Le mois de ramadhân est une opportunité supérieure pour le musulman qui veut cultiver sa spiritualité. Chaque mercredi du mois de ramadhân, seront proposés en lecture des textes tirés des livres écrits par des personnalités qui font autorité dans le domaine de l'étude de l'Islâm. Il s'agit ici d'informer quelque peu, d'élargir la pensée générale, non de présenter une anthologie de textes définitifs traitant de la religion musulmane. Sérieusement, pour savoir et comprendre, il est clair que seuls les éminents spécialistes et les grands livres touchant à l'histoire de l'Islâm dans son ensemble sont à consulter. La rubrique Le Temps de lire n'entend pouvoir offrir que des repères élémentaires qui, lors de quelques instants inattendus où une question viendrait à l'esprit, incitent à chercher plus avant, plus profondément les éléments essentiels de la théorie religieuse, en général, et de son histoire. Les sources primordiales de l'Islâm sont le Coran (al-Qour'ân), la Sunna (la tradition, les Ahâdîth) et la Sîra (les premières biographies du Prophète [QLSSSL]). Le Coran est la base, la source essentielle, la plus sûre; il est sacré. Il est évident que, quelque soignée qu'elle soit, une traduction du Coran n'égale jamais la claire langue arabe originale de la Révélation coranique. Voici l'Histoire du Coran en quelques lignes et extraite de Introduction à l'étude de l'Islâm par le savant algérien Abderrahmane Ben El-Haffâf (1881-1957). Ce dernier, «pour mieux marquer son impartialité», l'emprunte à Sawas Pacha, «chrétien, d'ailleurs», auteur de Etude sur la théorie du droit musulman. La tradition conservée par les historiens, tous savants et jurisconsultes qui ont vécu dans la dernière période du second et dans la première du troisième siècle de l'Hégire, nous a fait connaître la manière dont le Coran a été transmis aux hommes par Mohammed. Le Prophète des musulmans tombait en extase toutes les fois qu'il était visité par l'ange du Seigneur. [...] Mohammed faisait connaître la volonté de Dieu avec les paroles mêmes dont l'ange s'était servi; ses compagnons les apprenaient par coeur; la conservation dans la mémoire des chapitres du Coran était considérée comme une pratique de haute piété. La conservation littérale de la parole de Dieu a, dans l'Islâm, une grande importance législative. Les compagnons du Prophète faisaient des efforts persévérants pour graver dans leur mémoire les termes exacts et précis des révélations successives qu'il leur communiquait. Ils y apportaient une attention tellement rigoureuse que, plus qu'une fois, après avoir appris un verset, ils allaient le réciter devant le Prophète et lui demandaient s'ils l'avaient exactement retenu. Omar Faroûq, au retour d'une expédition, apprit qu'un verset avait été rendu pendant son absence; il eut soin de l'apprendre par coeur. Il se rendit ensuite auprès du Prophète et le lui récita. Le Prophète lui dit: «Il a été rendu tel quel.» [...] Le Coran a été dicté en entier du vivant du Prophète. On l'écrivait sur des papyrus, sur des os d'épaules de mouton et sur des peaux de chameau; cependant une édition complète n'avait pas été encore entreprise; après la mort de Mohammed, Omar Faroûq en sentit le besoin. Il insista auprès du Calife Aboû-Bekr, successeur immédiat du Prophète et le détermina à entreprendre cette oeuvre. Boukhâri-Chérif, le compilateur le plus autorisé de la tradition musulmane, raconte les faits dans les termes suivants: «[...] Nous avons réuni tous les morceaux de peau de chameau, tous les os d'épaule et tous les papyrus, jusqu'à ce qu'il n'en restât pas hors de nos mains. Nous avons rassemblé tous les hommes dans le coeur desquels le Coran était écrit. [...] C'est-à-dire ceux qui savaient le mieux le Coran, ou qui le savaient entièrement par coeur. [...] Nous sommes arrivés jusqu'à sourât Al-Tawba (IX): Il est absolument vrai qu'il est venu de vous (min enfoussikoum) un Prophète qui est lui-même magnanime et glorifié au plus haut point, très généreux à propos des choses qui peuvent vous causer les peines, très désireux de vous réunir à son culte, très enclin au pardon et très miséricordieux envers les croyants(129).» Nous avons beaucoup cherché ce verset. Enfin, nous l'avons trouvé auprès de Houzeimet-Ibn-Thabet; ainsi le Coran a été complété. Du vivant d'Aboû-Bekr, cet exemplaire est resté entre ses mains; jusqu'à la mort de Omar, il était entre les mains de ce dernier, qui, avant de mourir, le remit à sa fille Hafça, épouse du Prophète. «Toutes les parties du Coran étant contrôlées et reconnues vraies, conclut Cheïkh Ben El-Haffâf, une première copie en fut faite par Zaïd. Omar réunit alors tous les compagnons survivants du Prophète et leur en donna lecture. Cette première copie, toute de la main de Zaïd, fut déposée par la fille d'Omar sur la tombe du Prophète. Elle y resta jusqu'à l'époque où Osmân le troisième Calife, décida d'en tirer des copies.» (*) INTRODUCTION À L'ETUDE DE L'ISLÂM de Cheïkh Abderrahmane Ben El-Haffâf Publications du Haut conseil islamique, Alger, 2003, 182 pages.