultanément et se poursuivaient avec des interruptions. Par le double contrôle oral et écrit, le Prophète (SAW) s'assure de la conservation de l'intégrité du texte. Les mémoires défaillantes peuvent s'appuyer sur un texte écrit, et dans l'autre sens, les erreurs de copie sont corrigées grâce à la mémorisation du texte.
Ainsi, pas un iota du texte sacré ne pourra être modifié par erreur.
Lorsque le Prophète (SAW) quitte ce monde, plusieurs Compagnons ont la chance d'avoir retenu par cœur la totalité des versets. Par contre, il n'existe pas de texte complet du Coran. Sur le coup, personne ne s'en émeut outre mesure. La bataille de Yamâma va faire prendre conscience de ce manque.
Là, cinq cents d'un groupe de trois mille musulmans de la première heure et comptant parmi les plus grands connaisseurs du Coran, trouvent la mort. Omar prend alors conscience du danger et s'en va trouver le Calife Abou-Baker et lui :
"Les compagnons de l'Envoyé d'Allah tombent dans la bataille d'Al- Yamâma à la façon de papillons dans le feu, et je crains qu'ils le fassent chaque fois qu'ils rencontraient une occasion pareille de se faire tuer en martyrs, cependant qu'ils sont les porteurs du Coran. Par leur mort le Coran risque de se perdre et d'être oublié. Si tu le réunissais et le faisais écrire ?"
Pendant les dernières années de sa vie, le Prophète (SAW) employait de manière officielle des secrétaires, les uns pour les tâches courantes, d'autres pour la transcription de la révélation coranique. Le jeune Zaïd ibn Thâbit faisait partie de ce dernier groupe. Il était même devenu le scribe principal du Prophète (SAW) et comptait parmi les personnes qui connaissaient la totalité du Coran par cœur.
Tout naturellement, le Calife Abou-Baker le chargera donc de réunir le Coran dans son ensemble. Mais le Calife, avec le scrupule qui le caractérise, tient à ce que toutes les précautions soient prises : pour chaque verset, Zaïd devra trouver au moins deux témoignages écrits, avant de l'inclure dans la copie définitive. Et le calife demandera aux habitants de Médine d'apporter les fragments écrits qu'ils possèdent. Sur la totalité du Coran, la Tradition nous apprend que seuls deux versets ne se trouvèrent par écrit que chez une seule personne. Cette copie appelée Moushaf (feuilles réunies), sera conservée par le Calife Abou-Baker et après lui par son successeur Omar.
Pendant ce temps, l'enseignement du Coran est encouragé dans tout l'empire musulman, qui ne cesse de s'accroître. Omar, toujours perspicace, entrevoit le besoin d'envoyer des copies du Moushaf dans les principaux centres, afin d'éviter tout risque de déviation, et d'erreurs de prononciation dans les pays non-arabes. Mais il n'en aura pas le temps, et c'est le troisième Calife Othman qui s'en chargera.
Les Sept Copies du Coran
Il demandera à une commission présidée par le même Zaïd ibn Thâbit d'établir sept copies à partir du Moushaf, en autorisant la révision de l'orthographe dans le sens d'une plus grande lisibilité du texte, en particulier pour les non arabophones.
Après lecture publique de la nouvelle édition devant les savants du Coran que compte Médine, ces copies sont envoyées aux quatre coins de l'empire, avec ordre du calife de détruire tout texte ne correspondant pas au texte officiel. En effet, certaines divergences existaient du fait d'erreurs de copie, ou encore de la prise en compte d'un commentaire comme faisant partie du texte. Et il importait que ces textes inexacts soient détruits.
Des copies envoyées par Othman, il en reste de nos jours une, complète, que l'on peut admirer au musée Topkapi d'lstanboul, et une autre où il manque quelques feuillets à Tachkent. Et entre ces copies et les millions d'exemplaires éditées de nos jours, aucune différence...
Ou plutôt si, une différence existe, quant à l'orthographe. En effet, à l'époque de la révélation, l'écrit venait à peine de faire son apparition. Pour les vingt huit lettres que compte l'alphabet, seuls quinze signes différents existaient. Ainsi le b, le t, le th, le n et le y avaient presque la même façon de s'écrire et n'étaient pas différenciés par ce qu'on appelle des signes diacritiques : les points sur ou sous les lettres en arabe, les accents en français. On reconnaissait donc les lettres selon le contexte, leur emplacement dans le mot. De même, si en arabe, les voyelles longues sont représentées, les voyelles courtes et d'autres signes ne le sont qu'exceptionnellement, quand il y a ambiguïté. Ce sont en effet les fonctions grammaticales des mots qui permettent de les deviner. Tel est encore le cas dans l'arabe écrit courant. Cette écriture ne permet donc pas à une personne qui n'est pas versée dans la littérature arabe de lire le Moushaf correctement.
Le Coran bénéficia donc jusqu'à la deuxième moitié du premier siècle de l'Hégire de différentes réformes orthographiques pour être tel que nous le connaissons actuellement.
Retour sur la descente du Coran
Les versets du Noble Coran indiquent qu'il est descendu en une nuit bénie du mois béni de Ramadân, Laylat Al-Qadr (la Nuit du Destin et de l'Honneur). Le Très-Haut dit (sens des versets):
"Le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu[...]" (Coran: 2/185)
"Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr." (Coran: 97/1)
"Nous l'avons fait descendre en une nuit bénie, Nous sommes en vérité Celui Qui avertit" (Coran: 44/3)
Ces versets dans leur ensemble signifient que le Noble Coran est descendu sur le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) pendant le mois de Ramadân, au cours d'une nuit précise, Laylat Al-Qadr, cette nuit est privilégiée et honorée si bien qu'elle vaut mieux que mille mois (d'adoration et de prières).
On pourrait se demander : La réalité observée est que le Noble Coran est descendu sur le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) pendant les vingt-trois années allant du début de la mission prophétique jusqu'à la fin de sa noble vie. Le Très-Haut dit en effet (sens du verset):
"(Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l'avons fait descendre graduellement." (Coran: 17/106] Donc, le Coran n'est pas descendu en une seule nuit, mais plutôt en vingt-trois ans.
Comment concilier le sens des premiers versets avec celui de ce dernier verset ?
Les savants ont trois opinions à cet égard :
On entend par la descente du Coran pendant Laylat Al-Qadr le début de sa révélation, de l'usage courant consistant à nommer une chose par son début le considérant comme la fondation de cet édifice magnifique.
Donc, le début de la descente du Coran eut lieu pendant Laylat Al-Qadr puis il continua à être révélé de manière fragmentaire selon les événements et les circonstances. Tel est l'avis d'Ash-Sha`bî qui interpréta la parole du Très-Haut (sens du verset): "Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr." par : la révélation du Noble Coran débuta pendant Laylat Al-Qadr, puis se poursuivit pendant vingt-trois ans conformément à la parole du Très-Haut (sens du verset): "(Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l'avons fait descendre graduellement."
Le Coran est descendu au ciel inférieur (as-samâ' ad-dunyâ) pendant vingt-trois nuits d'Al-Qadr successives, chacune d'elles comportant la portion prévue par Allah pour l'année suivante, laquelle devait descendre sur le Prophète (SAW) graduellement au cours de l'année.
Le Coran est descendu au ciel inférieur en une fois pendant Laylat Al-Qadr, puis il est descendu au Prophète graduellement en vingt-trois ans.
La troisième opinion est celle de la majorité des savants et c'est l'opinion qui nous semble la plus juste étant donné qu'elle allie le sens des versets et les narrations authentiques établissant la révélation du Coran tout au long de la mission prophétique.
Les tenants de cette opinion pensent que le Noble Coran a connu trois descentes :
La descente vers la Table Gardée. Le Très-Haut dit (sens du verset) : "Mais c'est plutôt un Coran glorifié préservé dans une Table." (Coran: 85/21) Le Coran descendit vers cette Table en une fois et y fut inscrit ; nous apportons foi en cette inscription et nous en remettons à Allah - Exalté soit-Il - quant à sa réalité et son sens divin.
La descente depuis la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur, ce qui est exprimé dans la parole du Très-Haut (sens du verset): "Nous l'avons certes, fait descendre pendant la Nuit d'Al-Qadr."
La descente du Noble Coran par les soins de Jibrîl le fidèle (l'ange Gabriel) de la Maison de la Gloire au ciel inférieur vers le Messager d'Allah (SAW) tout au long de sa mission prophétique, ce qui est exprimé dans Sa parole : "Et l'Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs, en une langue arabe très claire." (Coran: 26/193 et 194)
La sagesse justifiant cette descente est de souligner le rang du Coran et celui du Prophète qui l'a reçu, en informant les habitants des sept cieux que ceci est le dernier Livre révélé au Sceau des prophètes pour la meilleure nation, en le descendant deux fois, une fois en entier et une fois réparti, contrairement aux livres précédents qui avaient été révélés en une fois.
Certains ont dit que la descente au ciel inférieur est pour mieux attiser la langueur du Prophète (SAW) à l'instar de ce que dit le poète :
La langueur est à son paroxysme lorsque les tentes se rapprochent des tentes (du bien-aimé)
Les hadiths authentiques explicitant les descentes du Coran
Diverses traditions authentiques ont explicité les descentes du Coran. Al-Qourtoubî a également rapporté le consensus des savants concernant la descente du Coran en une fois de la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur comme indiqué dans les narrations suivantes.
Al-Hakim, Al-Bayhaqî et d'autres ont rapporté selon Mansûr, selon Sa`îd Ibn Joubayr, qu'Ibn `Abbâs dit : "Le Coran est descendu en une fois vers le ciel inférieur, où il fut réparti. Ensuite, Allah le faisait descendre sur Son Messager (SAW) progressivement."
Al-Hakim a rapporté via une chaîne de narration indiquée selon Saîd Ibn Joubayr qu'Ibn Abbâs dit : "Le Coran fut séparé du dhikr et fut déposé dans la Maison de la Gloire au ciel inférieur, puis Jibrîl le descendit au fil de la révélation vers le Prophète (SAW) "
Ibn Mardaweih et Al-Bayhaqî ont rapporté d'après Ibn Abbâs qu'il fut interrogé par Atiyyah Ibn Al-Aswad : "Je suis un peu dérouté par la parole du Très Haut (sens des versets): le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu [...]' et Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr. alors que le Coran fut révélé aussi bien pendant les mois de Shawwâl, Dhoul-Qi`dah, Dhoul-Hijjah, Mouharram, Safar et Rabî ". Ibn Abbâs répondit : "Il est descendu en une fois au cours du mois de Ramadân pendant laylat al-qadr, puis il est descendu par fragments au fil des mois et des jours."
Ces narrations sont authentiques comme le rappelle As-Souyoutî. Bien qu'elles émanent d'Ibn Abbâs (mawqoufah), leur statut est assimilé à celui des narrations marfouah attribuées au Messager d'Allah (SAW).
Le Prophète (SAW) qui ne savait ni lire ni écrire, insistait d'abord auprès de ses compagnons pour que les versets soient appris par cœur au fur et à mesure de leurs révélations : on les récitera aux prières liturgiques. En particulier, le Prophète Mohammed (SAW) a pris l'habitude, durant le mois de Ramadhan, de réciter la totalité du Coran alors connue, lors de prières supplémentaires, les prières du Tarawih. Sous la surveillance de Gabriel, la mémoire de Mohammad (SAW) devenait "plus féconde que le vent portant la pluie".
Pendant le dernier Ramadhan du Prophète (SAW), Gabriel lui fera réciter par deux fois la totalité du Coran, lui signifiant ainsi doublement l'achèvement de sa mission et sa mort prochaine. La tradition d'apprendre le Coran par cœur est donc bien ancrée dans le cœur des musulmans.
Mais les compagnons lettrés prennent également l'habitude de noter les versets par écrit. A partir de quelle date exactement, on ne le sait. Toujours est-il que cinq ans après la première révélation, des traces écrites existent déjà. Et de cela on en est sûr, car c'est à cette époque que le futur Calife Omar, séduit par la lecture de la sourate 20, se convertit à l'islam.
Cette transcription du Coran, alors qu'à cette époque, n'existe par écrit en langue arabe qu'un petit nombre de poèmes, trouve somme toute son bien fondé dans le fait que la première révélation parle déjà de l'importance de l'écrit, de l'enseignement par le calame.
Tout comme le Prophète (SAW) faisait réciter ses Compagnons, il dicte aux scribes les versets, faute de papier tous les matériaux sont bons : morceaux de parchemin, cuir tanné, tablettes de bois, omoplates de chameaux, morceaux de poterie, nervures médianes des dattiers... Au fur et à mesure, les versets, comme un puzzle s'agenceront, le Prophète Mohamed (SAW) précisant l'emplacement des versets dans les sourates, et des sourates dans l'ensemble du Livre. En effet, si quelquefois, toute une sourate fut révélée d'un coup, à d'autres occasions, les fragments d'une même sourate vinrent avec des intervalles, à d'autres encore, plusieurs sourates étaient commencées simultanément et se poursuivaient avec des interruptions. Par le double contrôle oral et écrit, le Prophète (SAW) s'assure de la conservation de l'intégrité du texte. Les mémoires défaillantes peuvent s'appuyer sur un texte écrit, et dans l'autre sens, les erreurs de copie sont corrigées grâce à la mémorisation du texte.
Ainsi, pas un iota du texte sacré ne pourra être modifié par erreur.
Lorsque le Prophète (SAW) quitte ce monde, plusieurs Compagnons ont la chance d'avoir retenu par cœur la totalité des versets. Par contre, il n'existe pas de texte complet du Coran. Sur le coup, personne ne s'en émeut outre mesure. La bataille de Yamâma va faire prendre conscience de ce manque.
Là, cinq cents d'un groupe de trois mille musulmans de la première heure et comptant parmi les plus grands connaisseurs du Coran, trouvent la mort. Omar prend alors conscience du danger et s'en va trouver le Calife Abou-Baker et lui :
"Les compagnons de l'Envoyé d'Allah tombent dans la bataille d'Al- Yamâma à la façon de papillons dans le feu, et je crains qu'ils le fassent chaque fois qu'ils rencontraient une occasion pareille de se faire tuer en martyrs, cependant qu'ils sont les porteurs du Coran. Par leur mort le Coran risque de se perdre et d'être oublié. Si tu le réunissais et le faisais écrire ?"
Pendant les dernières années de sa vie, le Prophète (SAW) employait de manière officielle des secrétaires, les uns pour les tâches courantes, d'autres pour la transcription de la révélation coranique. Le jeune Zaïd ibn Thâbit faisait partie de ce dernier groupe. Il était même devenu le scribe principal du Prophète (SAW) et comptait parmi les personnes qui connaissaient la totalité du Coran par cœur.
Tout naturellement, le Calife Abou-Baker le chargera donc de réunir le Coran dans son ensemble. Mais le Calife, avec le scrupule qui le caractérise, tient à ce que toutes les précautions soient prises : pour chaque verset, Zaïd devra trouver au moins deux témoignages écrits, avant de l'inclure dans la copie définitive. Et le calife demandera aux habitants de Médine d'apporter les fragments écrits qu'ils possèdent. Sur la totalité du Coran, la Tradition nous apprend que seuls deux versets ne se trouvèrent par écrit que chez une seule personne. Cette copie appelée Moushaf (feuilles réunies), sera conservée par le Calife Abou-Baker et après lui par son successeur Omar.
Pendant ce temps, l'enseignement du Coran est encouragé dans tout l'empire musulman, qui ne cesse de s'accroître. Omar, toujours perspicace, entrevoit le besoin d'envoyer des copies du Moushaf dans les principaux centres, afin d'éviter tout risque de déviation, et d'erreurs de prononciation dans les pays non-arabes. Mais il n'en aura pas le temps, et c'est le troisième Calife Othman qui s'en chargera.
Les Sept Copies du Coran
Il demandera à une commission présidée par le même Zaïd ibn Thâbit d'établir sept copies à partir du Moushaf, en autorisant la révision de l'orthographe dans le sens d'une plus grande lisibilité du texte, en particulier pour les non arabophones.
Après lecture publique de la nouvelle édition devant les savants du Coran que compte Médine, ces copies sont envoyées aux quatre coins de l'empire, avec ordre du calife de détruire tout texte ne correspondant pas au texte officiel. En effet, certaines divergences existaient du fait d'erreurs de copie, ou encore de la prise en compte d'un commentaire comme faisant partie du texte. Et il importait que ces textes inexacts soient détruits.
Des copies envoyées par Othman, il en reste de nos jours une, complète, que l'on peut admirer au musée Topkapi d'lstanboul, et une autre où il manque quelques feuillets à Tachkent. Et entre ces copies et les millions d'exemplaires éditées de nos jours, aucune différence...
Ou plutôt si, une différence existe, quant à l'orthographe. En effet, à l'époque de la révélation, l'écrit venait à peine de faire son apparition. Pour les vingt huit lettres que compte l'alphabet, seuls quinze signes différents existaient. Ainsi le b, le t, le th, le n et le y avaient presque la même façon de s'écrire et n'étaient pas différenciés par ce qu'on appelle des signes diacritiques : les points sur ou sous les lettres en arabe, les accents en français. On reconnaissait donc les lettres selon le contexte, leur emplacement dans le mot. De même, si en arabe, les voyelles longues sont représentées, les voyelles courtes et d'autres signes ne le sont qu'exceptionnellement, quand il y a ambiguïté. Ce sont en effet les fonctions grammaticales des mots qui permettent de les deviner. Tel est encore le cas dans l'arabe écrit courant. Cette écriture ne permet donc pas à une personne qui n'est pas versée dans la littérature arabe de lire le Moushaf correctement.
Le Coran bénéficia donc jusqu'à la deuxième moitié du premier siècle de l'Hégire de différentes réformes orthographiques pour être tel que nous le connaissons actuellement.
Retour sur la descente du Coran
Les versets du Noble Coran indiquent qu'il est descendu en une nuit bénie du mois béni de Ramadân, Laylat Al-Qadr (la Nuit du Destin et de l'Honneur). Le Très-Haut dit (sens des versets):
"Le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu[...]" (Coran: 2/185)
"Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr." (Coran: 97/1)
"Nous l'avons fait descendre en une nuit bénie, Nous sommes en vérité Celui Qui avertit" (Coran: 44/3)
Ces versets dans leur ensemble signifient que le Noble Coran est descendu sur le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) pendant le mois de Ramadân, au cours d'une nuit précise, Laylat Al-Qadr, cette nuit est privilégiée et honorée si bien qu'elle vaut mieux que mille mois (d'adoration et de prières).
On pourrait se demander : La réalité observée est que le Noble Coran est descendu sur le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) pendant les vingt-trois années allant du début de la mission prophétique jusqu'à la fin de sa noble vie. Le Très-Haut dit en effet (sens du verset):
"(Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l'avons fait descendre graduellement." (Coran: 17/106] Donc, le Coran n'est pas descendu en une seule nuit, mais plutôt en vingt-trois ans.
Comment concilier le sens des premiers versets avec celui de ce dernier verset ?
Les savants ont trois opinions à cet égard :
On entend par la descente du Coran pendant Laylat Al-Qadr le début de sa révélation, de l'usage courant consistant à nommer une chose par son début le considérant comme la fondation de cet édifice magnifique.
Donc, le début de la descente du Coran eut lieu pendant Laylat Al-Qadr puis il continua à être révélé de manière fragmentaire selon les événements et les circonstances. Tel est l'avis d'Ash-Sha`bî qui interpréta la parole du Très-Haut (sens du verset): "Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr." par : la révélation du Noble Coran débuta pendant Laylat Al-Qadr, puis se poursuivit pendant vingt-trois ans conformément à la parole du Très-Haut (sens du verset): "(Nous avons fait descendre) un Coran que Nous avons fragmenté, pour que tu le lises lentement aux gens. Et Nous l'avons fait descendre graduellement."
Le Coran est descendu au ciel inférieur (as-samâ' ad-dunyâ) pendant vingt-trois nuits d'Al-Qadr successives, chacune d'elles comportant la portion prévue par Allah pour l'année suivante, laquelle devait descendre sur le Prophète (SAW) graduellement au cours de l'année.
Le Coran est descendu au ciel inférieur en une fois pendant Laylat Al-Qadr, puis il est descendu au Prophète graduellement en vingt-trois ans.
La troisième opinion est celle de la majorité des savants et c'est l'opinion qui nous semble la plus juste étant donné qu'elle allie le sens des versets et les narrations authentiques établissant la révélation du Coran tout au long de la mission prophétique.
Les tenants de cette opinion pensent que le Noble Coran a connu trois descentes :
La descente vers la Table Gardée. Le Très-Haut dit (sens du verset) : "Mais c'est plutôt un Coran glorifié préservé dans une Table." (Coran: 85/21) Le Coran descendit vers cette Table en une fois et y fut inscrit ; nous apportons foi en cette inscription et nous en remettons à Allah - Exalté soit-Il - quant à sa réalité et son sens divin.
La descente depuis la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur, ce qui est exprimé dans la parole du Très-Haut (sens du verset): "Nous l'avons certes, fait descendre pendant la Nuit d'Al-Qadr."
La descente du Noble Coran par les soins de Jibrîl le fidèle (l'ange Gabriel) de la Maison de la Gloire au ciel inférieur vers le Messager d'Allah (SAW) tout au long de sa mission prophétique, ce qui est exprimé dans Sa parole : "Et l'Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs, en une langue arabe très claire." (Coran: 26/193 et 194)
La sagesse justifiant cette descente est de souligner le rang du Coran et celui du Prophète qui l'a reçu, en informant les habitants des sept cieux que ceci est le dernier Livre révélé au Sceau des prophètes pour la meilleure nation, en le descendant deux fois, une fois en entier et une fois réparti, contrairement aux livres précédents qui avaient été révélés en une fois.
Certains ont dit que la descente au ciel inférieur est pour mieux attiser la langueur du Prophète (SAW) à l'instar de ce que dit le poète :
La langueur est à son paroxysme lorsque les tentes se rapprochent des tentes (du bien-aimé)
Les hadiths authentiques explicitant les descentes du Coran
Diverses traditions authentiques ont explicité les descentes du Coran. Al-Qourtoubî a également rapporté le consensus des savants concernant la descente du Coran en une fois de la Table Gardée vers la Maison de la Gloire au ciel inférieur comme indiqué dans les narrations suivantes.
Al-Hakim, Al-Bayhaqî et d'autres ont rapporté selon Mansûr, selon Sa`îd Ibn Joubayr, qu'Ibn `Abbâs dit : "Le Coran est descendu en une fois vers le ciel inférieur, où il fut réparti. Ensuite, Allah le faisait descendre sur Son Messager (SAW) progressivement."
Al-Hakim a rapporté via une chaîne de narration indiquée selon Saîd Ibn Joubayr qu'Ibn Abbâs dit : "Le Coran fut séparé du dhikr et fut déposé dans la Maison de la Gloire au ciel inférieur, puis Jibrîl le descendit au fil de la révélation vers le Prophète (SAW) "
Ibn Mardaweih et Al-Bayhaqî ont rapporté d'après Ibn Abbâs qu'il fut interrogé par Atiyyah Ibn Al-Aswad : "Je suis un peu dérouté par la parole du Très Haut (sens des versets): le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu [...]' et Nous l'avons certes, fait descendre pendant la nuit d'Al-Qadr. alors que le Coran fut révélé aussi bien pendant les mois de Shawwâl, Dhoul-Qi`dah, Dhoul-Hijjah, Mouharram, Safar et Rabî ". Ibn Abbâs répondit : "Il est descendu en une fois au cours du mois de Ramadân pendant laylat al-qadr, puis il est descendu par fragments au fil des mois et des jours."
Ces narrations sont authentiques comme le rappelle As-Souyoutî. Bien qu'elles émanent d'Ibn Abbâs (mawqoufah), leur statut est assimilé à celui des narrations marfouah attribuées au Messager d'Allah (SAW).


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