La salle El Mougar d'Alger a renoué, samedi après-midi, avec le théâtre français à la faveur de la représentation de « Oye Luna ! » du metteur en scène Richard Demarcy, 68 ans, un sociologue retraité de la Sorbonne qui a défrayé la chronique en France en osant monter au début des années 2000 une pièce sur Fernand Yveton, pied noir qui avait milité pour l'indépendance de l'Algérie et qui était mort guillotiné par l'armée coloniale. La salle El Mougar d'Alger a renoué, samedi après-midi, avec le théâtre français à la faveur de la représentation de « Oye Luna ! » du metteur en scène Richard Demarcy, 68 ans, un sociologue retraité de la Sorbonne qui a défrayé la chronique en France en osant monter au début des années 2000 une pièce sur Fernand Yveton, pied noir qui avait milité pour l'indépendance de l'Algérie et qui était mort guillotiné par l'armée coloniale. S'il n'y avait à vrai dire à peu près qu'une soixantaine de personnes dans la salle, Richard Demarcy ne cachait néanmoins pas sa satisfaction car le petit public venu assister au spectacle avait un très très grand cœur. A la fin de la représentation, les quatre comédiens, le Portugais Antonio Da Silva qui a campé le rôle du premier bossu, le Français Nicolas Le Bosse qui porte bien son nom puisqu'il a campé le rôle du second bossu, l'Angolaise Afonsina Ngau-Domingas (première sorcière) et la Cap-Verdienne Mariana Ramos ont été accueillis par une salve d'applaudissements nourris et même par des youyous. L'assistance s'est mise debout et a applaudi chaleureusement. Pour Richard Demarcy tout heureux de la production de sa troupe «le nombre de spectateurs n'a pas d'importance, ce qui compte c'est la chaleur du public». Oye Luna ! raconte l'histoire de deux bossus, bureaucrates de leur état qui partent en guerre contre la nature par inféodation à la machine paperassière. Oye Luna ! métaphore de la lune et de sa magie opère un renversement des valeurs. Les représentants de la civilisation incarnés par les Européens (les Blancs) que sont Antonio Da Silva et Français Nicolas se voient supplantés par les représentants des anciens peuples primitifs (Noirs) que sont les sorcières africaines et animistes. Il faut dire que la simplicité touche et ne laisse pas indifférent. Même si la pièce ne traite pas du religieux, à proprement parler, il y avait quelque chose de sacré dans l'air. Ce genre de théâtre a été qualifié d'écologique «il faut faire ce qu'on te demande surtout lorsqu'on te veut du bien» lance le 1er bossu à son compère qui a peur pour ainsi dire qu'on lui veuille du bien, lui qui a pris l'habitude de se conformer aux ordres sans se soucier de leur impact sur sa propre santé mentale et physique. «La nuit la forêt aspire l'eau et le jour elle donne l'eau au ciel, la forêt ne dort jamais» entend-on parler la sorcière. Malgré la gravité du sujet traité, la pièce a été ponctuée de sublimes morceaux de musique de la savane africaine et des tours de danse très expressifs qui ont ajouté à la tonalité dramatique. Les costumes et le sexe distribuent du reste les rôles. D'un côté les femmes africaines vêtues d'amples robes qui incarnent la civilisation et en face les hommes européens arborant redingotes et chapeaux, le visage pommadé en blanc, mais incarnent la barbarie. C'était une pièce agréable à voir car exécutée par des comédiens qui maîtrisent leur art. Disons jamais le manichéisme n'a mieux autant servi que dans cette pièce d'Oye Luna !. Aziz Degga, comédien algérien bien connu, en nous livrant ses impressions pense que «ces comédiens ont fait leurs classes dans les cirques tant ils ont la maitrise du mouvement». S'il n'y avait à vrai dire à peu près qu'une soixantaine de personnes dans la salle, Richard Demarcy ne cachait néanmoins pas sa satisfaction car le petit public venu assister au spectacle avait un très très grand cœur. A la fin de la représentation, les quatre comédiens, le Portugais Antonio Da Silva qui a campé le rôle du premier bossu, le Français Nicolas Le Bosse qui porte bien son nom puisqu'il a campé le rôle du second bossu, l'Angolaise Afonsina Ngau-Domingas (première sorcière) et la Cap-Verdienne Mariana Ramos ont été accueillis par une salve d'applaudissements nourris et même par des youyous. L'assistance s'est mise debout et a applaudi chaleureusement. Pour Richard Demarcy tout heureux de la production de sa troupe «le nombre de spectateurs n'a pas d'importance, ce qui compte c'est la chaleur du public». Oye Luna ! raconte l'histoire de deux bossus, bureaucrates de leur état qui partent en guerre contre la nature par inféodation à la machine paperassière. Oye Luna ! métaphore de la lune et de sa magie opère un renversement des valeurs. Les représentants de la civilisation incarnés par les Européens (les Blancs) que sont Antonio Da Silva et Français Nicolas se voient supplantés par les représentants des anciens peuples primitifs (Noirs) que sont les sorcières africaines et animistes. Il faut dire que la simplicité touche et ne laisse pas indifférent. Même si la pièce ne traite pas du religieux, à proprement parler, il y avait quelque chose de sacré dans l'air. Ce genre de théâtre a été qualifié d'écologique «il faut faire ce qu'on te demande surtout lorsqu'on te veut du bien» lance le 1er bossu à son compère qui a peur pour ainsi dire qu'on lui veuille du bien, lui qui a pris l'habitude de se conformer aux ordres sans se soucier de leur impact sur sa propre santé mentale et physique. «La nuit la forêt aspire l'eau et le jour elle donne l'eau au ciel, la forêt ne dort jamais» entend-on parler la sorcière. Malgré la gravité du sujet traité, la pièce a été ponctuée de sublimes morceaux de musique de la savane africaine et des tours de danse très expressifs qui ont ajouté à la tonalité dramatique. Les costumes et le sexe distribuent du reste les rôles. D'un côté les femmes africaines vêtues d'amples robes qui incarnent la civilisation et en face les hommes européens arborant redingotes et chapeaux, le visage pommadé en blanc, mais incarnent la barbarie. C'était une pièce agréable à voir car exécutée par des comédiens qui maîtrisent leur art. Disons jamais le manichéisme n'a mieux autant servi que dans cette pièce d'Oye Luna !. Aziz Degga, comédien algérien bien connu, en nous livrant ses impressions pense que «ces comédiens ont fait leurs classes dans les cirques tant ils ont la maitrise du mouvement».